Uncle Acid And The Deadbeats - Mind Control
Chronique
Uncle Acid And The Deadbeats Mind Control
Cette formule-type est sans doute un peu bête à lire mais Mind Control est l’album d’après pour Uncle Acid. Pour ses amateurs, dont la majorité provient de l’écoute de Blood Lust, mais surtout pour le groupe lui-même qui paraît s’empêtrer en offrant une suite à son deuxième longue-durée déjà culte (ne serait-ce que pour les rééditions multiples qu’il a entrainées après sa sortie). Le concernant, on ne peut pas parler seulement d’engouement : c’est une véritable folie qu’a créé le prédécesseur de l’essai nous intéressant aujourd’hui, plaçant les Anglais comme fer de lance de la scène rétro.
Et même s’il est impossible de savoir ce qui a traversé l’esprit de la troupe de Cambridge durant la composition de son nouvel album, c’est un rôle qu’Uncle Acid semble avoir du mal à assumer. Modification de son nom (les Deadbeats sont désormais les fans de la formation), esthétique toujours inscrite dans les sixties/seventies mais abandonnant les références horrifiques d’autrefois, morceaux oscillant entre rappels à Blood Lust (« Poison Apple », parfaite dans son rôle de single) et recherches rapidement entérinées… Tonton acide donne l’impression d’être en pleine crise existentielle, optant pour un renouveau n’arrivant pas à se décider sur ce qu’il doit garder et inventer au risque de n’avoir aucun rythme, aucun fil rouge, et perdre l’auditeur dans ses changements de ton.
Ces neuf titres n’ont pourtant rien de véritablement décevant. La petite claque infligée à Ghost qu’est « Devil's Work », la triste « Desert Ceremony » et ses envolées caressantes ou encore « Mind Crawler » et son riff répétitif, sa transe, pourraient d’ailleurs être d’excellentes pièces de fondations pour d’autres albums. C’est sans compter sur l’incohérence de l’ensemble qui finit par ternir ses parties, Uncle Acid devenant hésitant à être aussi varié, indécis dans ses choix d’ambiance entre franche rigolade et déprime, sérieux et grotesque. Le décalage le plus flagrant se situe sans doute vers la fin de ces cinquante minutes, « Death Valley Blues » et « Follow the Leader » amorçant une démarche plus atmosphérique après le proto-heavy metal de « Evil Love ». Cette direction vers des ballades vénéneuses, où se retrouve un peu du vampirisme de Blood Lust (souvenez-vous du titre acoustique clôturant l’essai de 2011 des Anglais), aurait mérité de se déployer sur un longue-durée à part tant elle montre une évolution intéressante vers des contrées à la fois plus psychédéliques et mélancoliques. L’expérience telle qu’exécutée sur Mind Control devient le détour de trop d’un disque énervant à force de ne pas savoir où se poser, malgré des qualités évidentes.
Car sans son caractère incertain, Mind Control aurait pu être une nouvelle œuvre majeure pour Uncle Acid. Une grande part de ce qui a fait le succès de Blood Lust est de nouveau présente, à commencer par la voix nasillarde de K.R. Starrs, toujours aussi iconique avec son charisme de drogué n’ayant plus vu le soleil depuis longtemps, ainsi que ce grain, cette production issue de la période analogique mais sachant garder l’impact des riffs qu’elle habille. Seulement, l’oubli d’offrir autre chose qu’une compilation, de même que certaines baisses (le final doom et scolaire de « Mt. Abraxas » ; la geignarde « Valley of the Dolls »), laissent un goût d’inachevé trop prononcé après l’écoute.
Mind Control se place tellement à cheval qu’il laisse désarçonné. Sans donner envie de tirer un trait définitif sur le groupe, il appelle plutôt à retourner vers Blood Lust en attendant ce vers quoi son créateur se tournera par la suite, les idées jetées ici méritant chacune des développements plus poussés. Un joli brouillon. Un album moyen.
| lkea 1 Septembre 2013 - 2457 lectures |
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