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Ahasver - Causa Sui

Chronique

Ahasver Causa Sui
En France comme finalement partout ailleurs, il y a une adhérence forte, même si elle est purement fantasmée, entre le style musical, l’état d’esprit et la ville. Bordeaux traîne son lourd héritage de « ville rock » intello voire snobinarde, Mulhouse a fait office de plaque tournante du thrash death, la région bretonne aime bien le punk et Toulouse conserve son image de branleurs talentueux, de mecs à la cool, d’éternels étudiants festifs dont PSYKUP reste le meilleur représentant actuel. Je mets volontairement de côté EMPALOT car si le nom est bien celui d’un quartier toulousain, la formation, elle, est originaire des Landes (coucou les frangins Duplantier, c’est quand vous voulez pour ré activer ce super projet !).

C’est donc de cette ville que nous vient AHASVER et si la formation n’existe que depuis 2022, ses membres sont loin d’être de jeunes pousses. Et pour cause, on y retrouve Julien Deyres, plus connu pour son poste de chanteur au sein de GOROD ainsi que Théophile Astorga et Mickaël André, tous trois passés dans les rangs du génialissime ZUBROWSKA. Si vous ne connaissez pas ce dernier, foncez au moins vous repaître de « One on Six » car, en matière de death metal technique, un poil core et hautement radical, ça se posait plus que là.

On l’a donc tous pigé, il y a du beau linge au sein d’AHASVER. Reste maintenant à savoir si « Causa Sui », premier LP après les deux singles « Dust » puis « Peace » (que l’on retrouve évidemment sur l’album), sera à la hauteur des espoirs que l’on place en lui.

Déjà, visuellement, c’est beau. La pochette reprend avec un plan plus large la photo qui ornait « Dust », c’est sobre, artistique, dépouillé, intriguant, énigmatique, ça ne laisse présupposer en rien du contenu même si l’on sait que l’on ne va pas se faire dégommer les esgourdes par des avalanches de riffs techniques, le disque étant étiqueté « progressive groove sludge metal ». Bon, le sludge, je ne l’ai pas trop entendu au fil des huit compositions mais le groove, putain de oui ! Côté minimalisme, on peut aussi se poser quelques secondes sur les titres : un seul mot. C’est bien, même les burnes en anglais comme moi peuvent les prononcer sans trop se tromper, cela contribue bien à l’aspect épuré des choses, le tout forme un ensemble cohérent.

Quelque part, AHASVER réussit un mix parfait entre THE DEFACED (le bon, celui de « Domination Commence », pas le poussif d’« Anomaly ») et MUDVAYNE. J’en vois déjà parmi vous lever les yeux au ciel, se disant que c’est encore un énième putain de groupe de néo metal (à la con, je le précise) mais ceux qui pensent cela n’ont peut-être pas écouté « L.D. 50 » et encore moins « Causa Sui ».

Ok, il faut aimer les trucs groovy, les refrains en voix claire mais, nom d’une pipe que ce truc est épais ! Puissant ! Balèze même s’écrierait Cartman. Et le pire, c’est que ce n’est pas balèze grâce à une production gonflée aux hormones de croissance, des guitares accordées graves et des tonnes de superpositions de pistes, tout est uniquement redevable au « touché » des musiciens, à leur sens du placement, du break machiavélique, de l’uppercut. C’est sûr, ils savent alterner les climats menaçants, la punition brutale puis la caresse apaisante, le chant étant à ce titre l’un des gros atouts de l’album : tantôt ample et hurlé, tantôt mélodique tel un Chad Gray, voire un Maynard James Keenan, même si je modère de moi-même mon enthousiasme quant à cette dernière référence. Il ne faut pas non plus exagérer, personne ne chante comme Maynard James Keenan.

Au-delà des aspects groove, il ne faut pas perdre de vue qu’AHASVER est surtout capable de botter pas mal de culs et que lorsque ça part en accélération, on est sur de la radicalité pure et dure, « Causa Sui » restant ainsi prenant du début à la fin. Avec un tel premier album, j’espère sincèrement que cette réunion sera bien plus qu’un simple feu de paille et que les membres trouveront suffisamment de temps pour engendrer une suite ou réaliser quelques concerts. Sans cela, la frustration serait grande.

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Ahasver
Groove Sludge Metal
2022 - Lifeforce Records
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs :   -
Webzines : (4)  8.13/10

plus d'infos sur
Ahasver
Ahasver
Groove Sludge Metal - 2022 - France
  

formats
tracklist
01.   Fierce  (04:46)
02.   Peace  (04:12)
03.   Dust  (04:44)
04.   Tales  (03:32)
05.   Wrath  (03:32)
06.   Path  (06:05)
07.   Sand  (05:31)
08.   Kings  (09:09)

Durée : 41:31

parution
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