Je vous jure, j'ai essayé, encore et encore, j'ai insisté même … Bon sang, on m'avait dit: «
Tu vas voir, c'est d'la bombe, tu peux pas ne pas aimer !» … Merde, pourtant j'adore
Textures, j'aime
T.D.E.P., je craque sur ce qui est barré, mais là … J'en suis venu à penser : «
C'est pas vrai, ça y est, je suis trop vieux: c'est comme avec l'ultra brutal death metal qui glougloute au fond du sanibroyeur, j'arrive pas à rentrer dedans comme il faudrait …». Mouais, l'âge, les goûts, le feeling, je sais pas trop: ce qui est sûr par contre, c'est qu'au final l'écoute de « Transmutations » me fait profondément et irrémédiablement chier.
Voilà, ça y est, foin de circonvolutions supplémentaires, c'est dit, l'abcès est crevé.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas Yakuza, sachez que le groupe présente ici son 4e album, le 2e pour Prosthetic, après avoir effectué un passage chez Century Media … Du lourd donc ! Ce groupe de Chicago propose un post-hardcore sludgeo-chaotique, où il mixe du
T.D.E.P., du Voivod (période « Négatron »), du Black Sab', le tout arrosé de voix claires et de saxo s'inscrivant dans des ambiances diverses, parmi lesquelles beaucoup de plages easy listening-esques. Il faudrait sans doute aussi citer les Neurosis et autres
Isis, mais là on s'éloigne de ma culture musicale (c'est bon, je suis bien discrédité là ? En même temps ça va peut-être en rassurer certains quant à la note :) ).
Cette ébauche de description est plutôt prometteuse. Malheureusement, que ce soit pendant l'écoute ou après – alors que règne le silence-qui-suit-l'album-mais- qui-n'est-pas-encore-du-Mozart-non-pas-du-tout et que ne restent plus que les impressions réminiscentes – seuls m'assaillent alors, tour à tour :
* un ennui profond, teinté de spleen, quand le saxo - utilisé de façon souvent minimaliste - « anime » de loooooooongs passages jazz-lounge-easy listening soporifiques, voire quand le groupe s'essaie au doom ou s'abandonne à des apathies post-fumettes Voivodo-Sabathiennes.
* une incoercible irritation, quand le groupe hausse le ton lors d'éruptions dissonantes, arythmiques et horripilantes de hardcore/death chaotique, sans aucune attaches mélodiques ni fluidité aucune. Ces essais post-
Meshuggiens échevelés me semblent stériles (vous remarquerez au passage la diplomatique expression d'un subjectif point de vue …), car non contrebalancés par de la puissance, du groove, ou des mélodies
Non c'est vrai, on est tout le temps en train d'attendre pendant « Transmutations », genre: «
Allez, ça va prendre là, après ce long passage calme !!? Ah ouais, mais non, c'est encore un passage qui crée une attente et déstabilise ça, trop chaotique le truc. Ca va bien aboutir sur LE passage d'enfer maintenant non ? Bon, un break au saxo là, ça vient … ? Ah mais ils sont cons là, ça repasse sur les plans saxo-dodo !! :( »
… Et dieu sait que ces titres (en tout cas les plus « pénibles ») sont looongs !!! Et vas-y que j'oscille entre 6 et 8 minutes !! Je ne vous dis pas comment ma mâchoire a morflé à force de réprimer des bâillements.
Tout n'est pas non plus à jeter aux oubliettes du metal mité, non, même à l'aune de mes canons de beautés métalliques. Ainsi, sur « Egocide », de 3:07 à 4:07, le groupe se livre à une puissante passe d'armes où les guitares reprennent leur droit et où le chant revient dans les clous, hargneux et inspiré. Plus loin 2 morceaux – trop courts ceux-là ! – raniment un peu la flamme: « Steal the Fire », qui nous offre un deathcore apocalyptique très
Drowninguien, et « Existence Into Oblivion », qui part quant à lui sur les terres d'un Voivod groovy et légèrement épique. Mais pour ces quelques minutes sympas, il faut s'en taper des atmosphères occulto-suicido-Lovecraftiennes de plus de 6 minutes qui ne deviennent jamais un vrai morceau (« The Blinding »). Il faut en bouffer des trips « 4h du mat', j'ai le whisky mauvais, la larme mal écrasée au coin de l'œil et la pluie qui floute la vitre du taxi » (début d'« Egocide », entre autre) ou des parodies d'ambiance musicale de la pub Air France (à partir de 0:57 sur « Raus ») !!!
Pour terminer sur une dernière salve corrosive, je dirai que cet album est mou quand il devrait être soft, pénible quand il devrait être stimulant, et qu'il sonne froid et artificiel … Bref la sauce ne prend pas. Si on aime la musique masochistico-intellectuelle, et les siestes mollassonnes rythmées par des réveils sporadiques et épileptiques, on peut sans doute adhérer à la démarche musicale de Yakuza. Pour ma part, je vais retourner dans ma réserve faire le plein de puissance « in your face », de groove « snap your fingers » et de mélodies « everybody singing », parce que là, ça me manque !!!
Allez, lâchons quand même un 4 pour la note finale, parce qu'il y a de l'originalité, de la recherche, et que « Transmutations » pourra peut-être en toucher quelques-uns … Mais sans cet effort empathique, on n'irait pas chercher beaucoup plus loin qu'un pauvre 2 …
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