Énorme surprise :
Wasteland, nouvel album d’Uncle Acid and the Deadbeats, est… bon.
Sans doute que cela ne sera qu’une petite nouvelle pour la plupart d’entre vous, mais après avoir été extrêmement déçu par la suite de
Blood Lust,
The Night Creeper ayant sonné comme un contrat de divorce entre la formation et moi, la rencontre avec ces Anglais de nouveaux inspirés a été un plaisir clairement inattendu de mon côté ! Dès « I See Through You », la table rase est de mise : arrêtant les bêtises mégalomanes façon Ghost (retour à un nom d’origine se réappropriant le Deadbeats autrefois donné à ses fans, n’est-ce pas), la bande à Kevin Starrs renoue avec l’insolence sans chichis qui a fait son succès. Ambiance horrifique, claviers ouvrant le bal comme un jingle de boîte de production de films d’horreur de la fin des sixties, voix dévitalisée et caressante, riffs granuleux et entêtants, démoulés frais d’une époque au satanisme enjôleur… Ce morceau donne à croire que l’on tient ici un retour direct à ce qui a fait le succès de
Blood Lust. Une impression qui se répète lors de nombreux moments, des titres comme « Blood Runner » (aussi classe et sauvage que son intitulé le laisse penser) ou encore « Stranger Tonight » renvoyant directement aux débuts surannés et tueurs de la troupe. Mieux que des faces B ou des redites, ces compositions auraient très bien pu se retrouver sur la petite bombe de 2011 sans la ternir. Une vraie résurrection !
A ceci près que les choses ne sont pas aussi simples avec
Wasteland, qui ne se contente pas de réussir là où
The Night Creeper a échoué, n’essayant pas seulement de rallumer la flamme passée mais s'en servant comme base pour brûler dans une autre direction. Plus qu’un
Blood Lust-bis,
Wasteland est un album à part entière, avec son déroulé bien à lui, entre instants tubesques et sorties de route ne gênant pas la fluidité de l’ensemble. Autrement dit, Uncle Acid a réussi ici ce qu’il visait sur
Mind Control : offrir une diversité d’atmosphères au sein d’un même disque sans donner la sensation de divaguer abusivement, une générosité qui rappelle également une certaine époque musicale où l’expérimentation était la meilleure voie vers la liberté. J’en veux pour preuve ce « Bedouin » et sa pop psychédélique exaltée et entêtante (un des meilleurs morceaux du projet, tout simplement) mais aussi la folk acidulée et nostalgique du morceau éponyme. Tonton acide ose tout ce qu’il peut se permettre dans son créneau daté, jusqu’à un « Exodus » quittant définitivement les bas-fonds londoniens pour rêver d’ailleurs, le mirage des claviers de Caravan comme moyen de transport.
Pourtant, si le bonheur de retrouver Uncle Acid tel que je l’escomptais après
Blood Lust est là et bien là,
Wasteland possède malheureusement son lot de baisses obligeant à nuancer le dithyrambe que j'ai envie de lui dédier, à commencer par quelques longueurs à la limite de l’handicapant (la trop répétitive « No Return »). Il n’empêche que les déçus de la formation feraient bien de laisser une chance à cette terre en friche. Surtout que, pour être honnête, son plus gros défaut n’est pas de son fait : sortir à peu près en même temps qu’un autre disque jouant de codes similaires mais se montrant plus insolent encore, plus batailleur et étincelant,
quelle déveine !
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