Elder - Lore
Chronique
Elder Lore
Si vous vous intéressez à la scène stoner ne serait-ce que de loin, impossible que le nom de Elder vous soit totalement inconnu. Ce groupe fondé en 2006 (les membres ayant alors une moyenne d'âge de 17-18 ans) a vite connu un succès retentissant au sein de la scène stoner grâce à Internet, une signature précoce sur le légendaire label Meteor City ainsi que des œuvres tapant juste chez les fans de Sleep et Colour Haze. Le prédécesseur de Lore, Dead Roots Stirring, avait fini par faire des Bostoniens cette formation incontournable paraissant impossible à détester, tant elle compile à la fois une virtuosité et un feeling rares.
Et pourtant, je ne suis pas sûr des raisons de mon intérêt pour Elder. Son inscription dans la catégorie du stoner préférant pratiquer quotidiennement ses gammes que fumer, boire ou baiser (choses obligatoires quand on prétend faire du rock) a tout pour me déplaire. Normalement trop joli, travaillé et progressif pour mes oreilles, Lore a tout de même fini par m'avoir comme son grand frère, l’étonnement prenant Dead Roots Stirring. Peut-être parce que la troupe menée par Nick DiSalvo donne l'impression de se situer avant toutes ces expériences d'Easy Rider : juvénile, elle l'est assurément dans ses compositions ne savant jamais s'arrêter, trop heureuse de jouer du rock, épatée par ses propres mélodies, comme découvrant à chaque riff son potentiel devant nous, les répétant pour en être bien sûr. Un plaisir naïf, généreux et chaleureux faisant vite oublier le caractère un peu trop purement intellectuel de ses montées et descentes pour devenir sensation pure.
Une impression de liberté qui rapproche Elder d'un groupe comme Taint, auteur de The Ruin of Nová Roma. En effet, malgré des rappels insolents au rock canal historique (tout le monde aura remarqué le clin d’œil à « Immigrant Song » de Led Zeppelin au début de « Compendium »), les Ricains s'inscrivent clairement dans ce renouveau mélangeant ce qui s'est fait de mieux, sans nostalgie ou attachement outrancier au vintage, simplement dans le but de prendre son pied en mimant mélodies, pas de danse effectués au ralenti et exercices de headbang lors de certaines accélérations empêchant de trop se perdre dans les nombreux embranchements qu'aime emprunter un titre comme « Spirit at Aphelion ». Le chant clair de Nick DiSalvo, une nouvelle fois utilisé avec parcimonie (trop à mon goût, tant ses apparitions sont convaincantes), ne fait pas dire autre chose : le trio marque car, bien qu'il utilise des formats ambitieux, il paraît toujours se présenter avec une modestie, une simplicité se situant en filigrane. Excessif mais sans prétention, il ne se veut jamais au-dessus de son intention d'écrire de bons morceaux, là où d'autres empilent les idées sauf une : celle d'emporter.
Tout cela, Elder le transmet parfaitement lors des meilleurs instants de Lore. Cela n'empêche pas l'essai d'être globalement moins impressionnant que Dead Roots Stirring, ce dernier allant plus loin dans cette générosité touche-à-tout qui va voir parfois du côté du doom et post-hardcore nineties, désormais aux abonnés absents. Si l'ensemble nous intéressant aujourd'hui est plus cohérent (monolithique presque, tant la multitude de riffs donne le tournis comme un seul bloc), il est aussi moins aventureux, capitalisant sur des rappels et variations ne faisant pas toujours mouches. Ce qui fait trop souvent quitter le monde merveilleux des traditions dans lequel les ironiquement nommés « ainés » veulent nous plonger, sans pour autant donner envie d'arrêter l'expérience avant son terme. Il y a quelques moments de bravoure ici, seulement, ils sont gênés par d'autres passant sans se faire remarquer. Si Dead Roots Stirring s'étalait de tout son long avec aisance, Lore, malgré son naturel, est plus inconstant.
Cependant, les amateurs de stoner mélodieux, à la fois traditionnel et moderne, n'auront pas tort d'écouter Lore, tant Elder réussit à donner à ses objectifs barbants sur la papier et références canoniques une saveur de friandise croquée l'esprit vague mais à la fête. Malgré ses titres à rallonge, ses structures sans doutes écrites et répétées maintes fois avant d'aller au studio, ce troisième longue-durée continue de tant casser les barrières pour gagner en espace qu'il fait croire qu'il se déroule sans réflexions préliminaires, dans une magie immédiate. Et franchement, cela vaut bien de passer outre ses quelques défauts.
| lkea 15 Juin 2015 - 1466 lectures |
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