Je ne le crie pas forcément sur tous les toits parce que le patron pourrait un jour l’entendre et se fâcher mais le nom de Thrashocore est probablement l’une des plus grosses escroqueries du webzinat français. Avec plus de 9000 chroniques publiées à ce jour, je ne vous apprends probablement pas grand chose en vous disant que le Thrash et le Hardcore ne représentent finalement à eux deux qu’un sixième seulement de ces publications. Autant dire que si vous êtes un amateur inconditionnel de ces deux genres, il y a fort à parier que vous soyez déjà allés voir ailleurs, ne serait-ce que pour vous tenir un peu plus au courant de toutes les nouveautés que ces styles ont à offrir.
Si le Thrash s’en tire encore pas trop mal avec un peu plus de 1000 chroniques, il faut bien avouer que le Hardcore à toujours été à la traîne. Parent pauvre du site depuis déjà belle lurette, on ne peut que constater l’absence de nombreux disques majeurs ayant pourtant à leur manière façonné ce genre pendant toutes ces années. Parmi ces grands absents, on compte notamment les deux premiers albums de Biohazard (trois si l’on compte la chronique de
State Of The World Address qui mériterait malgré tout d’être réécrite - ce qui devrait arriver d'ici peu). Une faute quasi impardonnable qui se devait d’être revue et corrigée...
Groupe culte de la scène Hardcore new-yorkaise, Biohazard voit le jour à Brooklyn en 1987 sous la forme d’un trio mené par Evan Seinfeld, Bobby Hambel et Anthony Meo. Ce n’est que quelques mois plus tard qu’arrivera Billy Graziadei avec qui le groupe enregistrera en 1988 sa toute première démo. Sortie sur fond d’accusations racistes (la faute à des titres tels que "Master Race" ou "America"), celle-ci va permettre à Biohazard d’attirer l’attention des amateurs de Hardcore/Thrash/Crossover en allant notamment marcher sur les plates-bandes d’un certain Carnivore à qui il souhaitait vraisemblablement faire la nique. Après un petit changement de line-up marqué par l’arrivée de Danny Schuler venu remplacer Anthony Meo derrière les fûts, les New-Yorkais enchaineront avec la sortie l’année suivante d’une seconde démo qui leur permettra d’assoir leur réputation et ainsi d’accrocher un deal avec Maze Records, division américaine du label canadien Maze Music (Voivod, Crumbsuckers, Agent Steel, Coroner, Exciter...). C’est ainsi en 1990 que sort
Biohazard, premier album éponyme d’un groupe prêt à prendre la tête d’une scène Hardcore new-yorkaise particulièrement bouillante. Malheureusement pour Biohazard, il lui faudra faire preuve d’un peu de patience avant d’acquérir le statut de "King Of New-York". La faute à un travail de promotion quasi-inexistant qui par la force des choses va quelque peu plomber les ambitions d’un groupe dont la notoriété, bien que grandissante, restera pour le moment confidentielle.
Déjà bien en place, ce premier album de Biohazard, s’il n’est pas le plus connu ni même le plus apprécié des amateurs de la formation, possède encore aujourd’hui bien des atouts. En dépit d’un son de batterie qui fait un peu trop "ploc ploc" à mon goût (flagrant sur l’introduction de "Wrong Side Of The Tracks"), on ne peut pas dire que la production ait particulièrement mal vieillit. Signée des mains de John Burns qui a notamment collaboré avec des groupes tels que Motörhead, Metallica, Anthrax ou The Ramones, celle-ci conserve une réelle dynamique ainsi qu’un équilibre lui ayant permis de traverser les époques sans jamais sourciller. Bien sûr, ce premier album pue la fin des années 80 (cette batterie n’y est d’ailleurs probablement pas étrangère) mais une chose est sûre, la production n’est ici pas un défaut, loin de là.
Ce qui fait par contre de ce disque un album un poil moins marquant que ses deux successeurs, c’est surtout cette sensation d’avoir dans les oreilles des morceaux sensiblement moins aboutis qui bien souvent vont manquer de maturité. Un constat assez évident à l’écoute de titres tels que "Retribution", "Victory" ou "Wrong Side Of The Tracks" même si, comme je l’ai évoqué un peu plus haut, il ne manque pourtant pas grand chose à ce premier album déjà bien en place. Car de ces riffs thrashisant simples mais efficaces ("Retribution", "Victory", "Howard Beach", "Justified Violence", "Skinny Song", "Scarred For Life"...) et autres solos ultra-Metal à cette énergie Punk/Hardcore directe et communicative ("Blue Blood", "Howard Beach", "Wrong Side Of The Tracks", "Survival Of The Fittest", "Scarred For Life"...) en passant par ce groove redoutable (le break de "Retribution" à 2:44, la dernière partie de "Blue Blood", "Howard Beach" à 0:51, "Wrong Side Of The Tracks" à 1:28 et toutes ces séquences mid-tempo fiévreuses), ces atmosphères urbaines et sombres qui puent le crime et la misère sociale, ces arrangements mélodiques (l’introduction acoustique de "Justified Violence", le piano de "Scarred For Life") ces choeurs bien virils ou bien encore les voix d’Evan Seinfeld et Billy Graziadei contribuant en grande partie à l’identité de Biohazard, on va en effet retrouver ici tout ce qui fait et fera plus tard le charme des New-Yorkais. Le souci vient donc surtout d’idées probablement un peu trop simplistes et convenues (pas mal de riffs sympathiques mais pas non plus parmi les plus mémorables qu’aient imaginé le groupe, le flow d’Evan Seinfeld encore un peu tâtonnant) ainsi que de constructions extrêmement classiques voir même un peu pataudes calquées pour l’essentiel sur ce qu’on fait avant eux certains vétérans de la scène (de Cro-Mags à Carnivore en passant par Agnostic Front ou Leeway). Un sentiment qui s’exprime ici d’une manière globale plutôt qu’à travers certaines séquences spécifiques et qui m’empêchent de pointer du doigt ces dits passages.
Quoi qu’il en soit, même si ce
Biohazard n’est effectivement pas au niveau des incontournables
Urban Discipline et
State Of The World Address, il n’en reste pas moins un album de Hardcore particulièrement solide encore aujourd’hui. Car en dépit de quelques défauts inévitables pour son âge (beaucoup de morceaux datent quand même de la fin des années 80), on ne peut lui enlever ni son efficacité ni même son caractère brulant et immédiat. Mené avec énergie, passion et authenticité par un duo complémentaire aux personnalités particulièrement affirmées, Biohazard ne va peut-être pas révolutionner la scène Hardcore internationale avec ce premier album mais une chose est sûre, il est désormais en marche pour prendre sa place parmi les plus dignes représentants du genre. Un statut qu’il acquittera dès l’album suivant...
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