Si la sortie de
Load avait causé nombre d'infarctus dans la communauté metal, son frère jumeau
Reload, né à la même époque mais présenté au public seulement fin 1997, n'aura pas été aussi meurtrier. Et pour cause, le monde savait déjà à quoi s'attendre puisque les deux opus devaient au départ être regroupés en un seul double-album. Metallica recharge donc avec le même type de balles, un heavy rock bluesy éloigné du metal et encore plus du thrash, influencé par le blues, le hard rock, le pop/rock, le bal-musette, le flamenco, le rap, la salsa et la musique folklorique lithuanienne.
Première bonne nouvelle, le livret est bien moins ridicule que celui de
Load. Finis les clichés rock-star je-me-la-pète, bienvenues les photos du groupe en concert ou dans le vestiaire. Par contre, la pochette reste toujours aussi moche. Normal, il s'agit du même "artiste" Andres Serrano qui a cette fois remplacé son sperme par son urine, délicate attention, toujours mélangé à du sang. Quant aux paroles, les voilà encore tronquées. En ce qui concerne la musique en elle-même, même producteur, mêmes schémas, mêmes influences. Tout pareil, enfin presque. Car
Reload se différencie par quelques subtilités qui en font, d'une courte tête, un meilleur album que
Load.
Remarquez, si vous avez fait une réaction allergique à
Load toutefois, il y a peu de chance que
Reload vous soit bénéfique. Metallica continue dans son heavy blues rock pas forcément génial mais entraînant, efficace et touchant, ce qui est déjà pas mal. On reconnaît donc les riffs lourds, appuyés et mid-tempi à la cool du full-length précédent (et qui constituent le coeur de la musique), enrichis de plans bluesy à la lead. La production de Bob Rock restant bien évidemment la même, en tout point parfaite pour le genre: propre, nette, puissante et équilibrée. Rien à redire non plus sur le mix. La batterie de Lars Ulrich, à défaut d'être rapide, se fait groovy et appuie bien les riffs de la paire Hetfield/Hammett. La basse de Newsted conserve à peu près la même place, à savoir la meilleure qu'elle n'ait jamais connue en étant bien audible, en soutenant parfaitement les guitares et en prenant parfois un peu d'initiatives ("Devil's Dance", "Bad Seed", "Where The Wild Things Are" sur laquelle le bassiste est même crédité, "Fixxxer"). Les guitares, elles, sont limpides, entraînantes, lourdes et bluesy (cet aspect étant toutefois légèrement moins affirmé que sur
Load. Bref,
Reload porte bien son nom.
Ce qui fait la différence est à chercher ailleurs.
Reload se fait en effet plus dynamique qu'un
Load par moment un peu mollasson, il faut bien l'avouer. Il y a même une partie de double sur "Bad Seed"! Et
Reload bénéficie également d'une meilleure tracklist, plus homogène. Comme sur
Load, tous les titres ont leur charme mais les morceaux s'avérant excellents se font plus nombreux. S'il n'y en avait que quatre, ils se comptent ici au nombre de six (voire sept) alors que
Reload ne comporte que treize titres, un de moins que
Load.
Reload s'ouvre ainsi de la plus belle des façons avec un "Fuel" pêchu qui sent bon l'huile de moteur et la graisse. Un titre que le groupe joue toujours en live d'ailleurs alors qu'il a pratiquement abandonné tous les autres. La suite se fait toute aussi excellente avec le hit "The Memory Remains", très efficace, balancé entre hard rock énervé et ballade nostalgique, et où Metallica accepte pour la première fois de son histoire un guest en la personne de Marianne Faithfull, ex-égérie des Rolling Stones, qui pose quelques "lalalala" énervants pour beaucoup mais que personnellement j'adore. On saute un "Devil's Dance" plein de groove mais pas vraiment mémorable pour assister à "The Unforgiven II", suite de "The Unforgiven" de
Metallica. Manque d'inspiration? Au contraire, "The Unforgiven II" surpassant presque son frère aîné en inversant judicieusement le shéma couplet énervé/refrain mélodique. Splendide !
