Ah non, pas deux fois de suite! Le coup de l'appât, lancé sur un sampler metal, qui te plante violemment un hameçon dans l'oreille puis te laisse le caleçon sur les chevilles pendant pas loin de 2 ans, ces gredins d'Arno et Axel nous l'avaient déjà fait avec "She-Male Whoregasm". Et voilà qu'ils remettent ça début 1999 sur le sampler du 9e hors série de Hard Rock Magazine Extreme. Cette fois encore, nos deux roublards de service ont utilisé une amorce de qualité supérieure avec le morceau "Maniac", et c'est sans mal qu'ils ont remonté un plein filet de métalleux avides et curieux. Et une fois encore, ces sadiques adeptes du "plus c'est long plus c'est bon" nous ont fait poireauter jusqu'en décembre de la même année avant de se décider à lâcher "French Cancan", album parenthèse constitué quasi uniquement de reprises diverses et variées.
Mouais, vous dites vous - si si, je vous connais: les albums de reprise, c'est bon pour les groupes en mal d'inspiration. Alors nous pondre ça après seulement un album … Oui sauf que là les enfants, la maquilleuse qui s'en va grimer des classiques s'appelle Carnival in Coal, groupe complètement frappé qui - rappelons le à ceux qui ne regarde qu'un épisode sur 3 de la saga Thrasho - mélange growl grumeleux, funk, shrieks haineux, disco, BAR déraisonnable, synthé kitschos et tranches de fun en barre de 2 mètres. Aucun groupe ne sonnant comme cette entité bigarrée (
à part peut-être les excellents russes de Boney Ne M), l'idée d'entendre des classiques revisités à leur sauce sucrée/salée/alcoolisée a de quoi mettre l'eau à l'oreille et la puce à la bouche …
"Constitué quasi uniquement de reprises" écrivais-je donc presque à l'instant. "Quasi" car le groupe propose également deux nouveaux titres au milieu de ce tribute freak show. Et je dois dire que c'est sans doute une bonne idée de les avoir placé ici plutôt que d'avoir "dénaturé" un brin un de leurs albums réguliers. Pas que ces morceaux soient mauvais - le sombre et violent "Out of Misery" est très sympa par exemple -, mais ils sont quand même bien trop "sur les rails" par rapport à l'habituel kaléidoscope musical à nez rouge. Le plus déstabilisant de ces titres est "My Favourite Armchair", sorte de dark easy listing dépressif assez uniforme dans le ton (
à l'exception d'une poussé black à 2:12) et aussi fun qu'une molaire bouffée aux 3/4 par une vilaine carie. Allez, puisqu'on en est à causer des petites imperfections de l'album, attaquons-nous à "Mama". Ce morceau génialissime de Genesis est tellement inattaquable que Carnival in Coal semble ne pas trop avoir osé le travestir, hormis quelques growls épars. Et bien mal leur en a pris car à trop tutoyer l'original, l'auditeur finit par se voir contraint à comparer les deux versions à armes égales, et à ce petit jeu celle des français est, certes, parfois aussi bonne, mais parfois un peu moins, malgré le support de l'excellent Ludovic Loez (
Supuration ). Echec - relatif - de la démarche donc, mais c'est bien l'exception qui confirme la règle.
Dans un registre assez proche (
du point de vue de l'esprit dans lequel a été traitée la reprise), le groupe s'en tire bien mieux sur "Baker Street". En ce qui concerne "Bark at the Moon" et "Piranha" (
non, pas celui d'Exodus ), j'avoue que je ne connaissais pas bien les originaux, mais ce qui est sûr c'est que le groupe réussit à faire sonner ces morceaux comme leurs propres créations, le premier brillant entre autre par une très bonne performance de la lead (
tenue par Pascal "Betov" d'ADX), et le deuxième offrant au groupe une nouvelle occasion de donner dans le death metal nawakesque hyper enjoué. Mais le véritable acte de bravoure de "French Cancan" tient - à mes yeux tout au moins - dans les 3 titres passés jusqu'ici sous silence. C'est tout d'abord "Fall From Grace", version magic circus du classique de
Morbid Angel complètement transfiguré et merveilleusement irrévérencieux. C'est ensuite le cultissime pastiche de
« Fucking Hostile », dont seul le « One - two – three – four » introductif a été conservé à l'identique, la suite étant devenue une joyeuseté easy listening légèrement chaloupée sur laquelle je me bidonne systématiquement à chaque écoute: difficile de détourner autant un morceau de son propos initial tout en produisant autre chose qu'une grosse blague de potache. Et pourtant, il aura rarement été aussi agréable d'être frustré qu'à l'écoute de ce morceau. Et finalement la pièce de choix reste « Maniac », sublime version extrême de ce tube extrait du film « Flashdance » qui, d'une invitation à se secouer la gourmette sous la boule à facettes, se mue en un brûlot speedé, virulent et terriblement accrocheur. Tellement bon qu'on en viendrait à espérer la sortie d'un « Saturday Night Fever à Zombieland » pour que le titre y exprime tout son potentiel sur une hypothétique B.O.
Avec deux reprises cultes et quatre autres allant de l'excellent au très bon - et malgré quelques petits hors sujets dont on peut tout à fait s'accommoder -, « French Cancan » se révèle être une galette de premier choix, pas seulement destinée à un public de fétichistes raffolant de l'exercice imposé de la cover song, mais pouvant contenter un large public de métalleux curieux.
« She's a maniac, maaaaaaaaa-niac, on-the-floor
And she's growling like she's never growled before … »
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