Mes écoutes du moment étant principalement concentrées autour de la scène Hardcore (de ces sorties les plus récentes telles que Missing Link, Loyal To The Grave, No Way Out, Moldy, The Hope Conspiracy à ces vieilleries indéboulonnables que sont les premiers albums de Madball, Merauder, Vision Of Disorder, Kickback, Crown Of Thornz, Biohazard et j’en passe), vous ne m’en voudrez pas de coller à l’actualité avec aujourd’hui une modeste bafouille au sujet du nouvel album des Américains de One Step Closer.
Devenu depuis quelques années l’une des coqueluches de la scène Hardcore à tendance émotive et mélodique, le groupe originaire de Wilkes-Barre, Pennsylvanie, était évidemment attendu de pied ferme par une bonne partie du public. Non pas qu’il ait encore des choses à prouver après huit ans de carrière et une discographie pas loin d’être irréprochable mais plutôt qu’en dépit d’un amuse-bouche des plus sympathiques (l’excellent EP
Songs For The Willow paru courant 2023) le temps commençait à se faire long depuis la sortie du très bon
This Place You Know (septembre 2021). Les voilà donc aujourd’hui de retour avec
All You Embrace, un deuxième album paru une fois de plus sur le label Run For Cover et avec lequel One Step Closer entend bien affirmer son statut et ainsi conserver sa couronne de meilleur groupe de Hardcore mélodique du moment.
Affiché à trente-deux minutes et des bananes,
All You Embrace se compose de onze nouveaux morceaux. Des titres enregistrés une fois de plus par Jon Markson (Drug Church, Soul Blind, Regulate, Koyo, Life’s Question...) mais mixés et masterisés cette fois-ci par Sam Guaiana (Bayside, The Early November, Silverstein...) et Mike Kalajian (The Hope Conspiracy, Koyo, The Bronx, Morning Again, Drain...). Les trois hommes offrent aux garçons de One Step Closer une production absolument impeccable qui, si elle manque certainement un petit peu de caractère, s’avère cependant parfaitement capable de faire le pont entre l’agressivité et l’urgence qui caractérise en partie la musique des Américains et son pendant plus mélodique et émotionnel. Bref, un jeu d’équilibre qui forcément à ses limites mais qui convient bien au Hardcore de One Step Closer.
De fait, en dépit de ces fiches promotionnelles toujours aussi prompt à mettre l’accent sur cette liberté d’écriture et cette maturité fraîchement acquises, on ne peut pas vraiment dire qu’
All You Embrace soit foncièrement différent de son prédécesseur même si désormais les mélodies ont quelque peu pris le pas sur l’agressivité qui jusque-là prévalait. La base de ce nouvel album est ainsi toujours la même avec les relents d’un Hardcore hautement chargé en émotions (l’influence de groupes comme Have Heart, Miles Away, Bane, Defeater semble ainsi toujours aussi évidente) auquel les Américains ont choisi (mais ce n’est pas nouveau) d’intégrer des sonorités piochées à droite à gauche, que ce soit dans le Post-Hardcore (un peu), le Punk Rock (beaucoup) et l’Indie / Emo Rock (à la folie). Les allergiques aux refrains mélodiques sur fond de chant clair peuvent donc continuer à passer leur chemin puisque c’est bel et bien (et donc encore plus aujourd’hui) l’un des éléments clef de One Step Closer.
Une sensibilité à fleur de peau qui trouve ses origines dans ce passage à l’âge à l’adulte (transition qui n’a évidemment rien à voir avec le simple fait d’avoir 18 ou 21 ans mais plutôt avec le moment où l’on commence à mesurer les difficultés qui nous entourent et ce qu’il en coute de réussir à les surmonter, ce moment où l’insouciance laisse petit à petit sa place à des choses beaucoup moins drôles et légères...) ainsi que dans cette existence loin de ces grandes agglomérations bouillonnantes où tout se passe et où tout semble se créer... Ces émotions, si elles passent évidemment par la musique avec tout un tas de séquences renvoyant comme on l’a vu aux scènes Indie / Emo Rock ("Color You", "The Gate", "Orange Leaf", "Esruc", "Giant’s Despair", "So Far From Me"...) et d’arrangements bien fichus (ce piano sur la conclusion de "Blur My Memory", cette trompette sur "Giant’s Despair"), sont néanmoins essentiellement transmises par les lignes de chant d’un Ryan Savitski écorché vif. Ainsi, outre ces passages hurlés qui ne manquent ni de passion ni d’intensité, on retiendra également de chouettes refrains (sans parler de ces passages tout simplement chantés) qui bien vite vont s’imprimer dans un coin de notre tête. De "Color You" à "Leap Years" en passant pare "Blur My Memory", "Topanga" et "So Far From Me", on se laisse en effet rapidement prendre au jeu, scandant les paroles avec autant de sincérité et de conviction que monsieur Savitski.
Pourtant, si
All You Embrace est un album effectivement plus mélodique, il n’en conserve pas moins une énergie qui l’empêche de sombrer dans la mièvrerie. Alors évidemment, il vous faudra avoir quelques prédisposions en matière de Punk Rock et d’Indie / Emo Rock pour espérer apprécier le Hardcore mélodique de One Step Closer et probablement encore davantage en ce qui concerne ce deuxième album mais c’est bien ce qui fait le charme des Américains et ce grâce à quoi les quatre garçons réussissent à tirer leur épingle du jeu au sein d’une scène aujourd’hui plus inclusive que jamais mais toujours essentiellement portée sur l’agression sonore. Bref, ces élans mélodiques et toutes ces émotions, loin de porter atteinte à la virilité et autres conneries de "dur à cuir" masculinistes de ce genre, donnent à One Step Closer une profondeur et une sincérité particulièrement touchantes. Alors certes, ce n’est peut-être pas l’inclinaison que la plupart des gens espéraient mais ce deuxième album n’en reste pas moins une belle réussite dans son genre. Un disque poignant qui jamais ne manque d’efficacité.
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