Griffon - ὸ θεός ὸ βασιλεύς (O Theos, O Basileus)
Chronique
Griffon ὸ θεός ὸ βασιλεύς (O Theos, O Basileus)
S’il n’est pas encore à l’heure actuelle le combo le plus connu et renommé de la scène noire nationale, il n’en reste pas moins qu’il possède en son sein un des line-up les plus expérimenté et réputé. Car avec des membres ayant fait leurs armes au sein notamment de MOONREICH, THE NEGATION, NEPTRECUS ou encore des regrettés ISHTAR, il faut bien reconnaître que sur le papier tout cela a quand même fière allure, d’autant plus que jusqu’à présent le quintet n’a jamais déçu côté qualité. S’il n’a jamais été très productif ses sorties en revanche ont toujours eu leur petit effet dans l’underground, que ce soit via le premier opus « Har HaKarmel » en 2016 ou comme l’an dernier avec le Split
« Atra Musica » aux côtés de DARKENHÖLD, qui développait un virage plus acoustique et mélodique assez convaincant et sérieux. Quatre ans après il est donc enfin de retour avec un deuxième long-format attendu qui poursuit dans cette même voie entrevue en 2019 tout en conservant des parties classiques, qui bien que ne révolutionnant rien dans le genre confirme les bonnes impressions laissées jusqu’à présent.
Et en effet une fois l'introduction angoissante de « Damaskos » terminée la bande va enchaîner de suite avec un Black Metal basique et efficace, où blasts et vitesse sont de la partie, aidés en cela par un riffing sobre et parfaitement exécuté. Cependant le véritable attrait de ce morceau (et des suivants d'ailleurs) va intervenir avec l’apport d’un break mélodique et posé particulièrement surprenant mais intéressant. Si l'on pourrait croire que les gars ont piqué cette idée au SHINING Suédois il faut cependant bien reconnaître que ceci amène un vrai supplément d'âme à cette compo d'ouverture, tant les arpèges mélodieux et cette voix dans le néant cosmique donnent plus de densité, permettant aussi à chacun des membres de sortir de sa zone de confort, et montrer qu'ils assurent dans un registre différent. Cela se ressent de façon plus flagrante encore sur « L'Ost Capétien » où après une longue série de déferlantes ultra-rapides et énergiques l'ensemble va se calmer avec l'apparition de notes apaisantes où la basse chaude côtoie une batterie presque Jazzy, mettant en avant la qualité des textes. Ceux-ci dévoilent tout leur attrait et leur mystère au fur et à mesure de l'avancée du disque, et notamment dès la plage suivante (« Régicide ») aux ambiances cosmiques et tribales, comme pour renforcer la sensation religieuse et mystique qui ressort de ces notes éthérées, d'où émergent un peu plus loin celles d'un pianiste au milieu d'une lenteur écrasante et électrique, où la violence s'est effacée au profit de sensations nouvelles. D'ailleurs le rampant « Les Plaies Du Trône » offre plus de variété rythmique et de surprises, où douceur et mélancolie restent présentes sur une thématique médiévale et royaliste des plus intéressantes, et qui sont le véritable attrait de cet album.
Car même si tout cela est parfaitement en place et inspiré, on s'aperçoit au fur et à mesure de l'avancée que le tout a parfois tendance à se ressembler d’un titre à l'autre et de s'étirer de façon un peu excessive, preuve en est avec « Abomination » qui s'il démarre de manière originale par un concerto au piano, la suite des plus classiques entre explosivité et ralentissements (ponctuée de nombreuses cassures) se révèle être trop passe-partout et surtout trop longue pour captiver en continu. Cela s'entend encore sur « My Soul Is Among The Lions » qui met beaucoup trop de temps à débuter, avant d'offrir ensuite un équilibre impeccable sans prise de risques mais qui fait défoule comme il faut, avant l'interlude inutile (« ...Et Praetera Nihil ») aux chants grégoriens intéressants, mais qui cassent plus la dynamique qu'autre chose, surtout que l'ultime composition va arriver juste derrière (« Apotheosis »). Offrant en guise de conclusion un visage différent de tout ce qui a été proposé jusque-là, via l'apport d'une froideur renforcée propice à la prière et réflexion - ainsi qu'à une tribalité exaltée (calée au milieu de courts passages enlevés) le résultat se montre agréable à défaut d'être marquant, car comme précédemment cela a parfois tendance à se terminer comme un cheveu sur la soupe.
Néanmoins sans être parfait il faut saluer le travail effectué qui se montre ambitieux et qui a pour but de sortir des sentiers battus, vu que c'est là que l’entité se révèle être la plus surprenante et aboutie. Si ce disque se montre un peu trop allongé en longueur et pas forcément facile d'accès de prime abord, il possède quand même de vraies qualités intrinsèques et une originalité qui se fait de plus en plus rare. A la fois chaud et froid, servant autant à expulser la violence qui est en soi qu'à la contemplation divine (où mélodie et hargne se mélangent à tour de rôle), ce second volet des aventures des Franciliens ne laissera personne indifférent confirmant donc le statut à part de GRIFFON qui montre une écriture habile. Preuve donc de sa plus grande maturité qui mérite d'être découverte et écoutée, et nul doute qu’il marquera sans doute encore plus les esprits dans le futur lors d'une prochaine livraison, que l'on espère voir arriver relativement rapidement.
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