En nostalgique du regretté Emperor, je m'étais naturellement tourné vers le projet solo du leader du cultissime combo norvégien. Sorti 5 ans après "Prometheus
", "The Adversary" prolongeait d'une certaine façon la tendance post-black progressive opérée sur le dernier témoignage de l'ancien groupe d'Ihsahn, un album puissant et prenant.
"angL" par contre m'avait beaucoup déçu à l'époque, pour je ne sais quelle raison d'ailleurs et ce désagréable souvenir ne m'avait pas incité à me plonger dans
"After". Traumatisé par ce troisième album, notre chroniqueur à raquette Thomas Johansson m'a naturellement cédé sa place. Alors comment refuser cette seconde chance à un homme qui a pris part à la création d'albums aussi grandioses que "Anthems to the Welkin at Dusk" ou "Lost in Reverie" ?
En 4 ans, la musique d'Ihsahn a beaucoup évolué. Autrefois à la croisée des chemins sinueux d'un Emperor en pleine mutation et des réflexions mélancolico-atmosphériques d'un Peccatum ressuscité, le Norvégien s'est détaché de ses influences au fil des ans pour créer un univers qui lui est propre, une démarche artistique comparable aux évolutions de personnalités telles que Vintersorg ou Devin Townsend. "Eremita" est un album personnel, l'oeuvre d'un artiste mature qui ne fait plus de compromis dans ses choix musicaux, ses expérimentations, ses ambiances. Les morceaux qui le composent ne s'inscrivent dans aucun schéma et n'auront de cesse de vous surprendre jusqu'à la dernière note. Accès de rage, passages atmosphériques, atmosphères torturées, moments de plénitude, les émotions antagonistes se succèdent sans faire défaut à la cohérence de l'ensemble ; tout bascule parfois sur quelques notes, le placement d'un instrument ou du chant, ... Ihsahn a soigné ses arrangements, ses transitions pour faire de ce quatrième album, une sorte de voyage aux paysages hétérogènes.
Pour donner vie à cette fresque aux multiples facettes, l'homme s'est entouré de divers artistes. Ainsi Devin Townsend et Einar Solberg viendront pousser la chansonnette respectivement sur "Instrospection" et "Arrival", Jeff Loomis taquiner du manche sur "The Eagle And The Snake", sans oublier sa femme Heidi S. Tveitan (aka Ihriel) dont les apparitions vocales sur le titre de conclusion rappelleront le défunt Peccatum aux connaisseurs. Enfin, à l'instar de l'album précédent, une place de choix a été réservée au saxophoniste Jørgen Munkeby dont les interventions donnent un feeling jazzy délicieusement déconstruit aux compositions. Les exemples ne manquent pas mais les plus représentatifs demeurent pour moi les hypnotiques "The Grave" et "Catharsis". Pour le reste, ou plutôt le principal, c'est Ihsahn qui tient la barre. Guitariste accompli, hurleur emblématique du black metal, rien n'est remis en cause ici, notamment son feeling qui fait des merveilles aux côtés de Munkeby. Ses progrès au chant clair sont également impressionnants : moins pompeux, plus fluide, plus naturel, il donne une autre dimension aux refrains et laissent s'éloigner les dernières réminiscences d'un Emperor tenace. Peut-être inspiré par l'ami Akerfeldt, les claviers apportent quant à eux, une touche progressive absolument irrésistible, tout comme certains riffs et solos de guitare légèrement saturés.
Devant la richesse et la complexité d'un tel travail, on pourrait imaginer une oeuvre élitiste. Et pourtant, jamais une production d'Ihsahn n'a été plus accessible. Les mélodies, les refrains vous impriment instantanément la cervelle et le plaisir est immédiat, que les compositions soient tournées vers l'extrême ("Something Out There", "The Paranoid") ou globalement plus calmes ("Departure", superbe...). Malheureusement cette démocratisation va de pair avec quelques fausses notes, des longueurs ("The Eagle And The Snake", "Grief", "The Grave") et des refrains en demi-teinte ("The Eagle And The Snake", "Introspection") qui viennent ternir le tableau. Mais que ces détails ne vous arrêtent pas car si "Eremita" n'est pas parfait, son écoute vous réserve de grands moments de musique. Surprenant, personnel et audacieux à bien des égards, ce quatrième épisode devrait faire fondre votre petit coeur d'amateur de metal extrême progressif. Avouez qu'il serait dommage de passer à côté de ça.
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