Les coqueluches américaines de Between The Buried And Me (BTBAM) auront honoré leur contrat (5 albums, un DVD et un best-of) malgré un label « core à mèche » (Victory Records) assez éloigné du genre mais aussi du niveau de jeu pratiqué (cf. mon interview). Les voilà dorénavant dans une écurie nettement plus « metal » (enfin !), le réputé Metal Blade. Pas une surprise en soit puisque les Teutons avaient déjà signé le side-project du frontman Tommy Rogers (Thomas Giles, bizarrerie électro chroniquée par mon collègue Ikea). Un an et demi après
The Great Misdirect et afin de fêter cette signature toute fraîche, le groupe partira enregistrer trois titres en guise d'apéritif pour la suite,
The Parallax: Hypersleep Dialogues. Un EP « concept » de 30 minutes (présenté comme un « album » par Metal Blade) servant d'introduction au prochain opus et qui marque pour la première fois l'absence du producteur Jamie King au profit de David Bottrill (Tool, Muse, King Crimson, Dream Theater). Une thématique contant l'histoire de deux personnages vivant dans des mondes séparés par plusieurs millions d'années lumières. Chacun est confronté aux mêmes problèmes existentiels et les décisions prises risquent d'agir sur l'univers entier... Aussi « tordu » que leur musique en somme ! Je ne vous cacherai pas mon scepticisme par rapport à cette nouvelle offrande attendue ardemment par les récents aficionados,
The Great Misdirect (prenant la poussière) m'ayant grandement laissé sur ma faim après le cultissime
Colors… Fin du suspense.
De leur tout premier album
Between The Buried And Me à
Colors, BTBAM n'aura jamais sorti deux fois la même galette. Un bain de fraîcheur imprévisible qui avait su générer une attente interminable à chaque nouvelle annonce du groupe de Caroline du Nord. Sauf que BTBAM semble désormais avoir trouvé son style, le quintet ne fait que reprendre ce qu'il avait déjà entamé sur
Colors : un metal méchamment barré et technique incataloguable (véritable patchwork extrême) embrassant sans vergogne du rock progressif. Ainsi à l'instar de
The Great Misdirect, le groupe ne fera que peaufiner d'avantage sa technicité et son « bordélisme » si savoureux. A ce niveau là il n'y a pas vraiment à discuter, les morceaux suivent encore cet algorithme ultra complexe (à s'emmêler les neurones) tout en étant toujours suffisamment fluide. Un point qui faisait défaut à son aîné. Ce coup-ci BTBAM arrive à mieux canaliser et à enchaîner plus « naturellement » son surplus d'idées. Mais c'est surtout son contraste « brutal / émotionnel » que l'on retiendra. Le chant angélique de Tommy (que je trouve un peu « haut » sur « Specular Reflection », comme dans
The Silent Circus), les breaks célestes rock jazzy ou les splendides mélodies font encore effet. Comme si l'aura de
Colors planait par moment (le final de « Augment Of Rebirth » et la sublime conclusion « Lunar Wilderness ») et s'échappait sans qu'on puisse la retenir : frustrant…
Comme d'habitude, un nombre d'écoutes incalculable sera nécessaire avant de pouvoir apprivoiser cette demi-heure musicale ahurissante de richesse. Les oreilles plus attentives prendront un plaisir certain à analyser le jeu des musiciens surdoués (je suis toujours aussi fan du boulot rythmique) : ce groupe est définitivement au dessus de la masse... BTBAM joue donc la carte de la « sécurité », aucune expérimentation étonnante ou aspect qui démarquerait ce
The Parallax: Hypersleep Dialogues du reste de la discographie… Les quelques tentatives « exotiques » inspirées d'un Mike Patton (amplifiées sur
The Great Misdirect) restent ici anecdotiques et apportent peu (l'introduction ratée de « Specular Reflection »). BTBAM a mis la barre tellement haute avec ses anciens albums qu'il est difficilement envisageable pour l'auditeur de se contenter d'un « moins bien » ou de quelques fautes de composition. Il est vrai que « Specular Reflection » ou la première partie d'un « Augment Of Rebirth » n'est pas vraiment au niveau de ce qu'a pu déjà pondre la bande et sent plus les fonds de tiroirs… Mais le plaisir d'écoute demeure et
The Parallax: Hypersleep Dialogues devrait tenir en haleine pas mal d'heures avant d'être complètement assimilé.
The Parallax: Hypersleep Dialogues était prévisible. BTBAM maîtrise parfaitement son sujet avec notamment de grands passages (ah « Lunar Wilderness » !). Mais tout comme son prédécesseur
The Great Misdirect, il manque cette fougue et cette envie de réellement surprendre son auditoire. Le groupe ne fait que se reposer sur les bases de
Colors mais sans son inspiration et son émotion… Espérons que les Américains ne se contenteront pas de si peu pour leur prochain album et arriveront à nous prendre de court comme dans le passé. Metal Blade devrait en tous les cas bien doper l'influence du groupe en Europe, chose méritée depuis bien longtemps déjà.
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