C’est toujours l’été, il fait toujours beaucoup trop chaud pour vivre avec un taux d’énergie correct, et surtout, on ne peut pas écouter de black metal sous un soleil d’assassin qui lâche des journées insupportables à 33 degrés. Alors, puisque la saison m’oblige à laisser tomber Taake et Horna pour quelques mois trop brûlants, je préfère me tourner vers une autre branche de mes goûts musicaux, celle qui est restée toute proche du blues originel.
De Clutch, je n’aime pas tout. Si, comme tout le monde, je deviens dingue en écoutant
Blast Tyrant, je ne suis pas forcément fan de tout le reste de la discographie. Je pioche un peu ce que je veux dans le tas, un album par-ci, un album par-là … Mais s’il y a bien une chose que j’ai envie de reprocher au groupe, c’est d’aimer les albums trop longs. Non pas que j’ai quelque chose contre les longs albums en soi, au contraire, mais plutôt que Clutch gagnerait souvent à condenser un peu ses sorties de mon point de vue. C’est donc très logiquement que je parle aujourd’hui de
Psychic Warfare, œuvre la plus courte des américains, qui plafonne tout juste à 40 minutes. Du Clutch tubesque, ramassé. Tout ce qu’il me faut quand la température extérieure liquéfie mon cerveau.
Bon, alors déjà, passé la petite intro, la première chanson « X-Ray Visions » est un énoooorme tube. Avec ses lignes de chants exaltées, ses riffs qui explosent chaleureusement et sa petite aparté marrante, on tient un banger total. Ça, c’est bien la seule chose qui puisse me faire tolérer les climats chauds. Et c’est pas fini, on se mange « Firebirds » juste derrière avec son gros refrain entraînant. Même formule pour les deux suivantes, qui reposent sur le même type de construction. Riffs simples et irrésistibles, basse qui fait « vroum-vroum », décharges de wah-wah, et la voix que plus ricaine que ça tu meurs de Neil Fallon que personne n’arrive à calmer depuis bientôt trente ans.
La première petite variation vient avec « Your Love is Incarceration », qui sonne pas mal Monster Magnet, chose particulièrement approprié. Les deux groupes sont loin d’êtres réellement semblables, mais j’ai personnellement toujours associé les deux d’une certaine manière. Le même type de groupe, le même type de riffs, le même aspect bluesy … Clutch est loin d’être aussi psyché et barré que Magnet, mais l’esprit n’est pas si loin.
Passé la ballade très sympathique « Our Lady of electric Light », l’album revient à des pistes plus efficaces, plus directes, jusqu’à finir son chemin sur la longue et franchement réussie « Son of Virginia ». Et honnêtement, on a pas trouvé le moment de s’ennuyer. Clutch donne pour une fois dans le concis, et ça ne lui va pas si mal. Ça permet de concentrer les énergies sur une décharge bien intense, qui requinque et regonfle les batteries. Des pistes comme « Noble Savage » et « Behold the Colossus » parviennent à envoyer de claques bien sèches dans la face qui secouent bien quiconque aura eu l’indolence de se laisser abrutir par l’air suffocant. Neil Fallon ne donne jamais l’impression de s’essouffler ou de se fatiguer, et continue à rugir comme s’il avait encore trente ans.
Il n’y a pas mille choses à dire sur un album comme celui-ci. Tout est maîtrisé sans perdre en sauvagerie, rien n’est ennuyeux ou lénifiant, tout suinte le rock-n-roll et le blues et communique une stamina revigorante. Clutch domine totalement son sujet, n’a pas à se soucier une seconde de la concurrence. Donnez-leur le nom que vous voulez, stoner, blues rock, hard rock … Au fond, tout ça n’est rien d’autre que du blues amplifié, assaisonné des états d’humeurs des musiciens du groupe, selon qu’ils soient sous pétard, énervés, amoureux ou rigolards.
Psychic Warfare est un album puissant, tonique, équilibré et génialement plaisant à s’envoyer quand les blast beats et le trémolo picking ne sont pas de circonstance.
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