Yoth Iria - Under His Sway
Chronique
Yoth Iria Under His Sway (EP)
Que peuvent donc faire comme style de musique Jim Mutilator, - ex Rotting Christ et ex Varathron -, et The Magus, - Necromantia, Thou Art Lord, ex Rotting Christ -, quand ils décident de collaborer ensemble? Rien de moins que du black metal hellène à l’ancienne, si je puis dire. C’est d’ailleurs un peu comme cela que cette collaboration, née en deux mille dix neuf, est annoncée sur leur site officiel, à savoir le retour de deux protagonistes historiques de la scène black metal, et au vue de leur pédigrée, il n’y a pas tromperie sur la marchandise, l'on rappellera pour les deux du fond qui ne suivent pas que ces deux musiciens ont enregistré les deux classiques Thy Mighty Contract et Non Serviam ensemble. Ils sont d’ailleurs accompagnés ici par George Emmanuel qui a été guitariste live pour Rotting Christ. Dans tous les cas, Yoth Iria s’inscrit bien dans cette tendance actuelle en Grèce de renouer avec les sonorités du black metal grec du début des années quatre vingt dix. Et je dois avouer que cela fait du bien.
L’on ne va pas se mentir, Yoth Iria n’invente aucunement l’eau chaude et nous présente un black metal mélodique et épique, avec ce qu’il faut d’ambiances et de variations pour séduire tout amateur de ce style, mais surtout avec suffisamment de variations et d’assimilation d’influences autres que black metal pour enrichir son propos. Plus précisément, les Grecs nous présentent ici deux compositions assez dissemblantes dans l’exécution mais aux rendus similaires et une reprise de Rotting Christ, avec le titre Visions of the Dead Lovers, qu'ils avaient enregistré à l'époque. Pour les caractéristiques communes entre les deux compositions originales, l’on insistera sur la variété des rythmes, l’agrément de claviers donnant une emphase assez mystique à l’ensemble, l’ajout de chœurs guerriers sur Under His Sway et de chants arabisants sur Sid-Ed-Djinn, et tout ce qui donnera cette coloration évidemment chaude et occulte à l’ensemble. Mais n’allez pas penser que ce sont juste des effets de manche qui prennent les devants, le black metal de Yoth Iria fait surtout la part belle aux guitares, à ces magnifiques trémolos inhérents au genre, à ce travail mélodique bien léché et à des riffs dynamiques.
J’évoquais plus haut des différences entre les deux compositions, elles sont notables, entre le titre éponyme qui est dynamique, et Sid-Ed-Djinn qui comprend un riff, celui sur l’introduction et sur le final, qui est digne d’un Candlemass et qui donne une emphase toute solennelle à l’ensemble, tout en étant bien puissant. Encore une fois, cette variété donne vraiment un plus à tout ceci, et il y a quelques passages où l’influence du heavy metal traditionnel est assez notable. Évidemment, comme nous n’avons pas à faire à des perdreaux de l’année, il y a une excellente qualité d’écriture sur ces deux titres, avec des nuances, comme ce break mélodique sur Under His Sway, qui apporte une petite touche de nostalgie à l’ensemble, ou bien ces arpèges de basse sur Sid-Ed-Djinn précédant un passage bien plus véloce, ou bien encore sur ce même titre les passages avec le chant féminin arabisant, vraiment très beau. The Magus n’a rien perdu de ses qualités de chanteur, dominant bien les débats avec son chant écorché et un peu rampant. Et bien évidemment tout ceci se retrouve sur la reprise de leur ancien groupe qui se voit reliftée pour l’occasion, les moyens de production étant bien meilleurs désormais qu’en mille neuf cent quatre vingt treize.
Encore une fois, il n’y a rien de foncièrement original dans le propos de Yoth Iria, mais là n’est sans doute pas ce qu’il faut chercher chez cette formation. Ici, l’on a deux des acteurs majeurs de la scène hellène qui nous rappellent au bon souvenir de tout le monde et qui nous démontrent qu’ils n’ont rien perdu de leur inspiration et qui sont toujours capables en deux mille vingt de faire du black metal grec à l’ancienne, en s’étant enrichi de tout ce qu’ils ont pu assimiler depuis une trentaine d’années, et en restant pertinents. Gageons que cette amuse gueule soit confirmé par un premier album qui ne devrait pas tarder à sortir. Dans tous les cas, ça fait plaisir de retrouver ces deux musiciens dans une telle forme olympienne.
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