Urgehal - Ikonoklast
Chronique
Urgehal Ikonoklast
Urgehal est, à mes yeux, le groupe qui perpétue le mieux la tradition de la célébrissime étiquette « True Norwegian Black Metal » aujourd'hui. En effet, avec ses sorties récentes, notamment « Goatcraft Torment » en 2006, ce groupe a démontré sa faculté à associer un Black Metal véhément, technique et talentueux à une sorte de « nostalgie » et d'intégrité dans ce style, puisque ce groupe a commencé à le pratiquer en 1994 avec la démo « Ferd ». C'est pourquoi, aujourd'hui, Urgehal se distingue de la masse des groupes estampillés « True » par sa faculté à conjuguer ces deux caractéristiques. Ce groupe, mené par le charismatique Trondr Nefas, tient donc le haut du panier en matière de Black Metal, et cet album « Ikonoklast », sorti sous la bannière des « Underground Activists » de Season Of Mist le 16 novembre 2009, était là pour nous le prouver.
« … death approaching », les derniers mots de la courte introduction en spoken words de la première piste de la galette annoncent avec ce ton apocalyptique l'arrivée d'une baffe, et le premier riff de « Stesolid Self-destruction to Damnation », commençant sur les chapeaux de roue avec un blast beat jouissif, confirme cette impression : Urgehal va nous servir ce que l'on attend : des rythmiques lourdes, brutales et terriblement efficaces, mises en valeur par une production impeccable et exécutées avec une technique irréprochable, voire même impressionnante. En effet, pour ce qui est de la technique, Urgehal et sa paire de guitaristes (Trondr Nefas et Enzifer) nous livrent des soli enflammés et pleins de feeling, mis en relief par une basse très lisible, contribuant à la pesanteur rythmique de cet opus. Ce groupe est en quelque sorte la réponse, le majeur tendu à tous ceux qui parle de l'Art noir comme d'un style sans aucune maîtrise technique, avec des musiciens incompétents la plupart du temps. Mais le coup de force du groupe norvégien est réellement, outre cette technique fulgurante, de garder un esprit « True » en honorant les grands jours du genre, c'est-à-dire en sachant aussi rester primitif et épuré dans son approche musicale. L'exemple le plus frappant sur cet album est représenté pour moi à travers le morceau terrible qu'est « Cut their Tongue Shut their prayers ». Si son titre est très cliché, certes, ce morceau est un des moments très forts de cet album, lorsque l'efficacité de ses riffs vient oppresser des oreilles qui en redemandent. Le morceau « Astral Projection to Rabid Hell » a également une saveur très intéressante, son solo étant de même réalisé par une main de maître.
De même, « The Necessity Of Total Genocide » est un autre apogée de cet « Ikonoklast » et continue sur cette voie « Old School » en montrant qu'Urgehal n'oublie pas l'héritage Thrash qu'il est bon de retrouver dans le Black incisif de ce groupe. Ici, la batterie d'Uruz est un concentré d'efficacité, alternant bonne double pédale, breaks techniques sur les cymbales (un jeu à la ride très agréable à l'oreille notamment sur certains passages) ou sur les descentes de toms carrées et puissantes, et enfin blasts divers, bref, un jeu de batterie qui enchantera l'amateur et qui parlera à l'auditeur sur ce morceau et sur les autres, lorsque le groupe se met à envoyer la purée sur un riff Black/Thrash très efficace, sublimé par un terrible solo en fin de morceau. Urgehal est un groupe qui donne vraiment dans une efficacité perceptible et jouissive doublé d'un « feeling » assez évident, puisque l'auditeur est confronté une avalanche de riffs teintés d'une spontanéité et d'une agressivité toutes deux jouissives. De ce point de vue là, l'album enchaîne les morceaux incisifs, plein de punch et ayant pour objectif principal de rentrer dans le lard de l'auditeur, à l'image de « Holocaust In Utopia », se développant à travers un motif brutal et très puissant, démontrant par ailleurs que le groupe est capable de communiquer des émotions. La voix de Trondr Nefas prend sur l'album une réelle importance, en effet l'homme éructe tout le long d' « Ikonoklast » des paroles pleines de haine avec une voix caverneuse exprimant une rage et une misanthropie toutes deux extrèmes. Ce morceau en particulier apporte une certaine variété à son registre puisqu'il explore de façon éphémère un registre « dépressif » en étouffant sa voix volontairement sur certains passages du début. « Holocaust In Utopia » développe sur son étape finale un moment mélancolique teinté d'un solo planant, qui est un moment de « répit » avant la tuerie finale, « Sopor Necrosanctus », concluant magistralement l'album sur des notes de piano bienvenues.
Pour finir, on tient là un bon album de Black Metal, bien qu'il lui manque quelque peu de variété et d' « intelligence » : Urgehal bourrine sévère, oui, et ça fait du bien, certes, mais ce groupe emblématique ne prend pas de réels risques... Sans se laisser enfermer dans une étiquette trop récalcitrante, ce groupe est desservi par l'expression trop surfaite d'un satanisme « dépassé » et se cantonne à une musique, qui si elle est toujours jouissive pour l'auditeur, perd un peu de crédibilité et d'efficacité avec le temps.
| Voay 11 Mars 2010 - 3426 lectures |
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