Ceux qui l’ont écouté s’en souviennent encore mais il y a trois ans avec la sortie de leur premier album, les Parisiens de Worst Doubt nous avaient laissé la devanture passablement esquintée, avec notamment le nez en vrac, quelques ratiches déchaussées et le souvenir douloureux et pourtant mémorable d’un Hardcore particulièrement dur et physique. Occupés depuis tout ce temps dans d’autres projets à commencer par Headbussa et Cold Decay, les cinq garçons auront pris évidemment un petit peu de temps pour nous revenir (une habitude chez eux) mais voilà, c’est désormais chose faite.
Un retour effectué par la petite porte puisque c’est avec un EP de quinze minutes seulement que Worst Doubt signe sa reprise en ce début d’année 2024. Un disque intitulé
Immortal Pain paru une fois de plus sur le label allemand Beatdown Hardwear Records en collaboration cette fois-ci avec Daze Records (Pain Of Truth, Haywire, Simulakra, Domain, Ends Of Sanity...) afin de s’assurer d’un minimum de visibilité sur le marché américain. Un semblant de consécration pour les Français qui à ce jour n’ont encore jamais eu l’opportunité d’aller s’imposer sur les planches outre-Atlantique. Une sortie qui s'accompagne également de quelques changements dans le line-up avec l'arrivée d'un nouveau guitariste en la personne de Baptiste Lambert et le départ de Dylan Hyard (Perturbator, Profanation) remplacé pour l'occasion par l'ancien guitariste Émile Bailay.
Produit une fois de plus par Maxime Smadja au Château Vergogne,
Immortal Pain aurait pu se contenter de calquer sa production sur celle de son aîné qui, rappelons-le, ne souffrait d’aucun défaut particulier et participait surtout à l’efficacité de ce premier jet longue-durée. Malheureusement il n’en est rien et c’est peut-être un petit peu dommage. En effet, si on peut saluer l’idée de ne pas vouloir se contenter de quelque chose que l’on a déjà fait par le passé, certains choix paraissent quelque peu discutables. À titre personnel, j’apprécie beaucoup ce son de batterie hérité de la scène new-yorkaise (qu’il s’agisse de Hardcore ou de Death Metal) de la fin des années 90 et du début des années 2000 (Bulldoze, One Second Thought, Irate, Dehumanized, Internal Bleeding, Pyrexia...) avec notamment une caisse-claire particulièrement sonore mais d’autres petites choses me chiffonnent comme ces guitares étouffées qui manquent un petit peu de précision ou ce chant certainement plus forcé qu’auparavant et surtout beaucoup trop en avant dans le mix (flagrant sur "City Of Blights" avec tous ces featurings qui s’enchainent et prennent le pas sur le reste).
D’ailleurs ce n’est pas le seul grief que j’ai à l’encontre d’
Immortal Pain qui souffre évidemment de la comparaison avec l’excellent
Extinction. En effet, même si Worst Doubt n’a jamais brillé par la finesse de son propos, je trouve globalement que la qualité des riffs est ici légèrement en deçà de ce à quoi la formation nous avait jusque-là habitués. Si on va bel et bien retrouver ces plans toujours aussi "chuggy" ainsi que ce groove particulièrement bas du front généralement propre à ce genre de Hardcore métallique, ce nouvel EP n’a ni tout à fait la même saveur ni tout à fait le même caractère mémorable de son aîné...
Pourtant, même si je râle et semble quelque peu cracher dans la soupe, il faut tout de même reconnaître qu’
Immortal Pain ne manque pas de faire son petit effet. Eh oui, même si dans l’ensemble les cinq titres qui composent cette sortie toute fraîche n’ont pas tout à fait la même portée ni le même impact que ceux présents sur le premier album des Français, la formule elle n’a pas changé d’un iota. Entre quelques accélérations dispensées avec parcimonie ("Machine Way" à 0:50, "City Of Blight" à 0:48), de nombreux passages bien plus loubards (les premiers instants ultra groovy de "Ruination", "Consume", "Machine Way", "Immortal Pain" et "City Of Blight") et moment d’unité ("City Of Blight" et ses featurings de toute la scène Hardcore parisienne du moment), Worst Doubt s’affaire une fois de plus à mettre la capitale hexagonale au centre de l’échiquier Hardcore européen. Certes, l’ensemble n’est effectivement pas exempt de défauts mais nier l’efficacité brute et primitive de cette musique de babouins en Air Max (90, 95 et 97 uniquement) serait tout de même sacrément malvenu à l’écoute de ces cinq nouvelles compositions mal dégrossies mais malgré tout très efficaces.
Alors non,
Immortal Pain n’est pas tout à fait du même niveau que l’impitoyable
Extinction et cela essentiellement à cause d’une production à mon avis plus discutable (guitares un poil trop denses et compactes, mix déséquilibré avec notamment un chant un peu trop en avant) et d’un riffing bien plus porté sur la notion de rythme et de cadence que sur l’effet de mémorabilité. C’est évidemment un petit peu dommage même si on ne leur en tiendra pas trop rigueur. Déjà parce que tout le monde a le droit à l’erreur. Ensuite parce qu’il ne s’agit que d’un EP et qu’il vaut mieux pour Worst Doubt "fauter" sur ce genre de format court plutôt que sur un album. Enfin parce qu’une fois ces griefs mis de côté, on tient quand même entre les mains un disque brutal qui à défaut de révéler l’étendu des talents des Parisiens sait faire montre d’une certaine efficacité pour qui aime son Hardcore dénué de finesse et de subtilité.
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