*Cris de jeune fille en fleur (1m92, un quintal), larmes aux yeux et poster de
Purgatory Afterglow à la main*
On attendait ça depuis
Nightmares Made Flesh (sorti en 2004), Dan Swanö est de retour dans un groupe metal et à la composition ! Omniprésent à chaque nouvelle sortie extrême signant de sa patte sonore le mixage et/ou mastering (je vous invite à regarder le récapitulatif impressionnant sur le site web d’Unisound), le caméléon boulimique nous avait laissé sur un
Demiurg en demi-teinte en 2010 (guitariste de soutien, sous le dictat de Rogga Johansson). Puis il avait commencé à aguicher ses fans sur son forum personnel la même année. Un projet sans nom en compagnie d’un inconnu (Ragnar Widerberg), « melting pot » de ses anciennes formations (Edge Of Sanity, Moontower, Bloodbath, Diabolical Masquerade…) selon ses dires. Première pâmoison. Century Media officialisera enfin le groupe Witherscape et son album
The Inheritance en avril 2013. La syncope est cette fois fatale.
Maître Dan Swanö ne fait jamais les choses à moitié, il voit grand. A l’instar du monument
Crimson,
The Inheritance suit un « concept ». Chaque titre correspond à un épisode de l’histoire teintée fantastique écrite par Paul Kuhr (frontman de Novembers Doom). La trame se déroule dans un village au nord de la Suède au début du XIXème siècle. Le personnage principal apprend qu’il hérite d’une immense maison de ce village, une maison au passé sombre et regorgeant de secrets inquiétants (le boulot de Travis Smith sur l’artwork est impressionnant). Une atmosphère avant-gardiste et relativement angoissante (l’ombre Diabolical Masquerade plane) au premier abord. Les arpèges d’« Astrid Falls » (le meilleur morceau et premier extrait « teaser ») ou « The Wedlock Observation » donnent cette nette impression. Pourtant Witherscape prendra un malin plaisir à jongler dans les styles et les contrastes d'ambiance. Puis le sourire béat arrive, la patte indescriptible de Dan Swanö se fait sentir… Depuis 10 ans (
Crimson II), nous n’avions pas entendu les grognements de Dan tout le long d’un album, le gaillard ayant joué l’« invité de luxe » sur de nombreux CD mixés chez lui. Ce dernier n’a plus 20 ans et pourtant sa technique de growl s’est largement améliorée, un souffle plus endurant et des vocaux bien plus graves. Miam ! Comme pour
Crimson II, le bonhomme sera épaulé de nombreux guests mais il reste le chanteur principal. Impossible de passer à côté du clin d’œil au défunt Jon Nödtveidt. Les riffs d’intro et d’outro de « Mother Of The Soul » mais surtout « The Wedlock Observation » (2:46). La ressemblance vocale entre le hurleur et le leader de Dissection est plus que troublante…
Mieux vaut vous calmer adeptes d’Edge Of Sanity (old), Bloodbath et autres Infestdead, vous comprendrez assez vite que Witherscape ne se contente pas que du metal extrême. Le ratio chant clair/guttural est presque identique, les passages metal suivant ainsi la mouvance. Dan emprunte donc ses envolées lyriques utilisées dans Nightingale, la musique proposée est de facto clairement tournée vers le rock progressif (Rush, King Crimson, Marillion) et le heavy metal 80’s de leur jeunesse (Judas Priest, Mercyful Fate). Une musique en accord avec son acolyte Ragnar Widerberg, lui aussi à la composition et surtout aux leads savoureux sur chaque morceau (la « catchy » et « easy listening » « Dead For A Day » en tête ou « The Math Of The Myth »). Des morceaux paraissant alambiqués (l’écoute au casque révélera tous les moindres détails) mais au final très faciles d’accès et rapidement apprivoisables, la Dan Swanö « touch » en somme : accrocheur dès la première écoute et sans effort. L’inégalable clavier méchamment kitsch de
Moontower n’est évidemment pas oublié, le break d’ « Astrid Falls », « Dying For The Sun » ou l’intro « ultra dancy » de « The Math Of The Myth » sauront rappeler d’excellents souvenirs. La batterie (son premier instrument) de Dan paraîtra quant à elle, assez anecdotique.
La moitié de l’album écoulée, Dan Swanö, le perfectionniste “usine à tubes”, semble moins inspiré qu’à l’accoutumé. Pourtant il ne délivrera jamais un titre « médiocre » (un principe pour lui), une qualité au rendez-vous pendant près de 43 minutes. Trop court d’ailleurs pour le style proposé, la fin est quelque peu abrupte après un excellent « The Wedlock Observation » … Malgré tout, cette deuxième partie capte moins notre attention. « Dying For The Sun » à l’introduction qui rappellera Gotye (yeux sortis des orbites), « To The Calling Of Blood And Dreams » ou « Crawling From Validity » sentant les chutes de studio pour remplir la galette. Quid des innombrables hits intemporels ou des frissons crucificateurs d’antan ?
D’avantage Nightingale qu’Edge Of Sanity, Dan Swanö rend hommage à ses premiers amours heavy/rock progressif (sur les cendres d’Unicorn ou d’Odyssey) en y incorporant quelques pincées de ses racines metal. Ceux s’attendant à un
Crimson III ou un
Moontower II seront évidemment déçus. Witherscape reste avant tout un groupe à part entière, alternative à un Opeth désormais décevant. Une offrande aux compositions riches mais manquant de saveur, de passages vous donnant la chaire de poule ou de morceaux à vous entêter des jours durant. Le CV du gaillard est tellement impressionnant que forcément l’on s’attend à l’excellence. Les chroniques dithyrambiques pleuvant sur la toile sont plutôt étonnantes,
The Inheritance reste de qualité (rien que pour l’objet en lui-même) mais trop inégal et en deçà des capacités de Dan Swanö. L’épaule de Century Media ne se limite pas à Witherscape, on croise les doigts pour un futur projet ou un deuxième album plus mémorable.
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