Récemment, je me faisais une réflexion après avoir vu un concert d'un très mauvais groupe de black metal où deux des quatre membres ressemblaient plus à des membres de Sum 41 qu'à des amateurs de metal extrême : dans le black metal, le look est tout de même révélateur de la mentalité du groupe. On peut diviser les divers groupes en trois grandes catégories : les conservateurs et/ou ceux qui attachent de l'importance au folklore black metal, et qui ne sortiraient pas en concert sans leurs 38 pots de maquillage noir et blanc, leurs pantalons en cuir, ceintures de balles et autres bracelets à clous. La seconde catégorie est celle des metalleux sobres, qui ont le look que nous adoptons tous pour sortir en pleine rue sans que les riverains aient envie d'appeler les flics, et dont les groupes s'éloignent généralement des thèmes traditionnels du style. La dernière catégorie est celle des jeunes metalleux fraîchement arrivés qui n'ont pas encore eu le temps de se laisser pousser les cheveux et se fringuent avec des baskets et des baggies en se peinturlurant vite fait la gueule pour faire « trve », dont le niveau du groupe de black metal qu'ils ont monté s'avère être désastreux, ses principales influences étant généralement Slipknot, Dimmu Borgir et Mayhem (pour faire « trve », encore une fois). Malheureusement, il se trouve que Vanmakt fait partie de cette dernière catégorie.
Je vous laisse jeter un coup d'œil rapide à leur
myspace et au clip de « My Darkest Hate » (remarquez le titre digne d'un poème écrit par une gothique en classe de seconde) pour admirer leurs tronches et leurs accoutrements rigolos. Mes suppositions se sont bien vite révélées exactes, le jeune groupe s'étant formé en 2006. Comme il est étiqueté « suédois », Vanmakt m'a tout de suite intéressé, car j'ai en effet la nostalgie de cette merveilleuse scène suédoise de la fin des années 90 début 2000, où des combos comme Thy Primordial, Sacramentum, ou encore des groupes plus connus tels que Marduk et Dark Funeral régnaient sans partage sur la scène black metal mondiale. Et malheureusement, je peux dire que si ce sont des groupes comme Vanmakt qui se mettent à représenter la Suède, ce beau pays n'est pas prêt de retrouver son hégémonie d'antan.
Si j vous dis que ce Vredskapta Mörkersagor (à vos souhaits) sonne un comme un album de black metal suédois, je ne pense pas trop vous surprendre. On sent très clairement que Vanmakt a révisé ses classiques, Dark Funeral en tête, et nous pond des riffs dans la plus pure tradition du genre : la guitare tient la note en double croche sur plusieurs mesures et brode lentement la mélodie répétée à plusieurs reprises, pendant que la batterie blaste et varie légèrement d'une répétition à l'autre. C'est basique mais efficace, la recette a déjà maintes fois fait ses preuves. Seulement deux problèmes se posent.
Le premier problème vient du fait qu'entre ces parties somme toutes entraînantes, le groupe nous gratifie de breaks peu inspirés, généralement composés d'un ou deux accords de guitare appuyant quelques arpèges avec un contretemps à la batterie. En plus de ne pas être très black metal, ce genre de parties a la malencontreuse conséquence de faire retomber toute la pression et l'intensité du morceau, ce qui fait que l'on ne retient généralement que les deux ou trois riffs rapides qui le composent, le reste paraissant horriblement longuet.
Le second problème est que ces riffs typés black suédois qui sont le seul intérêt du groupe, j'ai l'impression de les avoir déjà entendu mille fois, et ils sentent même parfois le Dark Funeral à plein nez. Vanmakt fait donc au mieux une repompe des classiques et au pire des breaks molassons sans grand talent saupoudrés de mélodies téléphonées. Ajoutons à cela une production très claire (qui fait que l'on entend très bien la basse) mais beaucoup trop propre pour du black metal et les quelques tentatives de mise en place d'ambiance tomberont à l'eau les unes après les autres. Cette description est certes sévère mais c'est vraiment ce que je retiens de cet album au bout de quelques écoutes…
Bon, il faut souligner deux points positifs de ce Vredskapta Mörkersagor , ce sont le chanteur et le batteur (même si ils ne ressemblent à rien). Les vocaux sont de très bonne facture, variés, relativement puissants, sortant directement de la gorge, et aident à faire passer la mollesse de certains passages. Il faut aussi noter un très très bon batteur, rapide, précis, variant bien plus souvent ses parties que ses petits camarades, et possédant un excellent jeu de double. Nul doute qu'il finira chez Marduk dans quelques années quand ses cheveux auront poussé.
N'allez pas croire non plus que cet album soit un naufrage total, les deux ou trois passages sympathiques qui parsèment chaque morceau sont de fort bonne facture et se laissent écouter sans déplaisir, les musiciens savent jouer et la durée totale est tout à fait convenable. Malheureusement, Vanmakt souffre d'un évident manque de maturité, noyant des passages mille fois entendus dans d'autres passages quant à eux bien moins appréciables. Peut être qu'avec un gain d'expérience, une grosse épuration de leur style, une démarcation de leurs influences plus nette et une image moins juvénile, le groupe arrivera à percer. Pour l'instant il y a encore du boulot, et le successeur de Thy Primordial se fait toujours attendre…
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