Malgré un prometteur
"The Lustrate Process", je ne vous cache pas que j'étais plus ou moins emballé à l'idée de chroniquer son successeur. Pas que qu'il n'en vaille pas la peine au contraire, mais c'est typiquement le genre d'albums qui nécessite un temps considérable pour être assimilé et du temps, c'est exactement ce qu'il me manque en ce moment. Voilà en grande partie pourquoi cette bafouille arrive un mois après la sortie de la galette. Fort heureusement pour moi (et pour ceux qui aiment aussi), le jeu en valait la chandelle puisque les suédois nous délivrent un huitième album fort sympathique.
Musicalement, pas de surprise si vous vous étiez déjà envoyé le précédent album. The Project Hate possède une telle identité musicale qu'il serait dommage de l'altérer d'une quelconque manière. Comme sur
"The Lustrate Process", le groupe s'adonne à un crossover toujours aussi particulier, mêlant d'une manière peu orthodoxe, death, metal industriel et metal gothique. Pour autant, le combo ne fait pas dans la dentelle puisqu'une fois de plus, c'est le côté death qui prend le pas avec une bonne pelleté de riffs lourds et dévastateurs menés par les hurlements caverneux de Jörgen Sandström. La place prépondérante de la basse m'avait déjà marqué sur le précédent album ; elle demeure un des atouts du groupe, tenant souvent le poids des compositions notamment lorsque les guitares s'adonnent à leurs divers solos et variations mélodiques en tous genres.
Toutefois, l'ambiance générale de l'album repose avant tout sur les claviers et l'électronique, une des principales caractéristiques de leur musique. Assez déroutante aux premières écoutes, la présence de ces éléments, appuyée par une production ultra synthétique, se fond finalement à merveille dans l'ensemble, donnant à "Bleeding The New Apocalypse" ce côté froid et mécanique qui sort le groupe de la masse, en plus du côté apocalyptique véhiculé par les murs de guitares. Mais je comprends tout à fait qu'on puisse être rebuté par certains passages électro tels que sur "They Shall All Be Witnesses" à 2'50" ou sur "Summoning Majestic War" à 5'00".
Quant au côté "gothique", il transparait principalement aux travers du chant féminin et de certaines nappes de claviers afin de renforcer une atmosphère pompeuse, malsaine et décadente, à l'instar d'un "Cruelty And The Beast" de Cradle Of Filth par exemple, le latex en moins. Car ça n'est pas une orgie SM que The Project Hate vous propose mais plutôt un aller simple pour l'enfer, avec toutes les horreurs et le cynisme qu'on peut en attendre.
Cependant, ça n'est pas tant le style qui est complexe à assimiler. Si elle emprunte à de nombreux courants, leur musique reste facilement écoutable, directe, efficace et toujours très mélodique avec un côté rock'n roll pas dégueux. Ce sont les structures qui vous donneront du fil à retordre puisque chaque pièce ici fait plus de 9 minutes. Ce serait vous mentir que de vous dire qu'on ne s'ennuie jamais mais dans l'ensemble, chacune d'elle comporte peu de temps morts ou de riffs douteux (à condition d'apprécier l'électronique bien sûr). Pour moi, le principal défaut de ce huitième album est le même que sur
"The Lustrate Process" : le chant féminin. Malgré un changement de chanteuse (Ruby Roque remplace Jonna Enckell), ce dernier a tendance à faire grincer des dents, trop en force, trop linéaire, ne procurant que trop peu d'émotions pour une place aussi importante. Une voix plus ambigüe, plus sensuelle, plus charismatique aurait sans doute fait de "Bleeding The New Apocalypse" une petite merveille. Dommage.
Enfin signé par un label digne de ce nom, The Project Hate peut répandre sa mauvaise parole à travers le monde et ce nouvel album a de quoi détourner certaines âmes du droit chemin. Impitoyable, pragmatique, aseptisé, "Bleeding The New Apocalypse" ne manque finalement que d'un petit coup de pouce à la finition pour être irréprochable, mais le potentiel y est. Season Of Mist ne s'est pas trompé en accueillant les suédois dans leur écurie : les formations à suivre leur propre route sont rares de nos jours et la leur est délicieusement pavée des mauvaises intentions.
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