The ARRS - Héros | Assassin
Chronique
The ARRS Héros | Assassin
Depuis quelques années déjà The ARRS a su se faire un nom sur la scène française jusqu'à devenir l'un des fers de lance du hardcore-métal, grâce à une première démo
(« Condition Humaine ») et un premier album (« Et La Douleur Est La Même ») chaudement accueillis par le public et les critiques (cf les deux chroniques de Chris). J'avais d'ailleurs également beaucoup apprécié ce premier effort sur lequel le groupe nous montrait une certaine propension à pondre des titres très efficaces grâce notamment à des riffs de guitare bien acérés et une voix rageuse. Malheureusement avec son second opus « Trinité » le groupe semblait pourtant choisir la voie de la facilité en menant sa barque vers les rivages plus métalcore et donc beaucoup moins intéressants qui avaient eu raison de moi. Alors finalement, ayant fait l'impasse sur « Trinité », quel visage allait m'offrir The ARRS sur ce « Héros Assassin »? Celui hardcore-métal des débuts ou celui métalcore hérité du précédent album?
Ni l'un ni l'autre et les deux à la fois mon capitaine. Le groupe, fort de sa récente signature sur Season Of Mist, nous propose sur ce nouvel opus une musique certes bien énervée comme on l'aime mais cédant malheureusement aux sirènes métalcore notamment par ces chants clairs aussi horribles qu' inutiles. Dès l'entame de l'album on sent pourtant que nos parisiens sont prêts à en découdre et n'ont rien perdu de leur hargne et de leur férocité avec « Cannibale » au début pourtant tellement stéréotypé dans sa rythmique. Les riffs de guitare acérés sont bien là et en grand fan de The Acacia Strain ce n'est pas cette accélération à 1'06 qui va me déplaire. Mais passées les 2 minutes on tombe bien vite sur un os, un gros os: un refrain en chant clair absolument affreux qui vient dénaturer cette chanson jusqu'ici ultra efficace comme un furoncle sur le visage de Jaime Pressly. Et c'est malheureusement tout le problème de cet album (comme beaucoup d'albums de métalcore oserais-je dire) car cette musique se veut essentiellement efficace et c'est évidemment ce qui ressort en premier des ces riffs et de ces rythmiques endiablés, mais à quoi bon alors parsemer le tout de ces chants clairs complètement incongrus (rien à voir avec celui judicieux et prenant sur «Aussi loin que le regard des anges ») ? Un titre comme « Sacrifice » tombe totalement à plat alors que c'est certainement potentiellement l'un des meilleurs de l'opus, et que dire d'un « Sombre univers » qui nous rappelle les pires moments de Caliban? Bref je ne peux m'empêcher de ressentir comme un gros sentiment de gâchis.
D'autant plus que l'on sent le potentiel évident de The ARRS et cette envie bridée d'envoyer la sauce purement et simplement comme nous le prouvent des titres tels que la très hardcore « Nihil est in homine », « Seul contre tous » ou « Vengeance » qui se retrouve du coup propulsée tuerie de l'album sans problème. Car quand The ARRS ne s'embête pas en fioritures superflues on ne peut qu'être convaincu par l'énergie dégagée par une section rythmique bien affûtée et la voix de Nicolas toujours emplie de rage, lorgnant d'ailleurs parfois presque vers le growl. La plupart des chansons d'ailleurs, une fois ces chants clairs mis entre parenthèses, sont de véritables appels au headbang ou à la pratique d'arts martiaux divers (je pourrais presque citer tous les titres). Avec en plus une production vraiment puissante comme celle-ci, c'est dommage de rester sur sa faim.
Les fans qui suivent le groupe depuis des années ne se laisseront certainement pas impressionner par ces chants clairs (qui étaient déjà présents sur le précédent opus apparemment), personnellement c'est quelque chose que j'ai du mal à comprendre. Quel est l'intérêt de jouer une musique aussi efficace que du hardcore metal si c'est pour ramollir le tout à coup de chants clairs oiseux? Autant assumer pleinement ce côté mélodique et proposer de vrais refrains travaillés, systématiques et ne venant pas affadir bêtement une chanson. Là on a un peu l'impression de manger une cuillère de crème chantilly en plein milieu d'un bon boeuf bourguignon. Bref même si globalement ce « Héros Assassin » n'est pas dénué de qualités et d'intérêt pour tous ceux qui aiment se manger de bonnes grosses tartes hardcore-metal dans la gueule, on ne pourra que regretter que nos cinq parisiens se laissent prendre par une mode (puisque c'est bien de cela dont on parle ici) qui me semblait pourtant sur le déclin. Il faut croire que j'avais pris mes rêves pour une réalité...
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