Suburban Scum - Ultimate Annihilation
Chronique
Suburban Scum Ultimate Annihilation
Alors que Suburban Scum a annoncé il y a tout juste quelques jours que sa situation en tant que groupe était aujourd’hui des plus incertaines, je me dis qu’il serait peut-être temps de vous parler enfin de ce groupe américain et de leur premier album sorti l’année dernière sur Flatspot Records (Backtrack, Mizery, Manipulate, Trapped Under Ice...).
Formé en 2010 et originaire du New-Jersey, Suburban Scum s’est rapidement imposé comme une valeur sûre de la scène Hardcore. Avec un EP et un split aux côtés d’Incendiary sortis tous les deux l’année de son introduction dans le milieu, le groupe n’a en effet pas tardé à faire parler de lui. Des débuts prometteurs rapidement confirmés par plusieurs autres sorties de qualité ainsi que des prestations scéniques particulièrement musclées. Malheureusement, beaucoup garderont également à l’esprit cette triste affaire entre le batteur de Crosscheck et les chanteurs de Heavy Chains et Suburban Scum. Une sombre histoire d’égo mal placé qui se terminera pour le premier des protagonistes cités par un séjour forcé (et particulièrement douloureux) à l’hôpital. "Unity" qu’ils disaient !
Mais si Ryan "Karebear" Taylor ne figurera probablement jamais sur la liste des futurs prix Nobels, il faut bien avouer que lui et son groupe savent y faire en matière de Hardcore. Loin de révolutionner quoi que ce soit, le groupe s’appuie sur une formule depuis longtemps éprouvée qui consiste tout simplement à associer l’énergie, l’urgence et les breaks du Hardcore à un riffing sombre et agressif (avec en prime quelques petits leads/solos ici et là) ainsi qu’un jeu de batterie largement inspiré par la scène Metal (l’utilisation des cymbales et es cloches en particulier, les attaques de toms). Une recette très souvent synonyme d’efficacité que Suburban Scum va s’appliquer à délivrer tout au long de cette petite demi-heure particulièrement sportive. Produit par Will Putney (Body Count, Vision Of Disorder, The Acacia Strain...), Ultimate Annihilation bénéficie qui plus est d’une production des plus puissantes qui sied à merveille au riffing Thrash de la formation. Un riffing qui d’ailleurs racaille sévère notamment sur les nombreuses séquences mid-tempo faites pour marteler le sol de vos poings vengeurs, envoyer des high kick bien sentis et frapper le plus gratuitement du monde ses plus proches voisins (les premières secondes de "Ultimate Annhiliation", le break de "Force Through Fire" à 1:52, l’introduction de "Pain Is Promised", "Ready For War", l’instrumental "The Calm Before The Storm" et ainsi de suite tout au long de l’album...). La guerre, en quelque sorte.
Alors non, on ne peut pas dire que la musique de Suburban Scum respire la grosse intelligence mais merde, qu’est-ce que ça fait du bien de pouvoir se défouler sur ce genre de breaks musclés, de chercher la castagne en toute amitié à votre femme, vos potes, vos gosses ou votre coloc, de vouloir s’emparer d’un micro qui n’existe que dans votre tête pour participer vous aussi à ces chœurs bien viriles (dont certains sont même parfois growlés), d’arpenter votre salon ou votre chambre de long en large en bousculant tous les bibelots en mode "Koikeskya / Are you talking to me ?" à l’écoute de ces riffs nerveux et abrasifs. On dit bien souvent que la musique adoucit les mœurs, et bien je ne suis pas sûr que cela soit le cas avec ce premier album de Suburban Scum aussi bête et méchant qu’efficace et addictif et qui, vous l’aurez compris, donne simplement envie de tout casser. Enfin, notons également que ce Ultimate Annihilation voit se succéder quelques invités de marques puisque Justice Tripp (Trapped Under Ice, Angel Du$t), Gregory Falchetto (The Mongoloids) et Brendan Garrone (Incendiary) viendront tour à tour pousser la chansonnette sur "Love And Hate", "Pain Is Promised" et "Watch It Burn" et ainsi accompagner un Ryan "Karebear" Taylor dont le timbre de voix n’est pas sans rappeler celui de Tom Sheehan des New-Yorkais d’Indecision.
Même si ces raclures du New-Jersey décidaient effectivement de mettre fin à leurs activités dans les prochaines semaines/mois, on pourra toujours se consoler en allant écouter ce premier album à l’efficacité redoutable. Il n’y a rien de neuf dans ce Ultimate Annihilation, aucune prise de risque, aucune originalité particulière ni once de personnalité mais là n’est pas le propos. La force de Suburban Scum c’est la qualité de ses riffs Metal survet/basket et son application à faire mosher n’importe quel handicapé de la tête. Si vous êtes clients de ce genre de Hardcore bien viril, Ultimate Annihilation ne devrait pas vous décevoir. Il y a en tout cas largement matière à rendre concret vos bonnes résolutions sportives du début d’année.
| AxGxB 25 Janvier 2017 - 1354 lectures |
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