Akercocke - Antichrist
Chronique
Akercocke Antichrist
La couleur verte de la pochette n'est pas sans rappeler l'espoir placé dans cet album par les fans du groupe. Car effectivement il n'est pas facile de sortir un successeur à Words That Go Unspoken Deeds That Go Undone (WTGUDTGU) surtout si peu de temps après et de surcroît avec un changement de personnel.
C'est pourtant seulement après un intervalle de 1an1/2 que les membres d'Akercocke ont décidé de nous livrer cette nouvelle offrande.
De prime abord ce nouvel opus peut décontenancer l'auditeur connaissant la discographie du groupe. La tendance des groupes mélangeant Black et Death métal est ici aussi en vogue et laisse une place prédominante au Death. Pour vous en convaincre il n'y a qu'à regarder les 2 reprises de l'édition limitée avec un morceau de Morbid Angel et un autre de Death. Il transparaît alors une brutalité accrue que d'ailleurs le groupe avait annoncée dans ses communiqués et, sur ce point, le groupe n'a certainement pas perverti ses propos.
En effet passée l'introduction inutile à la limite de l'insupportable de Black Messiah le premier titre déboule sans compromis avec blasts et guitares vivaces à l'appui.
Rassurez vous toutefois car même si sur cet album Akercocke se veut plus violent le groupe ne mise pas tout là-dessus et n'a pas oublié de continuer à articuler sa musique autour d'éléments variés qui s'imbriquent à merveille les uns aux autres.
En plaçant Black Messiah dans l'oubli (d'où il n'aurait jamais du sortir) on peut donc diviser les 9 pistes restantes en 3 groupes (ce qui va grandement faciliter la description et ma tentative d'analyse).
Le premier axe ou interludes regroupant The Promise, Distant Fires Reflect In The Eyes Of Satan (DFRITEOS) et Epode supporte l'album par ses ambiances et mise avant tout sur l'instrumental (pas de chant de goret ici). Dans la continuité de WTGUDTGU on reprend donc les mêmes préceptes d'organisation un au milieu un à la fin. Ainsi DFRITEOS remplace Abbadonna, Dying In The Sun alors que Epode se charge de Lex Talionis. Un changement s'opère toutefois sur Epode où le nouveau bassiste s'occupe des vocaux clairs qui cela dit ne dénotent pas avec ceux de M Mendonca. Il y aura là peut être une piste intéressante pour le prochain album.
Cependant, La réelle nouveauté nous vient de The Promise qui navigue entre morceau et intermède avec ses chants plaintifs et ses paroles déclamées qui ressortent sur une musique à l'atmosphère pesante.
Le Deuxième mouvement comprenant Sumon The Antichrist, Man Without Faith Or Trust et Footsteps Resound In an Empty Chapel représente la brutalité avec des titres directs et relativement concis.
Riffs supersoniques en trémolo (le choix est large), galopants comme la fin de Summon The Antichrist ou encore l'énormissime rythmique à 01:50 sur Footsteps Resound In An Empty Chapel l'exécution est sans faille et parsemée de détails (harmoniques 00:26 sur Man Without Faith Or Trust). Bien sûr la batterie n'est pas en reste et propose un large éventail de compétences.
Alors certes la brutalité se taille la part du lion sur ces titres cependant des accalmies viennent se disséminets pour rompre la monotonie que pourrait engager une surenchère de tapage inutile.
Ainsi le break de voix claires et d'arpèges à 01:26 sur Summon The Antichrist permet de souffler avant le chaos qui va suivre ; tandis que sur Man Without Faith Or Trust les secondes de répits accordées de 00:58 à 01:13 et la cassure intelligente des guitares en arpèges pendant que la batterie continue son martèlement intensif ne sont là que pour relancer la machine infernale de plus belle. On note également une réminiscence des premiers albums sur Footsteps Resound In an Empty Chapel dont le passage à 00:50 évoque le titre The Serpent de l'album The Goat Of Mendes
Enfin le Troisième ensemble (On garde le meilleur pour la fin) propose des morceaux avec un fort taux de contraste mélangeant habilement les genres.
Axiom allie de magnifiques arpèges à une batterie en totale rupture présentant une rythmique véloce soutenue par des blasts.
Ce contraste se retrouve aussi entre la récitation calme de la citation du philosophe Bertrand Russel et la sauvagerie émanant des instruments en toile de fond.
My Apterous Angel reprend cette recette en associant une reprise calme emplie de serénité à un final apocalyptique.
The Dark Inside : morceau original combine pour sa part Death métal et mouvance electro wave britannique grâce à un synthé saturé qui nous renvoie dans les années 80. On pense également à l'approche de Son Of The Morning présent sur Choronzon qui laissait déjà entrevoir un essai (moins concluant) dans cette direction.
Tout le long du disque les vocaux de Jason Mendonca ne faillissent jamais à la tâche que ce soit en beuglements, grognements, éructations de possédé ou dans les parties claires tout y passe et le panel est impressionnant ; mais là où le type fait réellement sont malin c'est qu'il jongle sans difficulté de l'un à l'autre.
Pour finir je tiens à souligner 3 soli dont celui de Summon The Antichrist qui apporte juste ce qu'il faut de mélodie tout en s'insérant parfaitement dans le chaos, ou encore la fin de My Apterous Angel et ses Dive Bombs pertinentes mais surtout le solo génial d'Axiom et la cassure qu'il imprime plongeant l'auditeur dans un passage parfait de 22 secondes que la basse soutient brillament.
Que peut-on reprocher cette fois à ces Anglais qui multiplient les albums de grande qualité plus vite que Jésus ne le fait avec ses pains (serait-ce là un quelconque pouvoir occulte accordé par le seigneur de l'ombre?) Pas grand chose à vrai dire.
Quelques défauts mineurs comme une production un peu trop sèche (surtout pour la batterie) mais pour du fait maison c'est vraiment bon et l'assurance technique des musiciens nous fait très vite oublier cette minime imperfection. Pour le reste, la basse adopte d'avantage de rondeur et les guitares ont encore gagné en clarté (agréable sur les nombreuses parties en arpèges). Les samples continuent d'apporter une contribution bienvenue aux différentes ambiances parfois renforcées par quelques bruitages (oiseaux, Bruits de pas au milieu de My Apterous Angel)
Enfin, j'ai pu lire que pour beaucoup cet album s'avérait décevant après l'imparable WTGUDTGU. Je reconnais bien évidemment que succéder à un album quasi parfait n'est pas évident car la comparaison a vite fait de s'installer entre les deux offrandes.
Il serait néanmoins malheureux de vouloir à tout prix exercer cette comparaison. Personnellement c'est justement par les nouvelles approches musicales proposées que cet album trouve tout son intérêt. En effet je préfère de loin un album comme Antichrist qu'un WTGUDTGU bis ; la volonté de Akercocke à proposer autre chose (tout en conservant certains acquis) prouve la bonne santé du groupe et son inspiration féconde.
À ce titre je décerne à cet album le titre d'album de l'année 2007.
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