Textures - Drawing Circles
Chronique
Textures Drawing Circles
J’avais entendu parler de Textures lors de la sortie de leur premier album, plutôt bien reçu par la presse en général. Ce que j’en avais entendu m’avait fait penser un peu à The Haunted qui se serait fait inséminé par Meshuggah (et je vous dis pas comment, mais avec une 7 cordes, ça fait pas que du bien). Je sais c’est un peu facile la référence systématique à Meshuggah dès qu’il y a de la polyrythmie (c’est le nom savant pour des chansons qui ne peuvent être jouées que par des psychotiques souffrant d’épilepsie.) dans une ou plusieurs chansons mais les suédois ont bel et bien créé un genre.
Donc après un premier album bien accouilli, les hollandais reviennent avec un 2ème album (pour ceux qui ont du mal à compter jusqu’à 2…) nommé Drawing circles, chez Listenable.
Autant dire que la recette a évolué mais les ingrédients de base sont toujours là. Du métal à gros son (mention spéciale à la production, claire, mais puissante, un très bon mixage qui sépare tous les instruments sans altérer la cohésion d'ensemble) basé sur du thrash en gros, mais avec des rythmiques à se taper la tête contre les cloisons (ou contre les murs quand on n’a pas de cloisons à proximité) quand on essaye de jouer par-dessus, mais là, le petit plus que j’ai trouvé par rapport au premier album est un apport significatif de chant clair.
Comprenons-nous : la base du chant est toujours le hurlement, que d’ailleurs Eric Kalsbeek (putain, payes ton nom impossible à taper) s’échine, mais les chansons ont été complétées par du chant mélodique, accompagné par un travail significatif sur les arrangements de grattes et de synthés. Par ailleurs ce dernier enrobe la musique plus que de se démarquer comme un instrument soliste, à la manière d’un Chimaira, dans l’esprit du moins.
Il reste que le chant clair divise toujours quand un groupe qui fait dans le métal compulsif se met à en inclure dans ses compositions. Personnellement, et ça tombe bien qu’on me demande mon avis parce que c'est moi qui écrit, je trouve que le chanteur à plutôt une bonne voix claire, un timbre à la croisée de Mike Patton et de Brandon Boyd (si souvenez-vous, du groupe qui s’appelle Incubus et qui fut un temps faisait du métal ‘achement bien avant de se transformer en surfeurs qui posent pour GAP) et les contre-chants sont utilisés à bon escient (c’est-à-dire avec parcimonie comme sur "Illumination"). Par contre, sur les cris gutturaux on le sent un peu plus juste, à l'inverse dans les cris aigus là, je trouve que c’est impeccable.
Les chansons sont toujours aussi complexes au niveau structural qu'au niveau des riffs, bien qu'un peu plus facile à suivre que Dillinger escape plan ou des plans de Converge. Donc des compositions difficilement digérables en une écoute, bien que la base thrash donne des points d'accroche comme par exemple l'intro de "Denying gravity" que suit une base polyrythmique avec force triolets et quintuples croches. En outre "les pauses" au sein même d'une chanson, souvent à base d'arpèges clairs, permettent de reposer l'auditeur (en l'occurrence, ici : moi) de la débauche technique qui me fatigue les esgourdes relativement rapidement. A propos de fatigue rapide, le gros point noir de cet album est "Upwards", qui non seulement ne sert à rien mais en plus est foutrement trop longue à démarrer pour que j'y trouve un quelconque intérêt, et même pas parce qu'elle est mélodique, mais parce que je la trouve insipide. Tout ce que j'espère, c'est que cette chanson n'était pas un exemple de leur évolution future. Là on a de la bile à se faire (même si techniquement l'être humain produit 0,5 à 1 litre de bile par jour, et aussi 200 g de caca, c'est instructif mes chroniques, non ?).
Bref honnêtement, j'ai du mal à voir (ou à entendre) comment ceux qui n'ont pas aimé le premier album vont réussir accrocher à celui-ci. Les amateurs de métal non-conventionnel devraient pourtant être ravis s'ils ne sont pas repoussés par le chant clair. D'autant plus que cette évolution est apparemment difficile à tenir en live vu le nombre de couacs fait en concert avec gojira (cf la review du concert à l'Elysée Montmartre dans notre merveilleux webzine)
| $am 14 Avril 2006 - 4251 lectures |
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