Mizery - Survive The Vibe
Chronique
Mizery Survive The Vibe (EP)
La scène Hardcore new-yorkaise a probablement été dans les années 80 et 90 l’une des plus influentes en la matière. Celle-ci a vu se succéder par vague certains des groupes les plus importants, de Gorilla Biscuits à Judge en passant par Warzone, Bold, Cro-Mags, Agnostic Front ou bien encore Madball, Sick Of It All, Merauder ainsi que quelques autres. Et si le Hardcore n’est pas un genre particulièrement ouvert à la nouveauté et à l’expérimentation, cela n’a pourtant pas empêché certains groupes de sortir significativement du lot en y apportant de nouvelles choses, comme par exemple de grosses influences Metal ou bien le parti pris d’une voix chantée nettement plus mélodique. C’est ainsi que des groupes tels que Leeway, Sheer Terror, Life Of Agony, Burn, Merauder (les démos avec Minus ou Eddie Sutton) ou encore Farenheit 451 ont su apporter ses lettres de noblesse à une scène Hardcore pourtant déjà en pleine expansion (et cela sans compter sur la scène de Troy: Stigmata, Withstand, Section8 et autre One King Down).
Depuis le succès de Twitching Tongues qui, soyons franc, a largement contribué à rendre ce type de Hardcore à nouveau populaire, on commence à assister doucement à une résurgence du genre avec des groupes tels que Turnstile, Cold World (oui, ils étaient déjà là avant) ou encore Dead End Path. Forcément, le phénomène continue aujourd’hui de faire des petits avec l’arrivée de Mizery, jeune groupe californien originaire de San Diego et formé par des anciens membres de Half Time. Ces derniers viennent tout juste de sortir leur premier EP intitulé Survive The Vibe sur Lion’s Share Records.
Produit par Taylor Young (Twitching Tongues, Nails, Ruckus...), Survive The Vibe s’enfile aussi facilement qu’une paire de chaussettes, affichant un tout petit peu plus de quinze minutes pour seulement six titres. L’artwork, kitsch, déjà-vu et pourtant assez réussi est l’œuvre d’Andrei Bouzikov, illustrateur habitué jusque-là à collaborer avec pas mal de groupes de Thrash/Crossover (Dust Bolt, Eliminator, Municipal Waste, Toxic Holocaust...) et de Death Metal (Autopsy, Cannabis Corpse, Chapel Of Disease). Le tout est disponible en vinyle ainsi qu’au format digital mais malheureusement pas en CD...
L’immersion dans le New-York des années 90 passe ainsi par une production abrasive et légèrement étouffée (notamment au niveau du son de guitare). Un parti pris qui permet d’accentuer la nervosité des riffs déjà ultra incisifs sans pour autant compromettre l’aspect mélodique de certaines séquences. Riffs qui sont d’ailleurs l’un des gros points forts de Mizery. C’est bien simple, chaque titre possède son moment clef, son riff racailleux ou son petit lead mélodique, discret mais ultra efficace comme par exemple les vingt premières secondes de "Burn" ponctué par ce solo thrashisant à partir de 0:07, les petites notes mélodiques de "Forced Rebirth", l’introduction de "Casualty Of Love" suivi par ce riff lourdingue et ces nombreux passages plus mélodiques, la deuxième moitié de "Survive The Vibe" après ce break illuminé par un court solo à 1:41, ces espèces de notes filantes sur "Injustice 4 All" ainsi que son solo à 1:42...
Bref, pas le temps de niaiser à l’écoute de ce premier EP qui recèle bien d’autres qualités, notamment un sens du groove absolument imparable grâce à une succession de riffs saccadés et nerveux ("Burn" à 0:21, les premières secondes de "Forced Rebirth", "Casualty Of Love" à 0:20...), de mosh part et autres breaks ultra dansant ("Forced Rebirth" à 1:05, le début de "Survive The Vibe" suivi par ce break à 1:08, la conclusion de "Last Wishes" à partir de 2:08...), d’un son de basse tout en rondeur (à l’image de ce petit solo sur "Survive The Vibe") et d’une voix tout à fait atypique dont le phrasé lorgne souvent vers le rap. Un chant qui réussit à synthétiser le côté agressif et vindicatif du Hardcore en y apportant cependant une part de mélodie indéniable venant ainsi s’ajouter aux riffs évoqués un peu plus haut. Le tout dans une atmosphère résolument urbaine, à la sauce typiquement new-yorkaise.
Si vous en doutiez encore, vous trouverez en Survive The Vibe le compagnon idéal de vos longues séances hivernales en salle de musculation, MMA et autres sports de ce genre. Un EP particulièrement prometteur qui révèle déjà beaucoup de qualités à savoir d’excellents riffs, un groove de tous les instants et une voix atypique qui fait ici toute la différence. Car si Mizery n’a rien inventé, se contentant de reprendre certains codes utilisés bien avant lui, force est de constater qu’il fait les choses proprement en alliant énergie et efficacité. Nous avions eu Turnstile en 2013, nous aurons Mizery en 2014. J’attends désormais la suite avec une grande impatience.
| AxGxB 25 Novembre 2014 - 945 lectures |
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