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Carnival in Coal - Vivalavida

Chronique

Carnival in Coal Vivalavida
Avril 1997: Hard Rock Magazine n°23 sort en kiosque accompagné du 5e CD sampler de son histoire. On trouve quelques trucs bien sympas sur cette rondelle d'autant plus attendue que myspace devait encore végéter dans les limbes des possibles pendant pas loin de 7 années avant de rejoindre le quotidien de milliers de métalleux insatiables. Après un « Threatening Skies » qui donnerait envie de reprendre espoir en Obituary et un « I Am The Killer Of Trolls » jouissif – dont tout forum qui se respecte devrait faire son hymne – déboule, en toute dernière position du sampler, une claque, un OVNI, un oxymore musical aussi improbable que merveilleusement frais. « She-Male Whoregasm » que ça s'appelle, morceau vraisemblablement extrait d'une démo prometteuse. Le groupe? Carnival in Coal, inconnu au bataillon. Et puis? Quasiment deux longues années d'attente, les sens en éveil, l'oreille humide, la barre douloureuse dans le caleçon …

Et en janvier 1999, paf! Viva la Vida di Mierda! Non, Carnival in Coal n'était pas qu'un poisson loufoque lancé par un magazine en mal de fun métallique dans les eaux décibéliques d'un gris mois d'Avril. Alan Thursday Morning (Arno) et Karl Zengerls (Axel) were back, et le grain dont ils avaient fait montre sur leur mise en bouche hermaphrodite (répéter doucement ces derniers mots, tenter une visualisation et faire attention à ne pas tâcher la moquette avec les choco BN du p'tit dèj') étaient de retour comme en 40, sur pas loin de 11 – allez va, 12 avec le bonus – titres pleins de synthé-disco-clap your hands kitchissimement accrocheur, de bleuargl et de shrieks de fond de gorge glaireuse, de BAR synthétique déchaînée, d'agression chaudement death et d'un coquin de clavier. Ah, et beaucoup de zboïïïïngs, de tchica-tchica et de na-na---nanana! Important ça, les na-na---nanana.

Si le metal avait déjà goûté à grandes louches aux mélanges des genres avec toute la scène fusion qui avait mis du reggae (Bad Brains) du funk (Living Colour, Infectious Grooves ...) du rap (Body Count) & co dans la sauce à guitares, personne n'était allé aussi loin, sur une durée aussi longue, dans le mélange de la pure disco à gros néons rose et bleu avec du brutal death et du black de fond de bosquet. Sur des textes traitant majoritairement de sexe déviant avec un humour fourni en dose anti-homéopathique, la France découvrait un chanteur protéiforme aussi bon dans le growl le plus profond, le croassement black le plus démoniaque que le chant clair le plus … clair. D'ailleurs les références du gus parlent pour lui: Swanö, Patton, Bo Summer, Gene Simmons, Ihsan, Devin Townsend, Barney Greenway, Joe Jackson, Robbie Williams… Côté musique, l'homme orchestre aux manettes appréciait autant Mr Bungle que Mickael Jackson, Carcass que Aphex Twin, Gloria Gaynor que Emperor. Ce qui explique mieux le contenu d'un « In Darkness Dwells Vice », son passage black sympho à 1:52 suivi d'un plan vocalement très pop Pattonienne, puis d'une bruterie death parcourue de pinponpin-pinponpin cartoonesques, sa plage puissamment move your ass à 3:33 et son pur passage de ragga muffin à 4:25 qui retombe vite dans le gros death qui tâche.

Les esprits chagrins argueront d'une musique qui sonne parfois un peu cheap. Pas que la prod soit mauvaise, non, mais le synthé kitsch, plus la BAR qui ne fait pas franchement illusion, plus les sorties de route sur certaines virages metal extrême / disco négociés un peu à l'arrache (ça sent plus la juxtaposition que la véritable fusion sur « Dressed Like Pazuzu ») feront souffrir les moins open d'entre vous. Mais l'irrésistible accroche du groove à l'œuvre, la justesse de mélodies qui font immanquablement mouche, la malice et le bonheur de batifoler ainsi comme des passagers clandestins par delà les frontières usuelles des genres et des bonnes manières, toute cette énergie positive qui déborde de « Vivalavida » fait totalement oublier les quelques possibles approximations de ce premier essai. Bordel « In Darkness Dwells Vice », quelle bombe quand même! Et la décadence jouissive de « Entrez le Carnaval » et son français volontairement approximatif! Et ce « Everyone gathers to take advantage of me » sur « Got raped »! Et ce duo growl caverneux / élucubrations à la Manu Chao sur le début de « Yeah, Oystaz »! Et l'hymne intergalactique qu'est « She-Male Whoregasm »! Et Cyril on va te briser les rotules à coup de raquette de tennis si tu continues avec tes exclamations à la con sans même en verbe! Oups … hum ….

Bref: les US avaient fait mouiller les excentriques du Globe avec Mr Bungle? Tremblez Patton, Spruance et Dunn: après SuperDupont, la France allait faire reparler d'elle sur le front des super héros à béret avec un Carnival in Coal que quand il est contrarié, il rigol' pas des g'noux … Cet album est tout simplement incontournable pour quiconque aime le metal extrême – et plus largement la musique – accrocheur, les bonnes poilades orientées cul, les tartines de cotes de porc au Nutella, ainsi que pour ceux qui croient que quand on mélange la serviette metal extrême aux torchons extra métalliques et qu'en plus on se permet de ne pas être sérieux, on fait forcément de la merde … Allez, on prend des notes les gens!

« A living wonder, a total freak of nature.
Watch it here it comes to boom boom your butt baby!»

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Carnival in Coal
Metal extrême inclassable et barré
1999 - War On Major Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (6)  8.5/10
Webzines : (6)  8.54/10

plus d'infos sur
Carnival in Coal
Carnival in Coal
N'importe nawak Metal - 1995 - France
  

écoutez
tracklist
01.   In Darkness Dwells Vice
02.   Entrez le Carnaval
03.   Urine Facewash
04.   Got Raped
05.   Yeah, Oystaz
06.   Narrow-Minded Sexist Pig
07.   A Swedish Winter Tale
08.   She-Male Whoregasm
09.   XXX Dog Petting
10.   Dressed Like Pazuzu
11.   Turn Everything Upside Down Twice

Durée : 48:40

line up
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