Si j'avais sur mes étagères l'Encyclopédie du Metal Belge en 12 volumes, je vous fiche mon billet qu'en illustration du terme « Do It Yourself » (« Système D » pour les hermétiques à l'Anglais), j'y trouverais la pochette de « MentalizatioN », 1er opus auto-produit/packagé/illustré/enregistré/distribué de Seven Tongues of God. Ce jeune groupe (formé en 2005) a en effet tout fait « à la maison », pour un résultat au final formidablement pro … du pain bénit pour le label qui aura la bonne idée de mettre le grappin dessus !
Mais avant de nous projeter dans l'avenir prometteur du groupe, laissez-moi vous donner une idée de ce à quoi ressemble STOG au sortir des enceintes d'une chaîne HI FI. Pour faire simple, « MentalizatioN » est un album de power/thrash moderne et intelligent, qui puise le groove et l'agressivité chez
Pantera, les galipettes guitaristiques tarabiscotées chez
Meshuggah, et les virées planantes et barrées chez
Textures. Ces influences sont dosées intelligemment par le groupe, la complexité rythmique héritée des Suédois ci-dessus mentionnés relevant l'intérêt d'un power/thrash qui – quant à lui – dynamise et fait thrasher l'ensemble.
Sur cette base musicale viennent se poser les lignes de chant de Wanch, chanteur au large spectre vocal qui passe des vociférations d'un Phil Anselmo, à la tessiture thrash d'un Russ Anderson (Forbidden), en passant par des grunts death, et les complaintes d'une voix claire qui doit surtout à Keith Caputo (Life of Agony) mais qu'on voit aussi lorgner vers Mike Patton (sur « God Bless Me » ou « Little Boy ») voire
Jonathan Davis (à 3:26 sur « Self Destruct ») ou Denis Belanger de Voivod (sur « God Bless Me », à 3:48). Armé de la sorte, le groupe décline sa musique avec une grande science du dosage, sachant toujours garder l'intérêt de l'auditeur en alerte. Ainsi les passages calmes, limite lounge (« God Bless Me » 2:34, « Self-Destruct » 2:50), alternent avec des bûcheronnages dignes d'un
Decapitated (début de « God Bless Me »). Les riffs jouissivement simples et directs (0:50, puis 1:19 sur « Trapped in Perfection », 1:12 sur « Self-Destruct ») côtoient des passages qui prennent à rebrousse-poil (la toute fin de « Self-Destruct », le solo de « Little boy » à 4:07…). Et le plus important, c'est que STOG nous ménage régulièrement des refrains accrocheurs et des petits passages d'anthologie qui restent après que l'album soit fini : je pense au riff qui prend aux tripes à 3:38 sur « Trapped in Perfection » … à « Démentalization », instrumental sombre à la batterie grésillante … à l'envolée thrash épique à 1:03 sur « Good enough » … ou encore à la rythmique toute Texturienne, à 0:53, sur « Little Boy » …
Tout n'est pas rose non plus du côté de nos amis belges. Pour faire le râleur, je dirais que de temps en temps, on a un peu l'impression que la voix est posée en surimpression par rapport au reste des instruments, ce qui nuit un peu à l'unité de l'ensemble. Un autre reproche, plus évident et gênant celui-là, c'est la faiblesse du chant death de Wanch - qui par ailleurs est excellent dans les autres registres … En même temps cela ne concerne que 3 passages tout au long de l'album, mais je pense que ce type de chant est à éviter (putain, ça me fait mal de dire ça, moi qui suit un gros fan de growl), ou tout au moins à retravailler. Enfin, dernier petit reproche : aux premières écoutes, on a un peu tendance à dresser une liste des styles visités, genre « Tiens, là ils jouent du
Pantera. Tiens, là c'est du
Textures. Tiens, … », ce qui montre que les influences sont encore palpables.
Maintenant, il est clair que STOG est un groupe parfaitement inscrit dans son époque, hyper motivé, et à la personnalité très forte – oui, cela se sent clairement malgré l'empreinte encore palpable de ses influences majeures. Pris en main par un label qui-n'en-veut, je pense qu'on pourra retrouver rapidement Seven Tongues Of God dans le peloton de tête des groupes Belges. On en reparle d'ici un an ou deux …
2 COMMENTAIRE(S)
09/07/2007 21:12
09/07/2007 20:11