Clutch - Clutch
Chronique
Clutch Clutch
Qu’on se le dise : Clutch est grand, il a su album après album, concert après concert se construire une réputation infaillible loin d’être volée. De ses débuts hardcorisants sur Transnational Speedway League au southern rock d’autoroute de From Beale Street to Oblivion en passant par les délires cuivrés de The Elephant Riders et les gaz d’échappement brûlants d’un Blast Tyrant, en plus de vingt ans d’existence le groupe n’a pas commis un seul faux pas. Pire encore, on pourrait dire de la plupart de ses disques qu’ils sont les sommets de sa discographie. Bref, je pense que t’as capté le message, j’aime Clutch et Clutch me le rend bien, et l’album éponyme dont il est question ici compte parmi les voyages les plus jouissifs et sauvages que la formation ai proposé.
Il y a déjà cette pochette : ce panorama lunaire qui ne trompe pas, une sorte d’avant goût qui semble te prévenir de la puissance du trip qui risque de t’emporter durant l’heure à venir. Car il n’y a pas d’air frais ici, la seule bouffée possible sent le sexe, la nicotine et les psychotropes des kilomètres à la ronde. Du chemin a été fait depuis le premier album, la transnational speedway league est loin derrière, c’est dans un taudis enfumé en bordure de désert aux allures d’Eden que Neil Fallon et ses trois acolytes te donnent rendez-vous cette fois. A moitié assommé par la moiteur environnante, il n’en faudra pas plus que les premières secondes du diptyque "Big News" pour que les premiers effets se fassent sentir. Les doigts se délient un peu après avoir tenus le même guidon des heures durant, le canapé dans lequel tu viens de t’affaler a déjà des airs de fin du monde et commence à t’engloutir. La basse ronronne, t’englobe, vite rattrapée par des guitares planantes au possible et un Neil Fallon aussi halluciné qu’hallucinant déclamant ses textes avec une énergie qui semble titanesque compte tenu des circonstances. Le temps passe, "Rock n’ Roll Outlaw", le bon vieux coup du OHEE OHAHAH IHAHIHAHOOW qui réussit même à te faire taper du pied dans ton état presque comateux, "Escape from the Prison Planet" qui inscrit définitivement Clutch dans la catégorie poids lourd et là, tu crois avoir tout vu mais t’arrives justement à l’instant de grâce de l’album : "Spacegrass". Tout s’arrête, ça te prend sans aucune échappatoire possible, hors du temps, la vision de la pochette est sous tes yeux, ta bière s’évente à vue d’œil, tu n’oses respirer de peur de briser le truc, entre tes doigts le cadavre d’un joint roulé il y a des lustres mais tout ça n’a plus aucune importance, Clutch est là et c’est tout ce qui compte.
Le coup de génie est que là où certains nous font partir tellement loin que le somme réparateur se profile dès les quinze premières minutes, les américains ont trouvé l’équilibre parfait entre instants au taux de T.H.C. insondable et refrains au groove typiquement clutchien à t’en fissurer le plancher des voisins du dessous. Sans parler bien sûr de la prestation et du talent de composition des bonhommes : album assez à part dans la discographie du groupe, il semble pourtant la définition idéale du terme « stoner ». Qu’il s’agisse de l’assise rythmique qu’installe J.-P. Gaster, des sorties toujours bienvenues de la basse de Dan Maines qui est particulièrement mis à l’honneur ici ou du travail réalisé sur les guitares dont la description me ferait perdre mes superlatifs, ce serait un euphémisme que de dire qu’ils connaissent leur instrument. Et bien sûr, Neil Fallon oblige, vocalement les claques s’enchaînent et ne se ressemblent pas, s’affirmant dès lors comme un des plus grande voix du genre (et ce n’est que le début).
A quoi bon continuer indéfiniment cette chronique ? Chaque titre mériterait d’y être cité, chaque musicien salué à maintes reprises. T’as compris l’essentiel de toute façon, Clutch c’est une soufflette de cinquante cinq minutes en plein dans tes poumons. Avec ou sans substances illicites, le résultat est le même. On dit parfois que dans la vie il y a deux types de personnes : il y a toi et les autres. Affirmation en partie erronée en réalité puisqu’il y a surtout ceux qui aiment Clutch et les autres. Bref, je pense que t’as capté le message, j’aime Clutch et Clutch me le rend bien. Et ce n’est que le début. Qu’on se le dise : Clutch est grand.
| Squirk 1 Février 2012 - 2750 lectures |
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