Ihsahn - The Adversary
Chronique
Ihsahn The Adversary
Depuis bien longtemps, Ihsahn est devenu une de ces personnalité emblématiques et incontournables du metal. A juste 30 ans, l'homme a pondu nombre d'albums devenus aujourd'hui cultes, accumulé les distinctions et vendu plus de 750 000 albums dans le monde entier. Après avoir terminé avec brio la carrière d'Emperor en 2001 sur un très grand "Prometheus", après avoir mis de côté en ce début d'année Peccatum, le projet qu'il a en commun avec son épouse Ihriel sur un "Lost In Reverie" des plus touchants, le voici lancé dans un nouveau défi, celui de l'album solo.
Il est évident que ce projet devait trotter depuis bien longtemps dans la tête d'Ihsahn qui en parlait d'ailleurs depuis un moment. Certains s'attendaient peut-être à retrouver la magie d'un Emperor ressuscité, le prolongement d'un "Prometheus" qui n'aurait pas dû clore la discographie trop courte d'un tel groupe. L'évocation de "The Adversary" était évidemment porteur de promesses mais au delà de l'espoir, cela aurait été se mentir à soi-même de croire que l'homme allait camper sur ses positions et repartir de son passé impérial.
Non évidemment. Si Ihsahn a si justement appelé son projet Ihsahn, c'est sans doute pour se dégager de tout carcan. "The Adversary" est sans conteste son album le plus personnel à ce jour, dans lequel il libère toutes ses influences, tout son passé, ses expériences personnelles et musicales. Si vous connaissez un peu sa carrière, je vous accorde que cela fait beaucoup de choses et je vous sens sceptique tout à coup. Enfin je suppose qu'avant de vous lancer dans la lectures de ces quelques lignes, vous avez honteusement regardé la note qui orne cette chronique (et qu'il faudra peut-être penser à redescendre d'ailleurs pour ajouter une dimension de suspense). Donc effectivement, il n'y aucune raison de douter.
Il n'aura fallu que quelques écoutes pour me convaincre du réel génie d'un tel album. Certes, on ne peut tout saisir au premier abord, ni même au second abord je pense, mais "The Adversary" possède malgré tout un côté démesurément accrocheur qui vous somme de rappuyer sur la touche lecture de votre lecteur CD. Musicalement, l'ensemble s'articule autour d'une musique à la fois douce et extrême où les parties les plus atmosphériques s'équilibrent avec des passages dont la violence est digne de son passé dans la black symphonique. Et puisqu'on en parle (enfin que j'en parle), le style déployé ici est également hautement symphonique où les claviers et les instrumentations sont absolument omniprésentes.
En réalité, tout ici ramène à l'homme, à ce qu'il a apporté au metal et ce qu'il est devenu aujourd'hui. Dès les premières notes du premier titre, on reconnaît sa patte, sa manière si efficace et subtile de composer les mélodies, ses changements de tonalité uniques et sa façons singulière de gérer la brutalité. Du point de vue de la prestation où il a presque tout réalisé (sauf la batterie mais j'y reviendrai), Ihsahn met en oeuvre tous les versants de sa carrière et "The Adversary" n'auraient jamais pu être aussi bon quelques temps auparavant. Durant ces dernières années, le travail qu'il a effectué au sein de Peccatum (où le style est plus atmosphérique) apporte une autre dimension à l'ensemble. Les passages calmes sont absolument renversants et chargés d'émotions et on perçoit bien les progrès qu'a connu sa voix grâce à son projet familial, voix qui est devenu d'une puissance et d'une justesse incroyables. Bien évidemment, côté hurlements, on retrouve le Ihsahn que l'on a toujours connu avec son timbre reconnaissable entre mille.
"The Adversary" voit également l'apparition de quelques figures du metal comme Garm (Ulver, ex-Arcturus) qui vient pousser la chansonnette sur le titre "Homecoming" ou encore Asgeir Mickelson (Borknagar) qui s'est chargé de toute les parties de batterie de l'album. Ihsahn a eu la bonne idée d'inviter un vrai batteur plutôt que d'utiliser sa fidèle boite à rythme apparemment très chère à Peccatum dont le rendu n'était pas toujours à la hauteur de la musique. D'ailleurs, la production n'a jamais été aussi bonne pour une réalisation des studios Symphonique, plus claire et incisive que jamais.
L'écriture et la réalisation d'un tel album ont sans doute nécessité beaucoup de temps et d'investissement personnel que l'on ressent chaque seconde. Ihsahn a composé ce premier album avec ses tripes et y déverse noirceur et tristesse, produisant une atmosphère aussi sombre et négative que poignante. Il s'est inspiré de ceux qui ont luttés pour leurs croyances contre la société, contre un ordre établi et parfois imposé, chose que reproduit à la perfection le visuel simple et de bon goût. Et quel feeling, quelle maturité dans la composition, dans le mélange des ambiances, la construction des morceaux, les mélodies et les solos. On sent un homme au sommet de son expression artistique, libre de nous emmener où bon lui semble, de jouer avec nos émotions, de nous torturer l'esprit à travers ces 9 titres au charme bien singulier qui vous prennent par les titres dès les premières minutes.
En me lançant dans ce premier album solo d'Ihsahn, je ne pensais pas avoir à faire à une telle oeuvre qui témoigne une fois de plus du génie de l'homme. A la fois puissant, émouvant et novateur, "The Adversary" est presque un condensé d'expériences à un moment précis d'une carrière qui s'annonce encore prometteuse. Le résultat débouche sur un style des plus originaux qui ouvre de nouvelles perspectives musicales à notre norvégien préféré. Si vous avez aimé ce qu'Ihsahn a réalisé jusqu'à présent, il serait criminel de passer à côté de cet album. Sans aucun doute un des événements majeurs de cette année 2006.
| Dead 24 Mars 2006 - 3450 lectures |
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