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Graveyard - Hisingen Blues
Chronique
Graveyard Hisingen Blues
Graveyard, c'est un peu la petite histoire dans la grande : ses origines sont à chercher du côté de Norrsken, obscur groupe suédois formé en 1995 où Joakim Nilsson et Rikard Edlund ont tapé le bœuf durant cinq ans (split en 2000, après trois démos) avec un certain Magnus Pelander qui partira former plus tard un certain Witchcraft. Si tu as déjà côtoyé la musique de ce tribute band de Pentagram, tu dois imaginer le topo : Graveyard surfe sur la vague revival, celle des créations vintage, de la régression sixties/seventies et autres références sorties du grenier de papa/maman !
Pas à placer exactement dans la même frange que les créateurs de The Alchemist cependant, Graveyard étant bien plus « hard » dans son propos. On pensera à Black Sabbath pour le côté un poil occulte mais c'est surtout l'influence Led Zeppelin qui ressortira de Hisingen Blues (deuxième jet succédant à un éponyme sorti chez Tee Pee Records en 2007). En effet, la voix de Joakim ressemble à s'y méprendre à celle du Robert Plant des jeunes années (particulièrement quand le bonhomme monte le ton) et on peut même pousser la filiation jusqu'aux autres instruments tant ces derniers rappellent le groove heavy psychédélique de l'album II (le meilleur de la montgolfière allemande en somme) et le goût prononcé pour les pauses fédératrices du IV dans une version plus bluesy. Un genre pas tout à fait usé mais déjà sévèrement patiné aussi est-on en droit d'attendre un voyage archéologique de qualité ! Malheureusement, les Suédois sont loin de donner l'effet escompté à cause d'une recette extrêmement redondante. C'est simple, les morceaux se découpent en deux catégories, ceux « Motard » et ceux « Cougar ». Nuance subtile s'il en est, qu'il convient de décortiquer proprement.
Motard : Toute personne normalement constituée rêve de devenir un Son Of Anarchy mais quand t'as une vespa et pas beaucoup d'idée, tu dois maquiller la machine. Pour cela, rien de tel qu'une production béton, limpide, au risque qu'elle sente un peu le fabriqué et pas assez le vieux. Constat similaire concernant les compositions trop tuning pour être honnête. Piller le back-catalogue d'Atlantic Records n'est pas grave en soi, encore faut-il ne pas se contenter de changer à peine les coups de boutoir d'un morcif à l'autre (« Ain't Fit To Live Here » et « RSS », reposant sur les mêmes gammes éculées et on peut carrément pousser le vice jusqu'à comparer les arpèges de « Hisingen Blues » avec la lead de « Buying Truth » !) et réussir à surprendre au niveau des enchainements sous peine de ne pas paraître daté mais déjà périmé (Toi aussi, amuse-toi à prédire quand le guitariste va se prendre pour Jimmy Page ! Facile, à chaque fin de morceau, évidemment !). On retiendra quelques mélodies ou soli bien troussés (minimum syndical quand on est suédois), à l'image du riff principal de « Ain't Fit To Leave Here » ou la démoniaque « Ungrateful Are The Dead », une perle coincé dans un chapelet de caillou, et un « Buying Truth » montrant que le combo devrait privilégier les formats courts et percutants car sans faire d'étincelles, c'est là qu'il s'en sort le mieux.
Cougar : Être un Born Too Late n'empêche pas d'avoir des besoins bien actuels. Le problème chez Graveyard, à part qu'à musique surannée, groupie ménopausée, c'est qu'y a pas que le bassiste qu'a les crocs : tout le monde veut de la cramouille et en fout partout ! Un titre sur deux joue en partie ou pleinement la carte de l'électro-acoustique au coin du feu avec arpège-bluesy/solo/crooner-qui-susurre-puis-s'énerve-après-le-break ! Merde, autant un morceau de ce genre est rafraichissant, deux à la limite pour filer le disque à sa sœur, mais quatre (soit plus de la moitié de l'opus en terme de durée) ! Même la plus chasseuse des femmes « j'étais là en 69 » finira par fuir devant tant de niaiseries hippies à faire voter conservateur Jex Thoth. Surtout que comme pour le cas précédent, les compositions proviennent d'un même moule manquant sévèrement de changeant, handicapant le rythme de Hisingen Blues (on va pas tout déballer, cette chronique ayant déjà assez durée, mais si tu as la bile montante dès qu'un combo présente d'entrée la guitare effleurant les accords pour dire « sortez les briquets », prépare des sacs à vomi avant l'envoi de « Uncomfortably Numb » et « The Siren »). Notons tout de même la sympathique « Longing », aux relents d'Ennio Morricone bucolique avec sifflements has-been et guitares western, à part dans ce déballage écœurant.
En conclusion, à la course des combos cherchant à nous faire atteindre les 88 miles à l'heure, Graveyard n'arrive pas à grand-chose avec sa pétrolette, son plus gros défaut étant de proposer des titres pas mauvais en eux-mêmes mais dénués de personnalité, de marquant et de variété dans une catégorie aussi tendance que casse-gueule où soit tu apportes une appropriation originale, soit tu es condamné à vivre dans l'ombre des géants de l'époque (un style où j'avoue ne pas faire dans la demi-mesure niveau appréciation, pouvant être charmé autant que facilement rebuté). L'exécution convaincante au niveau des vocaux fera presque illusion en fond sonore mais ne permettra pas d'oublier cette impression d'écouter deux chansons en mode « repeat » et l'envie de s'envoyer le premier Witchcraft, qui a au moins le bon goût d'être hippie et déprimé. Ma grand-mère avait raison : faut éviter les cimetières, ça porte malheur.
| lkea 9 Mars 2011 - 6052 lectures |
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