Mindkult - Lucifer's Dream
Chronique
Mindkult Lucifer's Dream
Shoegaze, shoegaze... Alors il suffit de mettre une voix fluette et quelques effets ici ou là pour se réclamer de My Bloody Valentine et consorts ? Comme si le lent et lourd n'avait pas sa part de brume à lui... Mindkult se dit shoegaze dans son doom et, honnêtement, j'ai du mal à y croire.
Ce détail mis de côté, il est clair que ce one-man-band (Fowst s'occupe de tout ici) possède plus d'un atout. Tout à fait à sa place dans le roster de Transcending Obscurity, ce label qui fleure l'amour de la scène, Lucifer's Dream transpire la même fraîcheur naïve, au point de passer ses quelques errances. Choisissant de ne pas choisir dans ses rappels aux vampires de Uncle Acid (on pense beaucoup à Bloodlust lors de « Drink My Blood » par exemple), à la flemme estampillée Electric Wizard, au doom atmosphérique et canal historique, le Ricain mélange sans grand discernement ses passions pour le genre, puisant autant dans l'occulte que dans les mélodies bluesy à la limite du radiophonique (la très pop « Nightmares »).
Et tant mieux. Car Mindkult éteint l'envie de se moquer lors de l'écoute de Lucifer's Dream, grâce à une sincérité rendant mesquine toute intention de le dégommer. Certes, on est loin du chef d’œuvre, mais les quelques étincelles qu'il allume sur son passage en font un bon album marqué par un plaisir se permettant, presque par hasard, d'être assez rare et particulier pour que le besoin d'y revenir régulièrement se fasse sentir. Oui, vous connaissez déjà ce que contient cet album. Non, cela ne veut pas dire que vous pouvez passer outre sans remords, tant Mindkult donne à ses compositions des largesses qui ne se rencontrent pas si souvent que ça. Entendez ces leads interminables baigner dans le bonheur, ce chant diaphane et caressant, entre le déjà-mort et le réveil sans stress un dimanche matin, ce son délicieusement grésillant... « On n'est pas bien là » ?
On est bien, endolori et papillonnant, comme dans les essais les plus généreux de Ice Dragon. Pris dans un tombeau cotonneux, sans mauvaise humeur, sans grognement, où le seul mal-être se trouve dans un attrait pour la chaleur qui ne se laisse pas contenter, coincés que nous sommes dans la poussière de notre crypte. En effet, derrière sa pochette nécro (signée Misanthropic Art), Lucifer's Dream crève de ne pas voir le soleil, cherche à être lumineux avec son corps dévitalisé, le faisant imaginer comme un Andrew Eldritch nous expliquant pourquoi il porte des lunettes noires dans l'obscurité. De quoi, encore une fois, ne pas narguer les rappels aux musiques gothiques que semble avoir voulu mettre ici son auteur.
Sur le papier peu affriolant, Lucifer's Dream s'avère si content d'exister qu'il devient un petit disque précieux, clairement bourré de défauts (le plus flagrant est « Infernals », en-dessous du reste), mais dont le charme finit par opérer. Fowst croit en son bébé, communiquant sans cesse sur ce dernier, et on comprend pourquoi : bien que dans l'air du temps, bien que trop timide, il se révèle assez accrocheur, enveloppant, d'une maladresse touchante, pour rendre heureux de tailler un bout de route en sa compagnie.
Aller, excuse acceptée pour le shoegaze (pour le gothique par contre, il va falloir qu'on parle). En plus, je crois que je commence à être d'accord, alors...
| lkea 17 Septembre 2017 - 614 lectures |
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