Si le deuxième album de Venom a donné son nom au Black Metal et que d’une manière générale
Welcome To Hell (1981),
Black Metal (1982) et
At War With Satan (1984) ont permis de poser les bases d’un style en devenir, je fais partie de ceux qui ont toujours préféré la musique et l’approche de Bathory à celle des Anglais que je juge encore trop proche du Speed / Thrash / Heavy Metal. Sorti en 1984, soit trois ans après le premier album de Venom,
Bathory se distingue d’emblée par sa nature plus âpre et déglinguée. Un aspect beaucoup plus sale et malveillant que Quorthon va entretenir au moins jusqu’à l’excellent
Blood Fire Death et qui, quelques années plus tard, va inspirer toute une scène norvégienne dans ce mouvement que l’on nomme communément la "seconde vague".
Formé à Vällingby, en périphérie de Stockholm, Bathory voit le jour en 1983 sous l’impulsion de Thomas Börje Forsberg. Celui-ci est rejoint par Frederick Melander et Jonas Åkerlund (devenu par la suite cinéaste (le sympathique Spun en compagnie de Rob Halford) et réalisateur de clips pour The Prodigy, Metallica, U2, Madonna...). Suite à un désistement de dernière minute, le trio va participer à la compilation Scandinavian Metal Attack publiée par le label Wave Records, une sous-division de Tyfon Grammofon où travail Börje Forsberg, le père de Quorthon. Face à la multitude de lettres reçues au sujet de Bathory, le label propose alors au groupe de sortir son premier album. Quorthon doit cependant faire face à des soucis de line-up et engage alors Rickard Bergman (basse) et Stefan Larsson (batterie). Après leur seule et unique répétition ensemble, le groupe enregistre son premier album au Heavenshore Studio, un garage réaménagé où seront enregistrés presque tous les albums du groupe.
Bathory sort ainsi le 2 octobre 1984 via Black Mark Productions, une entité créée spécialement pour l’occasion et qui va servir de structure pendant quelques années aux seules sorties de Bathory avant d’étendre ses services à quelques petits groupes de l’époque (Fleshcrawl, Invocator, Seance, Edge Of Sanity, Necrophobic...).
Largement influencé par la scène anglaise de la fin des années 70 / début des années 80, la musique de Bathory ne semble pas spécialement révolutionner quoi que ce soit. On y retrouve ainsi l’urgence et le nihilisme de G.B.H., l’attitude Rock’n’Roll d’un Motörhead aux abois ainsi que l’atmosphère occulte des premiers albums de Black Sabbath. Trois groupes qui, comme pour beaucoup d’autres adolescents de l’époque en quête d’émotions fortes, exerceront une influence majeure sur le jeune Quorthon qui n’a que dix-sept ans lorsqu’il fonde Bathory.
Trente-trois ans après sa sortie, ce premier album paraît évidemment des plus rudimentaires. Une production bancale et mal équilibrée, des riffs Punks d’une extrême simplicité répétés ad nauseam, une batterie particulièrement linéaire... Pourtant, c’est bien cette urgence toute juvénile qui fait de
Bathory l’album culte qu’il est devenu. Dans une approche volontairement provocante à l’encontre des institutions chrétiennes dont le poids dans les années 80 était encore particulièrement important, Quorthon va livrer un disque d’une violence absolument inouïe. Et s’il ne fait aucun doute que le groupe emprunte ici le chemin déjà tracé par Venom quelques années auparavant, Bathory va cependant pousser encore un peu plus loin le vice, notamment grâce au chant absolument démoniaque et bestial de Quorthon. Telle une bête enragée, le jeune suédois va vomir ses hymnes acides et antireligieux ("Necromansy", "Sacrifice", "In Conspiracy With Satan", "Raise The Dead"...). Du jamais vu à une époque où ce type de voix particulièrement agressive était extrêmement rare chez les groupes de Thrash et de Heavy Metal pour la plupart encore occupés à chanter haut et juste.
Aux côtés de cette voix sombre et malfaisante, on trouve une musique primitive quelque part entre Punk et Heavy Metal. Un mélange détonnant qui de sa simplicité va tirer sa redoutable efficacité. Comment rester insensible face à ce genre de riffs déglingués et cradingues épaulés par une basse vrombissante ? Impossible de ne pas laisser libre court à ses pulsions les plus destructrices devant des titres tels que "Hades", "Reaper", "Sacrifice", "In Conspiracy With Satan" ou "War". Et même lorsque le tempo ralenti comme sur les excellents "Necromansy" et "Raise The Dead", on se retrouve une fois de plus à devoir se taper la tête contre les murs. Une succession de riffs ultimes et de cours solos forgés dans les fours de l’Enfer. Une cadence des plus soutenues également marquée par la batterie de Stefan Larsson. Celui-ci a beau appliquer encore et encore les mêmes patterns hérités de la scène Punk anglaise, difficile de ne pas se laisser entrainer par ces cavalcades épiques et entêtantes ou bien encore une fois de tout fracasser sur ces quelques changements de rythmes assassins.
Trente ans plus tard, l’influence de ce premier album sur de nombreuses générations de musiciens ainsi que le statut tout particulier qu’il occupe au sein de l’underground ne sont plus à démontrer. D’ailleurs à travers ces lignes je n’ai probablement pas fait grand-chose d’autres qu’énoncer des vérités déjà très largement connues de tous. Quoi qu’il en soit, voilà les raisons qui m’ont toujours fait préférer Bathory à Venom et cela malgré le côté précurseur des Anglais. Il y a dans ce premier album tous les éléments sur lesquels vont venir s’appuyer les premiers groupes norvégiens ainsi qu’une très grosse partie de la scène sud-américaine appelée à exploser à partir du milieu années 80 (Vulcano, Sarcofago, Sextrash, Holocausto et compagnie). Finalement, s’il y a bien un seul reproche que je pourrais adresser à ce premier album c’est cette introduction beaucoup trop longue pour être cool. Trois minutes de cloches et de vent dans les oreilles, c’est déjà deux minutes trente de trop à mon goût. De bien maigres griefs face à un album qui, certes à quelque peu vieillit, mais continue pourtant d’enterrer aujourd’hui toute concurrence. Riffs, ambiance, énergie, intensité... Quorthon avait simplement déjà tout compris.
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