Bathory - Nordland I
Chronique
Bathory Nordland I
Petit préambule avant d'entamer cette chronique: au même titre que mon confrère Cyril, qui vous a gâté avec une kro-fleuve de Blood Fire Death, je suis un vrai néophyte de la longue discographie de Bathory. N'espérez donc pas de moi des comparaisons à outrance avec d'anciens albums, ou une mise en abyme de celui-ci vis-à-vis de l'ensemble des autres œuvres ayant émergées de l'imagination foisonnante du regretté Quorthon : je ne saurais être à la hauteur de vos attentes.
Maintenant que le cadre est fixé, nous pouvons nous lancer à la découverte de ce « Nordland I », qui comme son nom l'indique n'est que le premier volet d'un concept étalé sur…2 albums. Ici, nous ne verrons que le 1er opus de cette série, ayant été découragé à la sortie du « II » par les critiques négatives je n'y ai prêté encore l'oreille, mais qui sait, peut être un jour étalerais-je quelques lignes sur celui-ci également.
« Nordland I » fut donc mon dépucelage pour Bathory, et très franchement je pense être bien tombé pour une première fois. J'imaginais, à la vue de la pochette et connaissant un peu l'univers du groupe, une musique épique, sombre, torturée mais fédératrice autour des valeurs que sont la nature, les paysages d'hivers (j'avoue que la pochette aide au voyage), et probablement quelques références aux poncifs de l'heroic fantasy et de la culture viking. Pas de doute, je n'étais pas loin du compte, alors que « Prelude » faisait son entrée dans mon univers musical. Une intro très classe, épique, qui sonne comme une BO de film, une sorte de « Conan » revisité. Il ne faut pas bien longtemps pour que « Norland » ne lui succède, et donne le LA de cet album : long, contemplatif, et subtilement mélodique, le métal de Bathory a clairement les moyens de ses ambitions, et c'est une musique propice aux images qui se déroule sous nos yeux, enfin dans nos oreilles plutôt.
De prime abord j'étais captivé par le travail au niveau des vocaux : Quorthon a une voix sublime, et son chant clair, souvent doublée voire triplé, est véritablement enchanteur et en parfaite adéquation avec l'intensité épique de ses compositions. Souvent renforcé par des chœurs (uniquement masculin, c'est de la musique d'Homme avec un H majuscule dont l'on parle ici), les parties vocales de ce « Nordland », aussi bien titre qu'album dans son ensemble, méritent à elles seuls le détour.
Quorthon aime jouer sur le long terme, et on frôle ainsi régulièrement les 8 voire 9 minutes de compositions. Parfois le temps se fait un peu plus long que souhaité, et c'est là l'un des écueils que rencontre l'album : certains titres tirent inutilement sur la longueur, et auraient véritablement gagnés à être raccourcis de quelques couplets / refrain, vu que c'est la formule usitée à outrance ici. « Nordland », « Foreverdark Woods » et « Mother Earth Father Thunder », bien que pourvu de nombreuses qualités, sont ainsi des titres que je zappe régulièrement avant la fin du voyage, pour raison de redondance musicale principalement. On pourra dire tout ce que l'on veut sur l'aspect épique de la chose, ce n'est pas au nombre de minutes que je valorise ma dose de sensations fortes.
Que cela ne vous refroidisse cependant pas, car excepté ces longueurs inopportunes, il faut bien reconnaître à Quorthon un talent évident pour composer des titres de qualité : sonnant souvent comme du heavy avec des couilles, sans omniprésence de solis et de démonstration technique, les titres sont pour la plupart bâtis sur un voire deux riffs principaux, qui sont répétés à l'envie et donnent une ligne directrice à l'album. Sur des tempos majoritairement lents, et propices à l'instauration d'une ambiance souvent glaciale mais non dénuée d'espoir, chaque titre est une longue mélopée qui respire l'esprit Pagan et Viking à plein poumon. Le pesant « Vinterblod » a ainsi ce charme du titre qui prend son temps pour s'installer et s'imposer comme un véritable hymne, lourd et musclé, voué à vanter les richesses du "Nord" (quelqu'en soit la signification). « Dragon's Breath » a cette même qualité, et animé par des mélodies plus présentes en arrière plan, est un mastodon heavy de première qualité. Quorthon n'oublie pas cependant que le métal peut aussi se jouer à forte vitesse avec un « Broken Sword » faussement tranquille, belle intro acoustique avant que la cavalerie ne se déchaîne et aboutisse d'une cavalcade heavy superbe, puissante et racée. Et quand les deux univers se mêlent, on aboutit au magnifique hybride « Great Hall Awaits A Fallen Brother », qui derrière sa première partie quasi thrash cache un cœur d'artichaut qui nous fait fondre de plaisir à partir de la 5e minute. Ici, les 8 minutes passent pour une fois comme une lettre à la poste, quand celle-ci n'est pas en grève bien entendu.
Il serait fastidieux de vous décrire toutes les étapes de cette heure de voyage : je ne vous soumettrais donc pour finir de vous convaincre qu'un paragraphe court mais nécessaire destiné à vanter les louanges des apparitions acoustiques de notre instrument préféré à 6 cordes entre les mains de Quorthon. En 3 mots : « Ring of Gold ». Derrière ce titre qu'on croirait sorti de l'index des chapitres du Seigneur des Anneaux se cache le tout meilleur titre de ce « Nordland I », et probablement l'une des plus belles balades acoustiques dont le métal ai jamais accouché. Sublime, poignante, et portée par une prestation vocale de Quorthon à tomber par terre, ce titre est la perle de cet album et justifie à lui seul qu'on se penche sérieusement sur cet album.
« Nordland I » est une parfaite introduction à la discographie foisonnante de Bathory : très aisé d'accès, riche en hymnes qui je pense symbolisent bien le concept du groupe (l'une de ses périodes tout du moins), ce fut un plaisir que d'accoucher de ces quelques lignes pour en partager mon amour avec vous. Et puis entre nous, n'est-ce pas le summum du bon goût que d'avoir dans sa discothèque un album qui comprend une cavalcade effrénée (0 :17 sur « Foreverdark Woods », passage aussi communément appelé « chérie, je crois qu'il y a un cheval dans ta chaîne hifi ») et des cris de mouettes (l'instrumental planant « Heimfard ») au milieu de ces innombrables riff ? La classe absolue, et tellement métal!
| Chri$ 21 Février 2010 - 4145 lectures |
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