Trois titres formidables sur quatre, ça commence très fort! Malheureusement, la suite se fait moins prenante et les tubes moins fréquents. "Better Than You" et son sample infâme d'intro/outro plus adapté à un jeu vidéo n'est ainsi sauvé que par un solo magistral. En parlant de solo, on note que ceux de
Reload se révèlent plus nombreux, plus développés et plus inspirés que ceux de
Load, bien pauvre de ce côté. On ne retrouve pas le Kirk Hammett de
Kill 'Em All,
Master Of Puppets ou
...And Justice For All mais la performance s'avère très satisfaisante. "Slither", quant à lui, est un des morceaux les plus dispensables de l'opus excepté là encore un solo bluesy fort appréciable. "Carpe Diem Baby"" vient remonter le niveau grâce à des riffs percutants et des lignes de chant remarquables. On passera vite sur un "Bad Seed" trop enjoué et sans passages mémorables, même au chant, pour retenir "Where The Wild Things Are" et ses vocaux doucereux, voire un "Prince Charming" presque dansant et au solo jouissif.
Arrive alors le titre le plus touchant de l'album, "Low Man's Lyric", avec orgue de Barbarie et violon (et oui on aura tout vu chez Metallica et ce n'est pas fini, dans deux ans débarque le
S&M!). Une magnifique ballade où James Hetfield joue encore un grand rôle, que ce soit au niveau du chant mélodique triste qui me donne des frissons ou des paroles profondes. Ses interventions ne sont pas forcément toutes exceptionnelles ici (il sauve toutefois souvent des titres musicalement pas très inspirés) mais sur ce "Low Man's Lyric", le bonhomme est divin! De plus, on sera ravi de constater la moindre présence d'effets sur le chant qui avaient beaucoup de mal à passer sur
Load. "Attitude" fait ensuite retomber le soufflet malgré un rythme entraînant mais sans séquence majeure. Le dernier titre, "Fixxxer", le fait vite oublier avec sa basse grondante, son riff bien heavy, et sa mélodie légère. Une très bonne conclusion malgré un effet vocal distordu assez inutile à un moment. "Fuel", "The Memory Remains", "The Unforgiven II" et "Low Man's Lyric" pour les plus reconnus, ainsi que "Carpe Diem Baby" et "Fixxxer" pour les morceaux bien trop sous-estimés, avec en numéro complémentaire "Where The Wild Things Are", voilà le ticket gagnant de ce
Reload au tracklist certes encore déséquilibré mais beaucoup moins que
Load.
Reload se sort plutôt bien de cette parenthèse dans la carrière des Mets, mieux que
Load en tout cas, lui qui a malheureusement essuyé les plâtres à sa place en étant envoyé au front le premier. Il partage toutefois avec son frère siamois séparé à la naissance son défaut majeur: sa durée exagérée. Treize titres, soixante-seize minutes. C'est trois minutes de moins que
Load qui comportait un morceau supplémentaire. Là aussi, les Mets auraient pu éliminer trois-quatre titres ou faire quelques coupes à des passages traînant en longueur et la pilule serait mieux passée. Celà dit,
Reload paraît moins long grâce à son meilleur tracklisting. En tout cas, voilà, tout comme
Load, un album injustement vilipendé car plein de qualités et de bonnes chansons. Les Four Horsemen ne font à l'époque plus de metal et même si d'un côté je le regrette en pensant à tout ce que m'ont apporté les quatre premiers opus, ce nouveau visage de Metallica n'est absolument pas déplaisant. Voilà un combo qui sait évoluer et dire merde à tout le monde. Rien d'étonnant, de toute façon, pour ce qui restera à jamais comme le meilleur groupe de tous les temps, metal ou non!
10 COMMENTAIRE(S)
17/11/2016 20:39
12/12/2011 01:37
Pas un mauvais album, mais venant de Metallica, on s'attend toujours à mieux ....
23/08/2011 00:32
10/03/2009 08:47
10/03/2009 07:44
09/03/2009 23:56
Et la Keyser avec une ouverture d'esprit primordial, arrive a ne pas regretter de blast et de batterie triggee en 250.
Plus serieusement, c'est le premier album des mets que j'ai entendu et que j'ai achete d'ailleurs, je suis d'accord avec tout ce que tu a dit, a part le fait que Prince Charming doit etre joue a chaque live, et je ne comprend pas qu'on ne le retrouve jamais dans les setlists.
Voili voilou bien joue Keyser comme d'habitude.
09/03/2009 18:45
09/03/2009 17:36
09/03/2009 15:58
09/03/2009 15:49
/SAR