Arrivé tel un cheveu sur la soupe,
Liminality / Dream State Return n’a évidemment pas manqué de mettre en joie tous les amateurs d’Elder qui à l’exception d’un album live paru l’année dernière sur Stickman Records (
Live At BBC Maida Vale Studios) s’est montré relativement discret depuis la sortie de l’excellent
Innate Passage en novembre 2022. Certes, ce retour aux affaires est effectivement de courte durée (deux titres pour un petit peu plus de dix-huit minutes) mais sachant que ce projet n’était à l’origine pas vraiment sensé voir le jour, on ne peut finalement que se réjouir de le voir aujourd’hui rendu public.
En effet, comme le précise lui-même Elder sur Bandcamp, les deux titres que sont "Liminality" et "Dream State Return" sont en fait issus de pistes de travail réalisées entre les albums
Omen et
Innate Passage. Des pistes remisées puis laissées de côté sur lesquelles les Américains ont néanmoins choisi de revenir afin de remettre un pied à l’étrier après une année sabbatique dispensée de toutes pressions liées à un quelconque processus créatif. De fil en aiguille et de jams en sessions, ces petits bouts de morceaux disparates ont fini par s’étoffer au point de devenir deux compositions à part entière qu’il aurait effectivement été criminel de ne pas sortir sur disque.
Soucieux de bien faire et avec l’appui indéfectible des Allemands de Stickman Records, Elder a ainsi offert fin septembre à ses auditeurs une édition vinyle des plus chouettes et donc tout à fait indispensable. Une édition relativement limitée (je n’ai pas le nombre d’exemplaires en tête mais si vous comptiez en faire l’acquisition sachez que celle-ci est déjà sold out un petit peu partout) proposée sous la forme d’un vinyle 12’’ à la face B gravée. Certes, le vinyle dans sa couleur verte translucide est plutôt joli et la gravure un petit plus toujours sympathique lorsque l’on a l’objet en main mais ce que l’on retiendra surtout de cette édition est cette superbe illustration signée Adam Hill aka Velcrosuit. Une réalisation qui forcément fait grandement écho à ces albums de Rock Progressif des années 70 et notamment à ceux de Yes illustrés par l’inimitable Dean Roger qui en son temps et probablement encore aujourd’hui continue d’en faire voyager plus d’un grâce à ses œuvres colorées, merveilleuses et oniriques.
Bien que ces deux titres soient issus d’idées reléguées un temps aux oubliettes, ils n’en constituent pas pour autant ce que l’on qualifie généralement et avec un brin de mépris de simple face B tout juste capable de séduire seulement les fans invétérés de la formation. Non, croyez-moi, même si vous avez probablement déjà jeté un coup d’œil à la note qui accompagne cette chronique,
Liminality / Dream State Return n’est pas le genre de EP sur lequel il convient de faire l’impasse. Absolument pas.
Perché à plus de treize minutes, "Liminality" s’inscrit dans la continuité des précédents travaux d’Elder et notamment d’
Innate Passage dont il a conservé l’efficacité et le flow naturel qui faisaient quelque peu défaut au pourtant sympathique
Omens. Quelque part entre Stoner Rock, Progressive Rock et Psychedelic Rock, le groupe américain nous régale une fois de plus par son sens inné de la composition. Une fluidité de mouvements qui donne à ces treize minutes l’impression de s’écouler en un simple claquement de doigt. Une succession d’idées agencées avec brio pour un titre cohérent, naturellement en perpétuelle progression et débordant d’un feeling et d’une liberté toujours aussi rafraîchissants pour peu que l’on y soit évidemment sensible (pour cela il faut par exemple ne pas être particulièrement réfractaire aux longues séquences instrumentales). Enfin longtemps pointé du doigt comme étant le seul point faible d’Elder, le chant de Nick Salvo est à l’image de ce titre : aérien, libre, subtil et plus varié qu’il n’y paraît.
Plus modeste avec ses cinq minutes et vingt-neuf secondes, "Dream State Return" semble prendre la suite directe de "Liminality" tant la mélodie qui se joue dès les premiers instants semble effectivement grandement inspirée (mais pas copiée / collée) par celle du titre précédent. Elder ayant décidé d’en faire une composition purement instrumentale, l’accent est mis ici sur tous ces claviers et autres synthétiseurs qui vont effectivement prendre le pas sur les autres instruments (au moins jusqu’à 3:14 et ce court break tout synthétique) et ainsi reléguer au second plan le caractère redondant d’une section rythmique particulièrement hypnotique. D’ailleurs passé ce break et l’intrusion très brève d’une guitare abrasive et métallique, les claviers vont rapidement reprendre le dessus pour un final psychédélique et original des plus réussis.
Inattendu et visuellement très réussi,
Liminality / Dream State Return s’impose malgré son format court comme un indispensable dans la discographie d’Elder. Effectivement, ces dix-huit minutes pourront s’avérer quelque peu frustrantes mais on préférera bien évidement retenir la qualité de ces deux compositions différentes et pourtant complémentaires desquelles émane une fois de plus une grande maîtrise des codes propres aussi bien au Stoner Rock qu’au Rock Progressif école Pink Floyd, Rush, Yes, Camel et compagnie... Bref, un joli et savoureux petit bonbon.
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