Ils l'ont fait… Between The Buried And Me (BTBAM) a réussi à accoucher d'un album surpassant le mythique éponyme et le fabuleux
Alaska. Si vous lisez ces lignes, vous n'avez certainement pas dû échapper au « buzz » crée autour de ce groupe « ovniesque » : des jeunots (à la tête de premiers de la classe) balançant une musique ultra bordélique et technique réussissant à rester cohérente de la première à la dernière seconde. Souvent catalogués de « metalcore progressif » du fait de leurs affiliations à leurs labels (typés « core ») Lifeforce Records et Victory Records, leur genre demeure pour ma part encore indéfinissable (ou tiendrait sur 10 lignes). Les nombreux convertis par
Alaska (sorti il y a deux ans tout juste) ont pu se rassasier de leur album de reprises
The Anatomy Of, dévoilant aux auditeurs les nombreux groupes qui auront marqués les jeunes années des membres de BTBAM. Parmi ces reprises, on retiendra surtout un nombre conséquent de groupes rock cultes (Pink Floyd, King Crimson, Queen, The Smashing Pumpkins, Soundgarden…) joués de façon magistrale, sorte de transition vers ce quatrième album
Colors (les couleurs faisant certainement références à l'éclectisme du groupe).
La pochette conceptuelle aux forts relents « rock prog seventies » en aura peut-être alerté certains mais ce sera dès les premières secondes de la sublime introduction au piano (et quel chant !) « Foam Born: (a) The Backtrack » que vous saurez à quoi vous attendre. Aurais-je bien mis
Colors et non pas une reprise rock de
The Anatomy Of ? J'ai parlé trop vite… Revoilà le penchant extrême du groupe ! BTBAM va dorénavant pleinement user de ses atouts progressifs sous exploités, les plaçant au même niveau que leurs aspects brutaux tout azimut, tout ceci bien évidemment agrémenté de divers délires carrément jouissifs.
Colors aurait d'ailleurs pu ne faire qu'un (de la même manière qu'un
Crimson d'Edge Of Sanity), chaque titre étant une suite logique du précédent. Ca me laisse tout de même la possibilité d'analyser la chose malgré ce bien beau capharnaüm musical.
La première partie de l'album (3 premiers titres) se verra légèrement moins marqué par cette balance de contraste rock/metal extrême : « (b) The Decade Of Statues » n'aurait par exemple pas fait tache sur un
The Silent Circus du fait de son intensité enivrante et de ce riff tueur fragmenté (aux similitudes d'un « Aesthetic ») sur la fin ; le très oriental « Informal Glutonny » (ce riff trémolo de folie mes aïeux !) reste quant à lui le titre déclencheur du BTBAM post-
Alaska. Ponctué de poussées planantes au chant clair de Tommy ainsi que de nappes de claviers discrètes, il rendra déjà compte du boulot incommensurable porté à
Colors. Les musiciens en herbe (et au même âge) s'en rongeront les ongles… Mais comment font-ils pour composer ces pavés où chaque seconde n'a pas été laissée au hasard ? L'écoute au casque me semble indispensable pour pouvoir se délecter entièrement de chaque note (et effets) de tous les instruments (oui même la basse !) et du son parfaitement en adéquation. Le producteur Jamie King (qui suit le groupe depuis ses débuts) donne une sérieuse leçon à n'importe quel concurrent et embelli son CV en pondant ce chef d'œuvre.
La mise en bouche faite, arrive à mon humble avis « le » combo fatal. Deux titres d'une durée totale d'une petite demi-heure qui se placent au-dessus de toute la discographie de BTBAM et qui ne pouvaient pas mieux définir
Colors. On passe bien sûr de passages chaotiques ultra violents à du rock magnifique à vous donner la chaire de poule mais l'on retrouve aussi le côté mélodique « puissance shred » ahurissant ainsi que les plans complètement décalés. L'entêtante « Ants Of The Sky » rassasiera les adeptes de la mélodie et du solo à n'en plus quitter les esgourdes mais confirmera en premier lieu le talent de Tommy. Impossible de rien ressentir lorsque le bonhomme prononcera « Sleep on, fly on. In your mind you can fly… » (« Ants Of The Sky ») ou « I 'm floating towards the sun. The sun of nothing... » (« Sun Of Nothing ») ou encore ses nombreuses nappes de claviers finement utilisées. Les auditeurs « dérangés » et fans de Chuck Norris seront aussi heureux d'entendre le passage country (« yihaaa ! ») totalement inattendu sur la fin d' « Ants Of The Sky ». Oui, la première fois çà fait bizarre… De plus BTBAM n'a jamais caché son amour pour Mike Patton et vous devriez retrouver des références directes (en particuliers les expérimentations vocales de Tommy) à ses divers groupes comme en témoignent les passages barrés de « Sun Of Nothing » et « Prequel To The Sequel » (j'adore l'accordéon !).
Comme à son habitude BTBAM proposera un interlude pour apaiser les esprits (« Viridian »), réalisé de mains de maître par le bassiste mutant après un final endiablé de « Prequel To The Sequel » (appuyé du chanteur de Fear Before The March Of Flames). Le titre de conclusion « White Walls » suivra, c'est un peu comme le titre « best-of » de
Colors, on retrouve un condensé de ce qui se faisait de mieux sur les titres précédents (mais quel break en milieu de piste : « This is all we have when we die… » !) avec un final orgasmique au rendez-vous. Les deux gratteux surdoués se renverront les soli de guitar hero à toute berzingue pendant 2 minutes après quoi
Colors se terminera comme il avait commencé, avec de douces notes de piano.
Plus d'une heure sera passée mais l'auditeur charmé en redemandera encore. Pris de manque, il se réécoutera l'album en boucle jusqu'à lassitude, chose qui ne m'est pas encore arrivée pour vous dire (après un nombre d'écoutes incalculable)… C'est avec ce genre d'album qu'on se rend compte du pouvoir de « grâce » du rock et du metal. Cela faisait je ne sais combien de temps que je n'avais pas entendu un album frôlant autant la perfection, je n'imagine même pas ce que nous réserve BTBAM pour la suite…
Colors est tout simplement un chef d'œuvre du rock et du metal.
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