Witherscape n’était pas juste un énième « side-project » éclair de Dan Swanö, cette époque frivole semble révolue. Le Suédois assagi et épaulé de son acolyte dandy moustachu Ragnar Widerberg se focalise sur sa dernière progéniture, condensé de ses premiers émois metal (du heavy/power au death) et rock 70/80’s. Le duo revient après un
The Inheritance en 2013 acclamé par les critiques puis un EP
The New Tomorrow (un nouveau morceau et des reprises) l’année suivante. Pas de Travis Smith cette fois mais un artwork (impressionnant de technique) de l’Hongrois Gyula Havancsák (Annihilator, Destruction ou Stratovarius parmi les plus connus mais aussi le groupe Nightingale de Dan). Paul Kuhr (Novembers Doom) reste lui toujours à l’écriture des paroles et continue sur l’histoire de cette maison hantée rachetée par « l’homme en blanc », 50 ans plus tard. Une maison désormais restaurée dont les chambres sont louées aux citadins des grandes villes souhaitant le silence nordique suédois. Des locataires qui ne se doutent pas que leur lit repose sur une des portes de l’Enfer…
Difficile pour certains (moi compris évidemment) mais il va falloir s’y faire (et attendre une annonce qui sait ?), Witherscape ne prétend pas à devenir un Edge Of Sanity-bis, point de
Crimson III ou de successeur à
Purgatory Afterglow. Une musique aux références de l’adolescence de Dan Swanö mais désormais d’avantage dans l’esprit du lumineux
Moontower (death progressif aux touches de claviers « à paillettes », mélodies « arc-en-ciel » et refrains « cheveux au vent ») couplé à Nightingale. Witherscape, enfin Dan (encore compositeur principal), rogne ses titres pour une musique plus « directe » et moins progressive (l’album « concept » en second plan), rappelant même par moment un Soilwork dernière génération. Le ratio 50/50 entre les growls et le chant clair demeure, mais cette fois des grognements de Dan à la puissance « défrise pubis ». Je pense que le père Swanö n’avait jamais autant poussé la gueulante dans un groupe, à en vomir du sang sur la moquette (« Marionette ») ! Quant à ses lignes vocales non gutturales, elles sont tout aussi captivantes. Globalement plus sobres ni jamais à rallonges ou sombrant dans la mièvrerie, même lorsqu’il monte légèrement (« Rapture Ballet » ou « God Of Ruin » à 0:58), son timbre mélancolique est des plus touchants (l’enchaînement « The Examiner » et « Marionette »).
Là où
The Inheritance péchait sur des longueurs cassant l’envoutement et un manque d’accroche constant,
The Northern Sanctuary possède enfin son lot de mélodies et de refrains entêtants (l’indécrottable « The Examiner ») sur chaque titre sans exception. Certes on notera quelques passages moins efficaces (notamment sur « Divinity ») mais globalement la galette demeure d’une fluidité exemplaire. Simpliste au premier abord sauf que le perfectionniste Dan a le souci du détail. Outre les arrangements cachés, les transitions sont parfaitement calibrées où breaks violents/planants se muent aux mélodies/refrains dans un format concis. Tout cela jouant avec des atmosphères aux contrastes différents, que ce soit le Diabolical Masquerade (fameux arpèges ambiancés et passages « grand guignolesques ») dès l’ouverture « Wake Of Infinity » (que l’on retrouvera aussi sur le morceau éponyme), la balade schizophrénique « Marionette » ou le morceau éponyme, « ovni » de 13 minutes, vitrine parfaite du patchwork metal/rock « made by Swanö ». On en aurait aimé plus dans ce genre, l’excellence aurait sans aucun doute été atteinte. Le reste est clairement efficace mais pourra paraître légèrement convenu, surtout pour ceux ayant dévorés les précédents travaux de Dan Swanö. Mais comme toujours concernant le gaillard (productions incluses), la qualité subsiste.
Espérons que
The Northern Sanctuary passe l’épreuve du temps et qu’il ne soit pas un sublime objet recouvert de poussières à l’instar de son prédécesseur. Pour le moment je ne m’en lasse pas. Dan Swanö retrouve ici la recette du hit qui trotte et à l’impact conséquent, peut-être pas aussi marquants que ses habituels tubes dans Edge Of Sanity mais la certification « kvalitet » est bien présente. Certains seront peut-être déçus d’un aspect progressif moindre et d’un revirement plus « simpliste ». Un sentiment qui disparaitra après plusieurs écoutes attentives et analyse de l’effort effectué dans les compositions, le morceau de conclusion comme porte étendard du savoir-faire de maître Swanö. Indubitablement avec un équilibre « progressif / accroche » mieux dosé et une légère dose de surprises, l’ensemble des adeptes embrassera entièrement la cause Witherscape.
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