J'ai toujours trouvé sidérant la façon dont ANTHRAX, membre du big four du thrash ricain avec ses confrères de SLAYER, MEGADETH et METALLICA, a jeté aux orties tout ce qui rappelait de près ou de loin la période Joey Belladonna. Pas que je regrette le dit chanteur, loin de là, mais du jour au lendemain ou presque
(« Sound Of White Noise » était suffisamment brillant pour faire passer la pilule power), les amateurs de heavy thrash véloce ont dû tirer un trait sur toutes les caractéristiques originelles du groupe : fini les tempos rapides et les riffs violents qui flirtent avec le hardcore, terminé la démonstration lead d'un Dan Spitz pas toujours inspiré mais qui avait ses bons moments (tout
« State Of Euphoria », principalement), adieu shorts de plage et attitude je m'en foutiste qui tranchait singulièrement avec les clichés evil, au panier les morceaux progressifs et sombres de plus de huit minutes de
« Persistence Of Time ». Si ANTHRAX s'est racheté une conduite et offert un vrai frontman en débauchant John Bush, musicalement parlant, on ne peut pas dire que les new yorkais ont eu le nez aussi fin. A côté de la plaque avec
« Stomp 442 », plaisante incursion en territoire heavy rock mais échec commercial cuisant, ANTHRAX se retrouve sans label (lourdé par Elektra) et doit gérer la crise des égos qui couve en ses rangs. Car sans vouloir pointer du doigt un responsable en particulier, il semblerait que l'implication de plus en plus forte de Charlie Benante (batteur, mais également guitariste et chanteur) dans le processus de composition ne soit pas étrangère à ce changement de cap stylistique.
Toujours sans deuxième guitariste attitré (Paul Crook, éternel intérimaire, plus Dimebag Darrell en soutien sur quelques solos), ANTHRAX manque donc cruellement de repères à l'heure de livrer un huitième album à la face du monde. Et si la boule de démolition de la pochette laisse présager un instant un retour aux affaires brutales, le titre d'ouverture (le bien mal nommé « Crush ») se charge de calmer tout le monde ; un riff central à la puissance relative et un refrain passable plus tard, on n'ose même plus espérer un retour au power thrash de « Potters Fields » ou « Room For One More ». L'espoir renaît de ses cendres avec les deux morceaux suivants, bonifiés par un solo déchirant du virtuose de PANTERA (« Inside Out », et son alternance de guitares acoustiques et de riffs groovy) et un refrain irrésistible de l'ex chanteur d'ARMORED SAINT (« Catharsis »). Du solide et de l'efficace, à l'américaine, quoique dans la droite lignée de l'album précédent. Egalement à leur crédit, deux bons petits brûlots au tempo plus conforme aux attentes avec « Killing Box » (sur laquelle s'égosille Phil Anselmo) et « Born Again Idiot », qui fait regretter que le groupe n'ait pas davantage passé la quatrième. En fin de parcours, signalons la pesante « Stealing From A Thief », qui se paye à la fois le meilleur riff de « Volume 8 », les plus belles leads (impeccable Dimebag, une fois de plus) et une des mélodies les plus marquantes (merci John Bush). Pour le reste, et même s'il faut concéder que « Volume 8 » tient à peu près la route jusqu'à la piste 8 (tiens donc, z'auraient dû en rester là peut être), l'album ne se relève jamais d'un trop plein de titres joués sans conviction aucune (même Bush est à la lutte sur la pénible « Alpha Male », c'est dire) et d'un tracklisting affreusement mal géré. En cause, les dispensables « 604 » et « Cupajoe » (1:21 mn cumulées) qui avaient peut être leur place sur un album de S.O.D. mais qui tombent ici comme deux poils sur le caillou de Scott Ian. Sur le banc des accusés, surtout, ce tunnel interminable qui s'étend de « Harms Way » à « Alpha Male » et fait regretter l'extrait le plus molasson de
« Stomp 442 ». Le délire country de « Toast To The Extras », incongru mais plutôt fun, est symptomatique du saupoudrage de titres hasardeux qui plombe « Volume 8 » et lui confère l'étiquette peu enviable de skeud le plus impersonnel dans la carrière d'ANTHRAX. Le groupe recyclera tout de même les riffs les plus présentables du lot à l'occasion de l'enregistrement du score de « Ghost Of Mars » (John Carpenter, 2001) pour un résultat à l'image du film : foutraque mais foncièrement sympathique.
6 COMMENTAIRE(S)
09/02/2009 15:47
31/01/2009 12:42
Ah mais par contre j'aime beaucoup "WCFYA" qui est très rock n' roll!
Oui moi aussi, celui ci est très bon !
30/01/2009 17:48
30/01/2009 17:26
Peut être que le prochain sera bon ? Sait-on jamais ...
Ah mais par contre j'aime beaucoup "WCFYA" qui est très rock n' roll!
30/01/2009 12:44
Peut être que le prochain sera bon ? Sait-on jamais ...
30/01/2009 12:41