Tout le monde ne sera peut-être pas d’accord avec cette affirmation – encore qu’il est possible que je sois le seul sur Terre à être actuellement obnubilé par Ice Dragon, voire à l’écouter – mais 2012 aura été une année faste pour le trio. Par sa productivité (bien que le drone
greyblackfalconhawk aurait pu être évité) et, surtout, par sa qualité.
Tome of the Future Ancients avait montré la face la plus doom et extrême du projet ; il est temps de laisser parler son autre visage, celui qui regarde vers les lointaines sixties, des rêveries plein la tête. Certes, tout cela ne se relève pas aussi schématique que présenté, le doom metal continuant d’être présent. Mais celui-ci est désormais joué comme une extension naturelle du rock – tel qu’il est à sa racine. « Maximum Trip » et « Beard of Thieves » renvoient ainsi au Black Sabbath des premières heures ou à la pop jouée la rage au cœur, allant jusqu’à évoquer les grandes heures du Maryland (il y a du Earthride sur « More Than I Can Say For You »). L’envie de chevaucher tranquillement vers les airs est cependant majoritaire, s’élevant au rythme des guitares acoustiques de « Dreamliner », appuyée par cette voix toujours aussi plaintive semblant appeler la magie de ses vœux (les frissons de la ligne de chant « Here we dwell / In the tortoise shell / Dreamliner / Yeah »). Ice Dragon, cet empoté si charmant, caresse du bout des doigts avec attention sur
Dream Dragon, s’agrippe parfois (la montée de « Stumble Onto Magic »), dompte ses démons pour devenir un sorcier aérien, chevauchant le dragon plutôt que le chassant.
Exit donc les rappels à la drogue et ses fanatiques, Ice Dragon va à la source du bonheur sur
Dream Dragon. Son psychédélisme est celui des grands espaces mentaux, parfois inquiétants (« I Know You’re in Here », point faible du disque), une certaine mélancolie pointant le bout de ses yeux tristes, comme si cet amour – seul sentiment constant au sein de cette discographie – contenait déjà sa propre fin. Le songe ne durera pas : autant s’y plonger avec ferveur, notamment au travers des magnifiques « Dragon’s Dream », de la nuit où se faire des promesses à soi-même de « For Once in My Life ». L’ensemble se vit comme une narration dans les nuages, rarement ennuyeuse, toujours avec un certain étonnement enchanté (la flûte de « Unter den Gnomen » par exemple), jusqu’à un doublet final qui se délite, s’apprêtant à s’éveiller les paupières et l’atmosphère lourdes. Après des essais marqués par l’errance, tantôt nonchalante, tantôt maladroite, le trio paraît arriver au bout du chemin sur ces cinquante-quatre minutes.
Et ce sera logiquement ici que se terminera cette retranscription de l’obsession que j’ai pu avoir pour Ice Dragon – par un album qui n’a quasiment rien de metal et tout du plaisir franc, point final bienheureux qui donne envie d’oublier qu’une suite existe. Malgré tout, d’autres albums méritent d’être discutés –
Born a Heavy Morning ou
A Beacon on the Barrow par exemple –, que ce soit pour leur qualité ou ce que les Ricains laissent transparaître de particulier. Cela sera peut-être fait à l’occasion d’une nouvelle envie de n’écouter que cette formation, ni marquante pour la scène, ni qualitativement particulièrement notable. Il y a des amours qui ne s’expliquent pas mais se ressentent – il n’y a même que cela. Et Ice Dragon en aura été une preuve parmi d’autres pour moi ces derniers temps. À la prochaine, petit dragon.
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