Akercocke - Renaissance in Extremis
Chronique
Akercocke Renaissance in Extremis
Des retours, il y’en a de toute sorte : des catastrophiques, de ceux qui ne bouleversent pas les habitudes, et il y’a, plus rares, les retours en grâce, les quasi-miracles. Vous me direz, Akercocke ne revient pourtant pas de si loin après un petit split de quatre ans et une pause discographique de dix, à la suite d’un Antichrist très convaincant. Mais voilà, si ce retour est bien spécial, c’est parce que rarement ont aura vu un groupe rompre le silence en affichant un visage si transformé. Pourtant à la vue du line-up actuel, qui pourrait se confondre avec la configuration historique d’Akercocke, hormis l’arrivée de Nathanael Underwood à la basse et Sam Loynes aux claviers, les choses semblaient aller dans le sens d’un come-back dans la continuité de l’œuvre des Anglais jusqu’alors avec ce Renaissance in Extremis.
Et bien les choses sont loin d’être aussi simples. Ce qui saute aux oreilles, c’est la disparition de cette ambiance et cette imagerie érotique (pourtant David Gray est toujours de la partie) et dandy qui faisaient la spécificité du groupe. De même les morceaux plus purement death metal et brutaux, ainsi que les interludes world et autres ont disparus des radars. Les Anglais donnent l’impression de s’être considérablement assagis, tant leur musique est aujourd’hui plus douce, misant sur les mélodies et des structures complexes et dynamiques au sein d’un death metal relevé de black et de techno-thrash. En un mot, un virage metal extrême progressif assez impressionnant, même si l’on reconnait malgré ce groupe étrange qu’est Akercocke au travers d’une esthétique classieuse quasiment victorienne et décadente. Le chant de Mendonça est toujours aussi versatile, et si sa voix claire assez théâtrale sera toujours aussi clivante, l’auditeur passant au travers pourra percevoir l’émotion palpable qu’il y met, et qui apporte un plus non négligeable aux moments les plus apaisés. D’une manière générale, Renaissance in Extremis est beaucoup plus uni que par le passé. Il affiche une couleur bien particulière tout du long, bien aidé en cela par une production claire, très aérée, et il faut bien l’avouer très appréciable, qui met bien en valeur chaque instrument.
Et c’est probablement cette production très sobre évitant tout vain artifice, qui permet à un disque si riche de tenir debout, notamment aussi grâce à des mélodies toujours inspirées et captivantes, souvent exprimées dans des riffs en clair que l’on retrouve sur presque chaque morceaux. Il faut dire qu’avec cette somme de compositions bigarrées, originales et surprenantes, ne faire aucune sortie de route et éviter toute incohérence comme le fait Renaissance in Extremis relève de l’exploit. Il suffit de poser les oreilles sur les riffs techno-thrash de « Disappear », les cuivres de « Insentience » ou « First to Leave the Funeral », les attaques black metal de « Familiar Ghosts » ou « First to Leave the Funeral », encore, et surtout le death progressif et technique assez exubérant de « A Final Glance Before Departing », qui trouve pourtant de la place pour des nappes de claviers superbes, pour comprendre que l’on a affaire à un album de metal extrême progressif de très haute volée. Très, voire trop riche aux premières écoutes certes, mais toujours à bon escient, et non comme bon nombre de groupes de la scène progressive qui ont depuis longtemps tendance à surcharger des morceaux par des éléments jamais mémorables ou pertinents (le mauvais exemple à suivre de Dream Theater). Si les parties black sont beaucoup plus en retrait qu’auparavant, ce sont les solistes qui s’en donnent à cœur joie, multipliant les interventions virtuoses et mélodiques, tout en finesse. On se rend même compte à quel point c’est devenu rare sur un album de metal, à croire que le sens mélodique se perd. Evidemment le niveau technique d’Akercocke, franchement exemplaire ici, facilite les choses, que cela soit au niveau des guitares que du duo basse/batterie, très audible et créatif.
Renaissance in Extremis nous amène vers ce constat : s’il est si réussi, c’est parce qu’il synthétise tout ce qui parait manquer dans le metal moderne actuel, à commencer par une production équilibrée et non exagérée, des soli de feu et une section rythmique significative et osons le dire, assez délicieuse. Si ce changement relatif de cap effectué par les Anglais pourrait décevoir les amateurs de bizarreries ésotériques et sexuelles, les raffinés mélomanes clients de musique progressive et de metal extrême se régaleront avec ce sixième album, clairement l’un des meilleurs du genre sorti ces dernières années, et surement le disque d’Akercocke le plus abouti dans ce sens. Un retour en grâce nous disions ? Mille fois oui.
| Neuro 28 Mai 2018 - 1772 lectures |
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