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Harley Flanagan - Cro-Mags
Chronique
Harley Flanagan Cro-Mags
Harley Flanagan est sans contestation possible l’une des figures les plus emblématiques de la scène Hardcore new-yorkaise. Arpentant depuis son plus jeune âge les rues sordides du Lower East Side, il va avec The Stimulators entamer à l’orée des années 80 la mutation d’une scène Punk arrivée alors à bout de souffle. En dépit d’un enthousiasme grandissant, Harley Flanagan se décide pourtant à quitter The Stimulators afin de mener à bien un autre projet qui lui tient à cœur. Il fait alors la rencontre de Parris Mayhew, jeune étudiant à la High School Of Art & Design, avec qui il va former Cro-Mags, célèbre groupe new-yorkais qui bouleversera très largement la scène Hardcore de l’époque avec la sortie en 1986 de The Age Of Quarrel. Le reste appartient désormais à l’histoire...
Depuis la sortie de cet album il y a maintenant trente ans, la carrière de Harley Flanagan a été faite de hauts et de bas que ce soit au sein de Cro-Mags ou de ses autres projets initiés suite à leur séparation au milieu des années 90 (White Devil, Harley’s War...). Car si le bonhomme qui depuis son plus jeune âge fréquente des artistes tels qu’Andy Warhol, Joe Strummer ou Lemmy Kilmister, jouie d’un statut quelque peu particulier auprès de tous les amateurs de Hardcore, la suite de ses aventures n’a jamais été que l’ombre de ce glorieux passé. C’est finalement davantage par ses frasques qu’Harley Flanagan fera parler de lui ces dernières années comme en 2012 où il finira avec quarante points de suture après avoir été poignardé à la cuisse lors d’une altercation au Webster Hall avec ses anciens camarades de Cro-Mags. Il faudra finalement attendre janvier 2016 pour voir Harley Flanagan revenir à la charge avec un album particulièrement solide à l’artwork particulièrement ironique.
Sortie sur le label 171-A Records en hommage au célèbre club/squat/studio de répet’ situé au 171 Avenue A qui a vu vivre, jouer et enregistrer une tripotée de groupes plus célèbres les uns que les autres (Bad Brains, Circle Jerks, The Beastie Boys, Black Flag...), ce premier album sorti sous le nom de Harley Flanagan est probablement l’un des meilleurs disques de Hardcore paru cette année. Entouré de quelques-uns de ses amis venus lui prêter main forte (Pablo Silva, Al B Romano, Pete Thompson, Sean Kilkenny, Ryan Krieger...), le multi-instrumentiste autodidacte devenu depuis instructeur de jujitsu s’est décidé à durcir encore un peu plus le ton pour un disque aussi court et incisif que cru et violent.
Effectivement, Harley Flanagan n’est pas là pour rigoler ni même pour se la jouer PMA et compagnie. Non, le discours est volontairement sombre, acide et rancunier ne laissant ainsi aucun doute possible sur les intentions de cette légende du NYHC. Il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’œil à l’intitulé de certains de ces douze brulots pour comprendre là où l’on met les pieds : "Betrayal", "Mess With The Bull", "I'll Fuck You Up", "Fighting The Urge To Kill"... Le ton est donné.
L’album s’ouvre sur un riff de basse incroyable. Le son y est tellement abrasif qu’on dirait Lemmy Kilmister ressuscité d’entre les morts. Pendant un peu plus de vingt-quatre minutes, Harley Flanagan et ses acolytes vont alors proposer un Hardcore old school d’une violence inouïe. La rage au ventre, le new-yorkais balance la sauce comme si sa propre vie en dépendait. Une intensité et une urgence incroyable qui donne à ce disque une énergie folle. Même les quelques titres instrumentaux qui ponctuent cet album (enfin surtout "Webster Hall" et "Mess With Bull" parce que ce n’est pas vrai pour "Ascending") conservent suffisamment de groove et de hargne pour ne pas entacher la dynamique générale d’un album qui pue le bitume et la rancœur. Expédiés en moyenne en tout juste deux minutes, chaque titre se contente d’aller à l’essentiel. Des attaques éclair simples mais d’une précision sans faille construites sur la base de riffs Punk à trois notes ultra rapides et de tchouka-tchouka ponctués ici et là de quelques solos à l’esprit ultra Rock’n’Roll ("I Come In Peace" à 1:27, "Can’t Give In" à 1:10, "Guilty Until Proven Innocent" à 1:29, "To All My Friends" à 1:22, "Don’t Tell Me" à 0:44...). Là-dessus vient se poser la voix agressive et vindicative d’un Harley Flanagan menaçant qui, loin de l’attitude que l’on peut attendre d’un instructeur de sport de combat, semble en vouloir à la terre entière, prêt à en découdre à coup de poings et de couteau à la moindre occasion. On appréciera ainsi les quelques changements de tonalités qui apportent un semblant de variations à l’ensemble à l’image de ce chant plus mélodique et moins aboyé sur l’excellent "Can’t Give In".
Que dire de plus au sujet d’un album de vingt-quatre minutes joué avec les tripes dans le respect d’une tradition édictée par l’un des premiers groupes de NYHC dans lequel a joué Harley Flanagan ? Et bien pas grande chose si ce n’est que l’on retrouve un musicien particulièrement véhément et inspiré. Certes, Cro-Mags (énième recyclage du nom pour l’un de ses albums) ne brille ni par sa finesse, ni par son originalité mais il revient cependant en grande pompe sur un New-York Hardcore abrasif et sans aucun compromis. Une vision noire et pessimiste pour une musique issue de la rue, celle jonchée de putes, de crackheads et de loubards la chaine à la main. Warriors, Come Out To Playyyy !
| AxGxB 27 Décembre 2016 - 1862 lectures |
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