Deux ans après être monté sur le podium métallique avec
"Sound Of White Noise", deuxième album champagne après
"Among The Living", le bolide ANTHRAX vrombit de nouveau avec "Stomp 442" (le 442 est un moteur très puissant dont sont équipées certaines vieilles voitures américaines). Si la symbolique est lourde, l'album l'est tout autant : faisant la part belle à des boucles de riffs qui groovent à n'en plus finir, les new-yorkais délaissent la vitesse pure pour une stratégie de course sans arrêt au stand thrash. Blindée de carburant heavy rock jusqu'à la gueule, la formule 1 s'est changée en véhicule tout terrain, aussi à l'aise sur asphalte (les très souples "Nothing" et "Bare") que sur les chemins de traverse ("King Size", "In A Zone"). Un changement de stratégie aussi soudain impliquant forcément un remaniement de la team, Dan Spitz est prié d'aller exercer ailleurs ses talents de branleur de manche, le groupe se tournant vers un honnête pilote d'essai (Paul Crook) et un sparring partner de luxe (Dimebag Darrell, aux commandes lead sur "Fueled" et "King Size").
Comme Charlie Benante s'est lui aussi pris au jeu de la six cordes, on se retrouve avec un album aussi différent du précédent que
"Sound Of White Noise" l'était de
"Persistence Of Time". Ceux qui ont sauté une étape auront du mal à y retrouver leurs petits tant ANTHRAX, méconnaissable, s'efforce de gommer ses gimmicks heavy thrash les plus évidents. Pour apprécier cet album, mieux vaut donc faire son deuil du groupe de skate thrash rigolard des 80's et faire preuve d'un minimum (maximum ?) d'ouverture d'esprit. Personnellement, il m'a fallu une décade pour apprécier "Stomp 442" à sa juste valeur, tant ma déception fut grande lors de sa sortie. Exit le côté sombre de "Persistence" et "Sound", au placard les passages rapides et autres tunnels mélodiques à rallonge. Mainstream. Propre et lisse (malgré une prod rouillée et grinçante juste ce qu'il faut), le ANTHRAX nouveau, étonnament enjoué, peine à convaincre l'amateur de sensations fortes en négociant chaque virage rythmique avec une prudence qu'on ne lui connaissait pas. Le démarrage est poussif ("Random Acts Of Senseless Violence", beaucoup de bruit pour rien), les riffs génériques, les refrains passables ("American Pompeii", "Tester"), le chant parfois sous l'éteignoir du ronronnement incessant des guitares . Une mécanique un peu trop neuve qui tourne à vide, faute de morceaux fédérateurs ("Fueled" exceptée, peut être). ANTHRAX bon pour la casse, on se tourne alors vers METALLICA pour assurer quelques points au championnat constructeur.
Mais la sortie de route est encore plus sèche avec "Load", vieille guimbarde southern rock qui donne envie de se suicider au gaz d'échappement. Alors on ronge son frein, "Stomp 442" émargeant bien vite au rayon accidents de parcours. Mais les new-yorkais persistent en 1998 avec
"Volume 8" (leur album le plus faible à ce jour) et, quelques années plus tard, "W.C.F.Y.A.", qui renvoie enfin l'image d'un groupe maître de ses nerfs et de sa conduite. Un album costaud, dont ANTHRAX avait jeté les bases dès 1995. "Stomp 442" donc, on y revient, mérite une réhabilitation (légère) pour quelques titres finalement assez compétitifs ; outre "Fueled", souvent excellente en concert, on appréciera la montée en puissance de "King Size", la plus agressive du lot, avec un rugissement lead de Dimebag et une gueulante de John Bush du plus bel effet. Taillée pour la scène, "In A Zone" et ses riffs jumpisants à (2:52) permet à Charlie Benante d'enrichir sa palette de jeu, au même titre que la pesante "Drop The Ball", et son terrible ralentissement à 2:23. Dans un registre plus calme, "Nothing" est assez mémorable, notamment pour son bref passage en twin guitars à 3:09. Pour le reste, l'album conserve ses tares originelles, la machine ne s'emballe jamais vraiment et ANTHRAX se révèle incapable d'enchaîner trois bons titres de suite. A l'instar d'une vieille carlingue de collection, "Stomp 442" est donc un skeud à sortir de la remise à l'occasion, histoire de voir si le moteur tourne toujours.
5 COMMENTAIRE(S)
24/08/2008 13:42
John Bush n'est pas en cause, c'est un excellent chanteur. C'est plutôt l'orientation musicale du groupe qui est décevante.
23/08/2008 00:22
21/08/2008 16:47
21/08/2008 16:15
21/08/2008 15:51
... Clair ! Qq déception à l'époque !!! Je l'ai quand même racheté en CD il a qq années, et c'est passé un peu mieux, même si ça sent toujours la tentative désespérée de passer à la radio (et sur MTV, cf. les 2 clips tournés pour l'occasion, celui se passant en direct live entre les poils d'une vache étant quand même bien fun, on lui reconnaitra ça !)