Queens Of The Stone Age - Songs For The Deaf
Chronique
Queens Of The Stone Age Songs For The Deaf
Il faut l'avouer, on aura difficilement fait plus culte en terme de Rock des années 2000. Bon, si, en allant lorgner du côté des anglais de Franz Ferdinand, d'Arctic Monkeys ou même des New-yorkais de The Strokes on pourrait sûrement trouver un album avec un aspect fédérateur quasi-similaire. Mais quand même, bordel, « Songs for the deaf » n'est pas n'importe quel disque. Il suffit de parcourir la vaste sphère du Web et d'y lire quelques témoignages. Que ce soit sur les forums où l'on m'a toujours décrit ce disque comme « formidable » ou chez les critiques spécialisées (« Songs for the Deaf est un nouveau genre, aussi dur que le titane, semblable à une démolition. Ce n'est pas le heavy metal de votre père. C'est mieux. » dixit Splendid...). On aura tous remués nos petites fesses, qu'elles soient potelées ou musclées sur « No One Knows », on connaît tous le riff de « Go With The Flow ». Tels sont les albums mythiques, ils ont marqués tout le monde indépendamment du fait que vous aimiez ou non le groupe qui est derrière ces titres. En quelque sorte, le moment ou la musique de Josh Homme a dépassé Josh Homme est arrivé un beau jour de 2002 ou le monde a pour la première fois découvert cette pochette rouge qui allait devenir une des pochettes les plus emblématiques de la première décennie de l'an deux-mille.
Faire une chronique de « Songs for the deaf » équivaut à dire ce qui a déjà été dit mille fois ailleurs. Tant dans son fil conducteur que dans sa cohorte d'intervenants, le disque semble parfaitement abouti, étudié et monstrueux. Une usine de production massive qui bourrera dans le mou de quiconque osera s'interposer face au monolithes de riffs assassins. Tant dans les imposants vérins hydrauliques que dans le plus petit roulement à bille, l'intégralité de l'opus est huilé jusqu'à la fluidité la plus parfaite. Cet aspect ronflant se ressent dans tout les titres mais s'il fallait en citer un, alors je choisirais « A Song for the Dead » parce qu'il représente parfaitement les images que je mentionnais ci-dessus. Cet immense trip désertique sensé nous amener de Los Angeles à Joshua Tree dans une grosse voiture rutilante pourrait sembler ne présenter aucune surprise. Des parties calées au millimètre, des fils conducteurs apparents (les fameux extraits de radio américaines...), des riffs tubesques en veux-tu en voilà. Mais le pire c'est que non : Queens of the stone age sait varier ses parties et proposer un disque encore une fois riche en surprises qu'elles soient liées aux changements d'ambiance (« The sky is falling », mêlant versant pop, riffing parfois grunge, finesses rythmiques et ambiance plus intime...) ou à la variété du son (même si personne n'en doutait, je précise quand même que la production est parfaitement maîtrisée de A à Z).
Le stoner est souvent réputé comme une musique de voyage, permettant de s'évader. Et même si Josh Homme a toujours refusé de s'affilier à ce sous-genre du rock, c'est par cet aspect voyageur qu'il touche de plus près le genre. Kyuss posait déjà en son temps cette impression de traverser le désert en voiture. On pourrait alors dire que ce disque propose le même voyage, en l'axant sur les sentiments éprouvés par l'homme qui conduit. Là ou les vastes paysages étaient l'esprit de « Welcome to Sky Valley », ils sont cette fois la toile de fond de l'imagination et des pensées humaines. Ces chansons pour les sourds sont liées entre elles comme parfois, nous remontons nos conversations jusqu'au point de départ. Avoir un coup de sang passager (« Six Shooter »), contempler et réfléchir (« Hangin' Tree »), prendre du plaisir à rouler plein gaz et à se sentir libre (« You think I Ain't Worth a Dollar, but I Feel Like a millionnaire ») : il n'y a pas a tergiverser, nous vivons ces instants avec le groupe. C'est la force picturale qui fait à mon sens de « Songs for the Deaf » un disque aussi culte.
Mais sans aller dans les images voulues par le groupe, nous pourrons toujours imaginer combien d'adolescents se sont embrassés sur « Go With The Flow », combien de cris poussés sur « Do It Again », combien de personnes se sont endormies sur « First It Giveth », combien de papiers à cigarettes roulés sur « God is in the Radio », combien de larmes auront coulées sur « Gonna Leave You » et ce jusqu'à l'infini. Les chansons pour les sourds auront sonnées dans de nombreuses têtes visiblement pas si bouchées qu'on voudrait nous le faire croire. Et si le spermatozoïde sur la pochette s'infiltrait dans un cerveau, à coup sûr il le féconderait sans aucun problème. Autant de notes donc, qui resteront en têtes au fur et à mesure des écoutes telles des cellules se reproduisant. Les crescendos, les silences, les bruits font d'ailleurs autant partie du disque que la musique, tant ils dynamisent l'ensemble comme des particules élémentaires liant entre elles les différentes orientations musicale assemblées dans les compositions. N'en rajoutons pas plus, puisque finalement, « Songs for the Deaf » parle de lui-même, sans compter cette classe intégrale qui lui permet aisément de lâcher des caisses de Swag par avion.
A cela, j'ai simplement envie de dire merci : pour les regards discrets échangés, pour les éclats de rires, pour les sacrilèges sociaux, pour les fêtes endiablées, pour les souvenirs nostalgiques, pour les caresses échangées, pour les glandes lacrymales humidifiées et surtout pour les hymnes dont moi et tout mes contemporains nous souviendront jusqu'à la fin.
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