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Hate Forest - Against All Odds
Chronique
Hate Forest Against All Odds
Je ne vais pas te répéter ce que je dis à chaque fois : Hate Forest est de ces groupes ultimes qui ont fait, qui font et qui, sans doute, feront le BM de demain. A la tête d’une discographie ultra fournie qui voit défiler EP, LP, demo, compil et split, le groupe Ukrainien peut se targuer de n’accoucher quasiment que de grands albums, intenses, profonds et habités. Innermost, en 2022, était encore de ceux-là de sorte que lorsque Against All Odds a débarqué, l’impatience l’a disputé à la curiosité. Je te le dis pourtant d’emblée, le compte n’y est pas complétement cette fois-ci. Ou, du moins, pas au niveau des précédents efforts récents du groupe et encore moins des chefs d’œuvre que furent Battlefields et Purity.
Si l’empreinte Hate Forest est évidente au travers de ces 8 titres ultra violents (pour 35 minutes), sans concession ni temps morts, sans coupure ambiante quelconque, si l’aspect ultra monolithique est toujours la règle d’or de l’agression du combo Ukrainien, largement accru par de gros riffs très brutaux et très rapides et par la voix d’outre-tombe de Saenko et de Thurios, la surprise, elle, est passée à la trappe. La signature sonore du groupe est bien présente, sans contestation, mais sans que l’on sente une quelconque nouveauté, une avancée ou même une évolution subreptice qui aurait permis de relancer l’attention. Le contexte géopolitique aidant, les titres sont guerriers, gonflés d’une forme de radicalité autour de l’identité ukrainienne (Ukrainian Thermopylae) que matérialise ce son ultra tranchant (One Way Ticket, Mariupol).
Ce bloc est cependant parfaitement calibré. 35 minutes sont ici suffisantes pour exprimer la haine qui suinte de chaque titre, sans lasser l’auditeur, et en prenant en considération le fait que l’album et les titres eux-mêmes ne contiennent quasiment aucun pont, aucune respiration (Werewolves par exemple enquille d’entrée sur une gifle monumentale, sans avertissement). Cette absence de variation dans les tempi, dans les structures aussi, se traduit par une agression continue qui manque cruellement cette fois-ci de relief. Là où Battlefields, Purity ou Innermost alternaient la puissance et la nostalgie, une forme de grâce intemporelle également, Against All Odds brutalise sans discontinuer. Quelques éléments montrent qu’il aurait pu en aller autrement. Ainsi par exemple le riffing plus varié sur The Reading Hand. De la même manière, sur Werewolves, alors que la voix emporte tout sur son passage, une variation des tempi plus accentuée aurait permis de mettre en lumière, par contraste, la brutalité inouïe de cette voix en créant du relief. Même chose sur One Way Ticket et The Reaping Hand où le riffing semble très subtilement dessiner quelques arabesques en fond sonore. Mariupol est presque le seul titre qui tranche vraiment avec le reste en offrant dans le chaos sonore un zeste de variation et un mini pont central plus atmosphérique, plus apaisé mais pour mieux relancer la machine de guerre. C’est aussi l’une des seuls titres sur lequel la batterie apporte un changement de tempo sensible, comme sur le fabuleux The Gates, avec une réelle proximité sonore (même chose sur Coprophagus Empire, où le changement de tempo de la batterie sert de pont).
Sur ses bases, sur ses fondamentaux pourrait-on dire, Hate Forest demeure en revanche le Roi. La puissance qui se dégage de la plupart de ses titres n’a que peu d’équivalent sur la scène BM (Werewolves, One Way Ticket, Coprophagus Empire par exemple). Le riffing est très agressif, très rapide, qui renvoie l’image d’un bloc de granit impénétrable autant qu’une forme d’asphyxie tant le son tranchant est également source de stress auditif. L’absence complète de ralentissement pose littéralement l’auditeur aux commandes de chevaux au galop (Devil is on Our Side ; Ukrainian Thermopylae qui tente un très léger pont de quelques secondes avant de repartir pied au plancher, double pédale à fond).
Tu l’auras compris, ce nouveau Hate Forest reste totalement qualitatif mais s’il a gagné encore en muscles et en puissance, il a perdu l’émotion qui faisait de lui un cador absolu de la scène. Dommage car tous les éléments étaient de nouveau réunis pour un nouveau chef d’œuvre.
| | Raziel 8 Novembre 2025 - 787 lectures |
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