Ca y est, les Dieux Tous Puissants de la Chronique m'ont envoyé ma première épreuve criticatoire sous la forme de
« Naät », premier album de Whourkr, afin de mettre à l'épreuve mon objectivité. Vite vite, mes anti-sèches du parfait chroniqueur intègre :
*
La tête froide tu garderas
*
De sauter partout en criant « C'est génial, c'est génial ! Achetez cet album bordel !» tu t'interdiras
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Les faiblesses de l'album, s'il y en a, point tu ne tairas
Bon, c'est vrai qu'après
Gorod en début d'année, Whourkr est mon 2e gros coup de cœur 2007, mais je saurai donner le change et me parer de l'apparence extérieure du chroniqueur imperturbable. Allez, attaquons-nous à cette chro' !
Whourkr, donc, est un groupe/projet fondé en 2005 par Igorrr et OXXOXOOX, acteurs de la scène électronique française qui souhaitaient faire se rencontrer deux formes d'extrémismes musicaux : le death metal dans ce qu'il a de plus gras et l'electronica dans ce qu'elle a de plus déjantée, le tout en se laissant une large marge de manœuvre en terme de liberté artistique et d'expérimentation. Ouais alors je vous vois venir : «
Le Tchac-Thac-Boum marié au Bleuaaargl, The Berzerker, Avulsed et consorts nous ont déjà fait le coup … ». C'est vrai que la juxtaposition des deux genres n'avait jusqu'à présent donné que des résultats allant du «
Mouais bof » mollasson au «
Pas mal » tiédasse.
Sauf qu'avec Whourkr, il n'est point question de bête « juxtaposition », mais bien d'une relation fiévreuse et fusionnelle. Ici, pas de collage artificiel pondu par un groupe de death en manque d'inspiration, qui aurait simplement remplacé la batterie par des beats techno sous stéroïdes. Non, ici la fusion des genres est totale et naturelle (Couchés Keyser et Silenced-Self, j'ai dit couchés ! Oui, na-tu-relle). En général, le matériau de base d'un morceau de
« Naät » est principalement death, puis sa structure et sa texture sont cassées, accélérées, déstructurées, bref remodelées intégralement à coup de bidouillages de studio complètement excessifs et toujours très bien sentis. Mais j'insisterai lourdement sur ce point : pas ici de « remixage » de DJ à 3 balles qui essaie de relooker des morceaux metal avec un vernis dance-floor. Non,
« Naät » offre des morceaux cohérents, travaillés, et merveilleusement inventifs.
Pour vous donner une meilleure idée du travail du groupe (avant que vous vous rendiez sur
mySpace – même si les meilleurs morceaux n'y sont à mon sens pas dispo), imaginez un death metal allant du mid-tempo à la violence brutal-death, avec un accordage de gratte dans les chaussettes (coucou
Mortician et
Grave), des vocaux inintelligibles et délicieusement sub-subvocalisés (entre Squash Bowels et Cock and Ball Torture), des plages « atmosphériques » planantes et sombres (« Nhosg »), des passages de musique classique monstrueusement bien intégrés (sur « Nrrit » à 3:37 et sur « Nhosg » à 3:13), le tout assis sur une rythmique souvent basée sur la restructuration électronique des riffs de guitare. Là où les Whourkr sont très forts, c'est qu'ils savent régulièrement pondre des passages jouissifs à l'extrême : j'en veux pour preuve les fréquents cyber-mosh parts gorgés de groove qu'on retrouve sur « Kommiu » (à 1:45, puis à 3:00 et 3:13 où ça moissonne carrément le bitume !!), sur « Cera » (à 1:36 …
Disgorge ,sous ecsta, version rave party) et surtout sur « Nrrit » (à 1:13 et 2:50, et l'autre à 1:31 et 2:14 … comment je t'ai pogoté le mur de ma chambre là-dessus!!). On prend aussi un pied monstre sur « Nhosg », morceau qui mêle une ambiance épique black-symphonienne, des grattes Morticiennes, et qui semble mettre en scène l'accouplement entre un Néandertalien et un Tyrannosaurus (oui je sais, c'est anachronique, et alors ?). En plus la prod' est très bonne … Bon, j'arrête là la liste des raisons de s'enthousiasmer, faudrait un dossier spécial !
Allez, maintenant drapons-nous dans la robe du procureur général et attaquons le groupe sur ses points faibles :
1) Pas de batterie derrière tout ça, mais une boîte à rythme (vous l'auriez pas deviné tous seuls ça hein ;) ?)
2)
« Naät » ne dure qu'un peu plus de 23 petites minutes, ce qui fait bien trop peu, surtout quand on peut allègrement retirer du lot les presque 2 minutes du dernier morceau - qui est surtout un gros délire -, ainsi que la toute fin de « Nhosg » - qui est également un gros délire très peu musical.
Voilà, c'est tout, mais cette très faible durée – qui rend les « délires » extra-musicaux difficiles à digérer – explique le pourquoi de la note qui aurait du normalement aller flirter avec la perfection.
Vous l'aurez compris, Whourkr est pour moi une surprise inespérée, et le premier groupe à réussir l'alliance du death et de la musique électronique. Son premier album,
« Naät », est un condensé d'inventivité, de violence, de mélodies et de rythmiques hyper catchy qui sonnent comme la consécration d'un style nouveau - mariage de genres que l'on s'était résigné à penser impossible – que l'on espère maintenant voire exploré sur plus d'albums – et pourquoi pas par plus de groupes !
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