Daughters - Daughters
Chronique
Daughters Daughters
« La bonne pioche ! » Voilà ce que je me suis dit en découvrant Daughters avec son troisième album (et peut-être dernier, le groupe ayant perdu pas mal de ses membres dans la foulée) au hasard de mes pérégrinations numériques. Expression qui qualifie à la fois ma surprise et l'explosion de boite crânienne qui en a résulté !
Le topo : du mathcore qui a écouté les violents de The Locust rencontre Elvis dans la rue. Comment ça va/kesstudviens etc. et on apprend que le King va pas fort, faut dire qu'il vient de discuter avec Eugène Robinson d'Oxbow, ça aide pas. Bref, c'est là que ça devient intéressant, tout ce beau monde décide d'aller se divertir en boîte de nuit, en mode coke/champ' ! Et si t'as pas compris, c'est déglingué mais aussi accrocheur à en être dansant, avec une voix qui croone comme si c'était la fin, au phrasé thermonucléaire. La batterie joue dans son coin, les riffs sont éclatés, entrecoupés de slides d'épileptiques bouge-popotins mais les mélodies catchy ne sont pas oubliées, ces dernières devenant rapidement des repères, voire les moments forts des compositions. Une capacité à allier les grands écarts donc, allant jusqu'à rassembler rythmique mathématique et clappements de mains accrocheurs qui ne lâcheront pas tes oreilles. Et le pire, c'est que ce jeu des paradoxes ne sonne pas contre-nature ! Au contraire, les guitares jouées à Mach 3, les embardées toutes les dix secondes passant d'une polyrythmie à t'en dépecer les feuilles de choux à une ligne vocale qui donne envie de cramer les pistes font que tu hésites entre te cogner la tête contre les murs, défoncé par l'adrénaline, ou fister l'air de ton poing de vainqueur. Impossible de rester de marbre surtout avec cette production souple, tantôt massive, tantôt déchirée, avec ce qu'il faut de velours pour faire passer le gang-bang des instruments.
C'est ton chiropracteur qui va être content, à la vue de cette efficacité brise-vertèbres. Mais si Daughters est plus qu'un énième groupe chaotico-rigolo-stérile, c'est grâce à son ambiance. Pas un simple appel à la fête mais LA fête elle-même, avec ce qu'elle contient de folie nocturne. Il y a quelque chose qui rappelle les paillettes et les dancefloors mais aussi la fièvre des samedi soirs (« The Dead Singer »), la salope chopée en deux-deux (les cris orgasmiques de « The Theatre Goer »), le tube que même toi, le-râleur-qui-aime-pas-danser, tu ne peux contrer (« The Hit »), et on a droit au pack tout compris avec la baston alcoolisée de sortie de discothèque (« Sweet Georgia Bloom », mieux que le rock du bagne, celui de la beigne) ! De la déstructuration au service du feeling sur lequel les corps d'habitude distants se frottent, l'immense appel à la jouissance des foules anonymes (« The Unattractive, Portable Head », tellement pénétré que ça vire au gospel avec synthés d'église)… et puis, quand même, ça latte sérieusement sa race.
Comme une bonne soirée, Daughters passe trop vite et c'est bien son seul défaut. Il laisse une certaine amertume, la déprime de l'après, ce sentiment que procure l'éphémère des nuits où milles choses passent et trépassent, à l'image des dernières lignes vocales de « The Unattractive, Portable Head » répétant I want to reach out and feel nothing at all. Il ne te reste plus qu'à attendre la prochaine occasion de t'oublier. Ou à appuyer de nouveau sur lecture. Ton choix.
| lkea 15 Octobre 2010 - 2539 lectures |
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