En voilà un album qu'il sent bon le caniveau, la zone industrielle pérave et le bitume dans tous ses états. Entre l'artwork abusif, le titre qui vit avec son époque et le logo façon graffiti post-apocalyptique, y a point de doute (hohoho, vous l'avez ?) : on n'est pas venu ici pour repartir avec toutes ses dents.
Worst Doubt, c'est pour ma part un énorme coup de cœur dès leurs deux démos de 2015 et 2017. Un hardcore stéroïdé au metal, ultra-violent, hargneux comme un teckel (à poil dur), bourré de riffs et qui n'oublie jamais de groover : je fonds sur place. Et puis, plus de nouvelles, à part quelques shows survitaminés sur l'YouTube et des teasings réguliers annonçant un album. Ce fut long. Ce fut très long, surtout que des groupes qui manient si bien cet art du hardcore de cave, nourris au Kickback époque
Cornered –
Forever War, à la scène new-yorkaise des Cro-Mags et autres Merauder ou encore à l'Arkangel des débuts, ça court pas des masses les rues. Et pourtant j'ai cherché dans les pires, de rues (les pires de Saint-Dié-Des Vosges et de Gérardmer, certes, mais les pires quand même).
Et paf, le voilà : le premier album de Worst Doubt. Droit sorti des égouts de Paris, compact et poisseux à souhait. D'ailleurs, est-ce qu'on peut vraiment parler d'album, avec moins de vingt-cinq minutes dont un interlude de trois ? Ben, on sait pas, et surtout on s'en fout. L'important, c'est qu'il reprend les qualités des démos, en plus mieux, avec une solidité de parpaing et une régularité dans la distribution de bourre-pif à en faire pâlir le Lino Ventura le plus irrité.
Après une intro qui annonce la couleur (une minute et tu es déjà en train de t'éclater le talon en cognant du pied sur le sol pour accompagner les toms), on se retrouve face à ce qui n'est plus ou moins qu'une longue série de mandales. Les breaks se suivent mais ne se ressemblent pas : entre le beatdown lourdingue ('Dehumanized' à 01:30, les fins de 'Despise Death' et 'Filth In The Wound'), le break groovy pour balancer les bras comme un demeuré ('Imposter's Reign' à 01:45, 'Crushed' à 01:35, 'The Tormentor' à 0:55) ou encore le palm mute qui serre les dents en roulant des yeux de 'Extinction' à 01:05 (tu feras gaffe, tu baves sur le sol), on a juste l'impression de passer sous un rouleau-compresseur, du genre
tandem diesel 2,5 tonnes (oui, cette vanne m'a pris cinq bonnes minutes de recherches)(non, cette phrase n'était pas trop longue). Mais on aime ça, parce qu'on est un peu maso, et parce qu'on a des problèmes personnels et affectifs liés à un sentiment d'impuissance dès le plus jeune âge qui mènent à des symptômes fonctionnels et un trop-plein d'énergie à évacuer. Pardon, je m'égare.
Mais
Extinction ne sombre pas dans un vain enchaînement de moshparts pour autant. Avec une pincée de riffing trash/crossover ('Imposter's Reign' et 'Despise Death'), une poignée de leads qui ajoutent à l'ambiance menaçante ('Imposter's Reign' et 'Crushed') et un ou deux solos thrashy bien sentis ('Despise Death'), l'attention ne baisse pas et l'album bénéficie d'une vraie dynamique. C'est d'ailleurs bien ce qui le fait sortir de la masse. Avec par là-dessus une voix aboyée et hargneuse, une batterie écrasante mais groovy (doubles croches sur le charley à gogo, ride qui se fait rider comme jaja) et une production poisseuse mais parfaitement lisible, on a un des albums de l'année, facile, alors qu'on n'est qu'en mars. Mais si, je suis parfaitement objectif.
Maintenant, par pitié, faites qu'on puisse bientôt aller faire le babouin lobotomisé là-dessus en concert.
Amour, crowdkill, zbeul partout. <3
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