Warmoon Lord - Battlespells
Chronique
Warmoon Lord Battlespells
Faut toujours qu’ils la ramènent, ces cons-là. Pas moyens de ronronner tranquillement sur le train des sorties mensuelles en distribuant équitablement ses écoutes entre les différents albums tout frais sortis des studios. On écoute ses disques du moment, on se tâte à passer commande, on compte ses sous, on réfléchit avant de donner ses deniers… puis soudainement, un finlandais chevelu et pas content vient vous coller son corpse paint sous les hublots en braillant ses sataneries échevelées. Le gus enneigé trimballe avec lui sa collection de riffs de tueurs mi-mélos mi-nécros, sa rage hystérique de lapon pas bien lapin et ses fichtrement fameux frimas, balance le tout sur vos pompes comme un nouveau Vercingétorix version vainqueur, pique vos biftons à la faiblesse de vos ébaudissements, puis s’en retourne aussi sec dans sa Carélie écartelée. L’opération dure généralement une grosse demi-heure, et vous vous retrouvez à sec pour les autres candidats, indirectement spoliés en bonne et due forme par l’autre fou-furieux marécageux.
Le raid décrit ici tombe généralement une fois par an. Tôt ou tard, un album de black metal dans la plus pure tradition finlandaise débarque sur nos rivages pour s’accaparer le trône du Saint trémolo blasté rédempteur trempé dans le gel du Nord. Au rang des derniers conquérants en date, on pourra citer Rivaaus, Aegrus, Malum, Havukruunu, Sielunvihollinen… Les bataillons se succèdent, et il faut croire que nous perdons l’instinct de ces braves moines anglais qui finissaient par abandonner leurs monastères côtiers à force de peignées répétées dispensées par les froides mains de types qui vivent dans un hiver crépusculaire la moitié de l’année. Nous autres, on campe sur nos positions, on ne s’écarte pas. A croire qu’on aime se faire laminer la tronche à la mode de chez eux. Et pour les petits malins qui sont en train de friser du casque (sans cornes), je sais bien que les raids vikings n’avaient rien à voir avec les ethnies finlandaises. Merci pour moi. En revanche, c’est peut-être le fait de ne pas avoir participé aux charmantes campagnes estivales de leurs voisins directs en leur temps qui a frustré nos finlandais au cours des siècles, jusqu’à enfin trouver de nos jours le terrain idéal pour se rattraper.
Warmoon Lord, donc. Je vous parlais du premier album du solitaire finlandais il y a quelques années (2019, déjà !), de sa musique en forme d’hommage à nos Légions Noires nationales tout en gardant la fameuse patte bien de chez lui. Un mélange très plaisant, grésillant et dynamique, qui célébrait parfaitement les liens historiques entre les scènes finlandaises et françaises, si importants il y a quelques décennies (et toujours maintenant, en fait). Ce second album change d’écurie pour intégrer l’armada de ce bon vieux Tyrant Werewolf, anciennement Nazgul, et son excellent label. On sent qu’un pallier de soin supplémentaire a été passé. Pochette léchée et splendide, production plus puissante et très proche de celle que Werwolf développe sur ses propres sorties depuis Finmbulvinter, claviers bien présents… Le succès du premier album aura pourvu Warmoon Lord de vastes et puissantes ailes démoniaques, qu’il déploie pour faire planer son ombre sur nos contrées.
Et que braille-t-il, ce Seigneur de la Lune de Guerre ? Primo, il est tout colère, comme de juste. L’introduction déjà électrisée passée, « Purging Nefarious Vortex » abat blast sur blast, déchaîne ses riffs en trémolo-picking à présent totalement caréliens et plus du tout nigrolegionnesques et hurle comme le possédé qu’il est. Cavalcades furieuses, dimension épique glaciale qui s’instaure au fil du temps, cassure nette, reprise, blasts à nouveau, passage en skank-beat, mélodie renouvelée… Et des claviers en arrière-plan ponctuant le minutage pour relever le tout. Cinglant démarrage, manquant peut-être un poil d’accroche cependant. « Of a Moribund Vision » assoit véritablement la démonstration de force de Warmoon Lord en proposant des mélodies plus variées, plus développées, ainsi qu’un travail d’ambiance sensiblement appuyé. On longe les brumeuses côtes du symphoniques d’assez près, et on pense volontiers à Vargrav, signé d’ailleurs sur le même label. Plus sauvage néanmoins, notre finlandais du moment clapote sans complexes aucun dans les même eaux souillées que son maître à penser Satanic Warmaster. Grosse percée mélodique à 3.30, avec ce riff scintillant, alangui par une plage plus contemplative immédiatement derrière. Splendide.
Voilà, à partir de ce point, je ne vais plus m’amuser à décrire précisément toutes les pistes. Warmoon Lord déroule sa science des riffs et de la composition origine certifiée Terre des marais et des rênes. A vrai dire, je pourrais m’arrêter là. Sauf qu’un détail, un gros détail même, se doit d’être encore évoqué.
Vous entendez ces claviers qui ouvrent « The Key of the Moonpiercer » ? Qui que ça pourrait bien vous rappeler, ça ? Et oui, Graveland, pardi. Ce bon vieux Rob Darken flotte en spectre au-dessus des synthétiseurs de Lord Vrăjitor, et s’emmêle même quelque peu à l’intérieur de ses cordes et touches par moments. Il faut se montrer plus clair ? Très bien, alors voilà. Après cet effet d’annonce, la piste suivante, « Empowered with Battlespells », est un plagiat de « Fate of Warrior » sur l’album Memory and Destiny de Graveland. Copie indéniable. Passé le démarrage tout feu tout flamme, le refrain en deux parties est l’exact même, note par note, que celui de ladite chanson de Graveland. C’en est même troublant. Certes, le passage est grandiose, mais il ne t’appartient pas, choupinet blondinet. Rend-le au monsieur polonais qui fait mumuse dans la neige en costume de carnaval maintenant.
Ce désagrément quelque peu honteux mis à part, c’est parfaitement OP, tout est OK, RAS, et tous les cris les SOS. Warmoon Lord n’abrite aucune réelle profondeur, mais tire quarante petites minutes black metal de son tonneau en bois de bouleau, parfaitement jouissives, énergiques et addictives. On y revient sans cesse, les mélodies vous traînent sous le crâne pendant des jours. L’immersion intégrale, si propre à la scène du Pays aux mille lacs, se voit somptueusement respectée. On laisse finalement Warmoon Lord repartir en direction de ses marais enneigés, pillage accompli (n’est-ce pas ?), victorieux. En attente du prochain conquérant qui s’en viendra des mêmes latitudes.
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