[ A propos de cette chronique ] Ce
Purity est l'album qui porte le mieux son nom à mes yeux. Roman Saenko, au talent qui n'est plus à démontrer, a créé avec ce groupe et cet album une musique atypique, lavée de défauts, qui ne se retrouve que sur un HATE FOREST. Cet opus, daté de 2003, est chronologiquement le deuxième « full-lenght » du groupe ukrainien, et il est pour moi le meilleur album du groupe car il cumule tous les aspects qui font du combo une entité à l'aura unique dans le milieu si inégal du Black Metal.
HATE FOREST y règne, en faisant partie de la sphère privée de ces groupes atypiques qui s'imposent par des coups de force artistiques tels que
Purity,
Battlefields ou
Sorrow, grâce au talent dont il fait preuve dans ses créations et sa façon de pratiquer cet art complexe.
« Every subhuman buying HATE FOREST releases buys weapon against himself » nous dit le groupe, se disant ainsi être réservé à une élite, celle qui parviendra à assimiler sa musique dès le départ. Ce ton prophétique montre au moins une chose : la musique de ce groupe cumule les paroxysmes, qui une fois appréciés, emmènent l'auditeur vers des contrées dont il ne pourra plus se passer. Ce
Purity montre le HATE FOREST le plus froid, le plus agressif qui soit : la virulence du chant associé au rythme ultra régulier, martelé inlassablement par la boîte à rythme, particulièrement dans ses blast beats impitoyables, forment un alliage effrayant qui ne pardonne aucune trève. Monotone, direz-vous. Même pas, le groupe dégaine des passages d'une profonde mélancolie, comme le pont dans « The Gates », à la tristesse gonflée au maximum. La lenteur de ce passage, ou de ces passages (« Desert Of Ice » enchaîné avec « Cromlech » n'est pas à oublier non plus…) ne laissent pas respirer, non, mais compriment d'avantage la boule qui s'est créée dans le ventre de l'auditeur dès l'introduction du présent disque dans son lecteur, qui se fait lieu du crime, lorsque ses enceintes poussées à fond pour l'occasion sont témoin bien malgré elles de cette tuerie auditive.
Un crime tellement parfait que Saenko et ses acolytes, dont un des plus talentueux est la boîte à rythme, parfaitement à sa place et idéalement mise en valeur, créent une atmosphère « nihiliste », vidant toute trace de souffle humain. Pas de signe de vie dans l'artwork, qui ne divulgue guère que le nom des pistes, ne laissant la place qu'à un paysage désert en guise de visuel, parfaitement choisi lui aussi. Pas d'indulgence dans la musique, inhumaine au possible (alors qu'un batteur l'aurait humanisé, par exemple) et proche d'une perfection qui n'est pas de notre monde… Le chant très bestial prend les traits d'une animalité multiforme, car il est doublé avec talent : guttural, surtout, et aussi criard, en tout cas il est livré avec les tripes, avec une sincérité déchirante, et rare, qui abonde de manière permanente dans une haine propre à ce disque-là,
Purity. Le trémolo de guitare sublimé par une production très lisible et tout à fait suffisante, dans laquelle les instruments sont parfaitement agencés les uns par rapport aux autres, amène un Black Metal très grave lui aussi, pareil à un roc incassable et unifié dans une cohérence rare là encore, un vrai bloc de granit que l'on reçoit en pleine figure à chaque fois qu'on s'imprègne de ce disque… pas un seul effort dans ce disque n'est en dessous des autres.
Pour un peu je serais presque désemparé devant un tel album, car objectivement, je ne peux lui reprocher quoi que ce soit. Ses structures, certes répétitives, ne viennent que renforcer l'ambiance générale, et ainsi, son intensité ne baisse pas une seule seconde. Qualité indéniable! Aucun renouvellement, aucun compromis mélodique, non, cet album ne laisse décidément aucune chance dans la guerre permanente qu'il livre à son auditeur, véritablement aspiré par l'écoute de perles brut telles que « Elder Race », au tempo invariable mais terriblement envoûtant… « The Gates », quant à elle, pierre angulaire du chef-d'œuvre de Saenko, vient pourfendre nos cages à miel, d'abord, puis les remplit de peine avec son break salvateur… « The Immortal Ones » et ses riffs obsédants pèsent comme une enclume dans le cœur du sombre mortel presque perdu face à une telle déferlante de qualité... Mais dans tous les cas, c'est un album qu'on doit absolument écouter d'une traite, tant l'effet qu'il produit se ne révèle au grand jour que par une écoute intégrale. Un disque complètement épuré, véritablement, mais par contrecoup gavé d'émotions, émotions qu'il faut aller chercher pour les comprendre pleinement, et ainsi les apprécier pleinement... ensuite, indispensable, culte, tout ce que vous voudrez.
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