Habitués à voir les effectifs de VoidCeremony aller et venir à chacune de ses nouvelles sorties, on ne sera pas vraiment surpris d’apprendre que Philippe Allaire-Tougas (guitare) et Charles Koryn (batterie) ont malheureusement tous les deux quitté le navire depuis la sortie de
Threads Of Unknowing en 2023. Deux défections qui n’ont rien d’anodines puisque l’un et l’autre possèdent de sacrées aptitudes dans la pratique de leurs instruments, du genre de celles capables de faire toute la différence... Il y avait donc de quoi craindre un petit peu pour la suite d’autant que les deux remplaçants choisis pour occuper ces positions devenues vacantes ont pour eux des curriculum-vitae tout de même bien moins sexy (d’un côté Jayson McGehee de Seraphic Disgust à la guitare, de l’autre Dylan Marks de Beekeeper, Eukaryst, Fermentor et Raise The Guns à la batterie). Alors est-ce désormais la bérézina du côté de nos Californiens ou au contraire ont-ils réussi à faire passer ces départs pour de simples irritants momentanés ? C’est ce que l’on va voir dans les paragraphes qui suivent.
Intitulé
Abditum qui signifie « caché » en latin, ce troisième album est paru il y a maintenant une dizaine de jours chez 20 Buck Spin. Enregistré par l’infatigable Charlie Koryn avec qui le groupe est donc resté en très bons termes ainsi que par un certain John Haz venu lui prêter main-forte, celui-ci est ensuite passé entre celles expertes d’Andrew Kite (Beyond Mortal Dreams, Cauldron Black Ram, Dreaming Death, Mournful Congregation, Oath Of Damnation, StarGazer...) qui en a assuré le mixage et le mastering. Enfin, pour en finir avec ces présentations d’usage, quelques mots au sujet de cette chouette illustration à l’esprit résolument « vieille école » que l’on doit à la dénommée Khu.zuzu qui, si elle n’est pas une novice, signe pourtant ici sa première illustration pour un groupe.
Si pour ce troisième album le groupe s’est donc vraisemblablement très bien entouré, permettez-moi malgré tout d’adresser une petite remarque à son encontre. Car si comme vous je suis évidemment très content de retrouver VoidCeremony après seulement deux ans d’absence, on aurait tout de même aimé que le groupe se montre un petit peu plus généreux avec ses auditeurs. Pourtant sur le papier ce sont neuf nouveaux morceaux qui nous sont proposés à l’occasion de ce troisième album ce qui pour un disque de Death Metal est tout à fait respectable. Sauf que du haut de ses vingt-neuf minutes,
Abditum compte tout de même quatre titres instrumentaux parmi lesquels une introduction, un interlude et une conclusion... Une fois la difficile soustraction effectuée, cela nous laisse avec cinq "véritables" morceaux qui mis bout à bout ne doivent pas dépasser les vingt-deux minutes... Autant vous dire qu’il y a donc de quoi faire un petit peu la tronche et cela même si ces digressions instrumentales sont toutes d’excellentes factures.
Passée ainsi cette courte introduction qui à titre personnel m’évoque la bande-son de Castlevania IV sur Super Nintendo composée par Masanori Adachi et Taro Kudo, le groupe va rapidement se rappeler à nos bons souvenirs à coups de blasts virils, changements de rythmes impromptus voire épileptiques, basse expressive et tout en rondeurs et tricots de six ou sept cordes à ne plus savoir où donner de la tête. Six minutes absolument redoutables qui vont prouver sans mal à ceux qui en doutaient, que ces changements de line-up n’ont eu aucune incidence sur la pertinence et la force de frappe du père Garrett Johnson et de sa bande partiellement reconstituée. Sur "Seventh Ephemeral Aura", les Américains semblent tout d’abord ne pas vouloir faiblir mais on va tout de même se rendre compte assez rapidement que les atours progressifs déjà exprimés auparavant par VoidCeremony semblent dorénavant mis un petit peu plus en avant tout au long de ce troisième album. Une progression ténue mais néanmoins incontestable exprimée en premier lieu par de nombreuses séquences instrumentales puisqu’en plus de ces introductions, interludes et autres conclusions à base de claviers et autres nappes synthétiques, certains passages sont eux aussi complètement dénués de chant. De "Veracious Duality » entre 2:00 et 3:54 (à l’exception cependant d'un court d’un cri primitif dispensé à mi-parcours) puis de 4:50 jusqu’à l’issue de ces six minutes aux deux derniers tiers de "Seventh Ephemeral Aura" en passant par "Failure Of Ancient Wisdoms" à 2:31 et 3:49 et cette fin en arpèges, les trois minutes hyper immersives de "Silence Which Ceases All Minds" (au rythme néanmoins plutôt soutenu) sans oublier enfin les deux passages entamés à 2:34 et aux alentours de 4:27 sur "Gnosis Of Ambivalence", il n’est pas rare effectivement de voir Garrett Johnson reculer d’un pas pour laisser libre court aux élans plus progressifs et bien souvent plus mélodiques (mention spéciale à ces nombreux solos toujours aussi impeccables) d’un VoidCeremony qui, reconnaissons-le encore une fois, mène sa barque d’une main de maître.
Pour autant, on ne peut pas dire qu’
Abditum donne le sentiment de perdre et en intensité et en brutalité puisque lorsque les Américains attaquent de front, ces derniers ne font jamais semblant. En effet, même si ce troisième album est effectivement très varié entre ces compositions et autres séquences purement instrumentales, ce titre de moins de deux minutes (l’expéditif "Despair Of Temporal Existence") qui vient contraster avec ces pièces un petit peu plus généreuses comprises principalement entre quatre et six minutes et ces plans Death technique et progressif plus aériens comme on a pu en entendre dans les années 90 notamment du côté de la Floride, VoidCeremony nous offre un troisième album mené globalement le couteau entre les dents avec son lot généreux de coups de boutoirs et autres démonstrations de force toutes plus efficaces et redoutables les unes que les autres.
Alors effectivement,
Abditum glisse vers des sonorités progressives et mélodiques un petit peu plus marquées que par le passé mais encore une fois, ce troisième album n’a rien perdu de cette dynamique, de cette intensité et oserais-je dire de cette brutalité qui caractérisaient ses prédécesseurs. Non, finalement, le seul véritable défaut que l’on peut effectivement dresser à l’égard de celui-ci est bien sa durée trop courte et un contenu un petit peu chiche au regard de la qualité des compositions qui une fois de plus régaleront tous les amateurs de Death Metal technique et progressif. Bref, vous l’aurez compris, malgré quelques départs qui auraient pu faire craindre pour la suite, VoidCeremony est parvenu haut la main à maintenir ses propres standards. Oui, on aurait évidemment aimé en avoir davantage à se caler sous la dent mais en l’état on ne fera pas la fine bouche face à cette petite demi-heure toujours aussi délicieuse et bien troussée.
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