Comme écrit dans ma chronique de
The Burl, the Earth, the Aether, Ice Dragon est – était ? Le groupe donne quelques signes timides de vie dernièrement mais sans commune mesure avec la profusion qui a marqué ses huit premières années d’activités – un groupe inconstant. Cela est particulièrement criant sur
The Sorrowful Sun, album qui a pourtant ouvert ma récente nouvelle obsession pour les Ricains en raison d’un titre qui allait bien avec la canicule subie depuis quelques jours.
Il y avait également le souvenir d’un doom vintage et psychédélique, parfait pour accompagner la mollesse induite par des journées de chaleur intense, la nuit se rafraichissant à peine, le corps appelant au repos sans y parvenir. La lenteur et l’aveuglement ressentis vont effectivement bien avec cette musique, ce doom à la limite du proto, explosant sur le génial « Flowers » et son groove au départ enjôleur avant de partir dans des contrées angoissantes, la répétition touchant du doigt le drone par cette production granuleuse et rêche, sans aucun effet de joliesse. Là est le meilleur de Ice Dragon, dans ce feeling volontairement rétrograde mais joué avec le regard du présent, ajoutant ici ou là une touche non pas moderne (un gros mot) mais ayant effectué un tri savant avant de se jeter dans l’exercice aux allures d’improvisation. On ne sort pas sans un minimum de travail et de talent un brûlot quasi-pop comme « Mistress Death », aussi simple que direct, où le déjà-entendu devient essence. Ron y est encore plus à l’intersection d’Ozzy et Wino, plaintif et vindicatif à la fois.
Il y a d’autres joyaux sur
The Sorrowful Sun, méritant sa première pochette ésotérique par l’alchimie qu’il développe sur certains titres. Plus court que ce qui l’entoure – moitié moins de temps de jeu que
Tome of the Future Ancients ! –, il va sans détour au cœur de ce qui animait alors Ice Dragon : un doom austère dans ses effets mais généreux en lui-même, vénérant le riff, adulant la contemplation vécue rongé de l’intérieur.
…Seulement, d’autres envies guident également le trio, encore plus anciennes que celles déjà évoquées. Elles apparaissent à l’état d’embryon au travers de morceaux acoustiques doucereux, répétitifs, approximatifs comme des bouts d’idées non réalisées. Là est le souci principal de l’ensemble, pas incohérent dans ses sauts temporels vers un rock psychédélique où le metal s’éloigne (bien que toujours présent sur « Interspecies Communication » par exemple) mais peu réfléchi sur la réussite de ses jams (la douche froide « Light Years » après « Mistress Death »). Ice Dragon essaye tout, dit tout ce qu’il a à dire sur une période sans distinction, pour le meilleur quand tout fonctionne… et le moyen, diamant brut qui aurait mérité un travail de découpe (« White Tusks », virage noir qui manque de matière pour convaincre).
Inutile de dire où je situe
The Sorrowful Sun au regard de la note de cette chronique. Pour autant, n’importe qui piqué par les grandes œuvres de Ice Dragon se tournera vers lui sans honte, retrouvant ce doom particulier, à la fois traditionnel et « autre » dans son esthétique raw (cette batterie préhistorique, révoltante pour les uns et incroyable de charme pour d’autres), ses quelques appropriations personnelles et marquantes sans chercher à l’être (« Poseidon’s Grasp » et ses guitares à la dérive par exemple). Un album qui laisse une impression d’entre-deux car il est bien là où il se situe :
Tome of the Future Ancients et
Dream Dragon en feront la preuve un an plus tard, tranchant net cette question de quel bord choisir.
Artwork de la réédition par PRC Music
Par Jean-Clint
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