Il n’aura pas fallu plus d’un an (et peut-être quelques mois) à Earth Crisis pour donner une suite à
All Out War, premier EP passionné et sincère souffrant toutefois de petites approximations de jeunesse. Un laps de temps relativement court d’autant que le groupe originaire de Syracuse aura dû faire face entre temps au départ de son batteur Michael Riccardi remplacé dans la foulée par un certain Dennis Merrick. Intitulée
Firestorm, cette suite directe s’avère tout aussi modeste puisque selon le format choisi, ce sont trois (vinyle) ou quatre (CD) nouveaux morceaux qui seront proposés à l’époque aux auditeurs (même si sur la version CD, comme pour mieux continuer à nous embrouiller, les titres "Firestorm" et "Forged In Flames" sont, on ne sait pourquoi, réunis sur la même première piste...).
Enregistrées sous la houlette de Bill Korecky au fameux Mars Recording Compound (célèbres studios situés dans la banlieue de Cleveland ayant vu passer entre les années 90 et 2000 tout un tas de formations Hardcore telles qu’Integrity, Ringworm, One Life Crew, Terror, Ascension, Catharsis...), ces quatre nouvelles compositions se distinguent d’emblée par une production un poil plus engageante que celle de son prédécesseur. Une production qui, bien qu’ayant pris elle aussi un petit coup de vieux, s’avère tout de même plus à même de servir comme il se doit le propos des Américains (même si le chant sur "Eden's Demise" semble plus loin dans le mix que sur les trois autres compositions).
Sorti sur Victory Records à la fin de l’année 1993,
Firestorm va marquer pour Earth Crisis le début d’un certain succès qui depuis ne s’est jamais démenti. En effet, entre ce discours engagé, ses prises de positions particulièrement tranchées au sein d’une scène Hardcore où l’alcool et les drogues, en plus de constituer une certaine norme, ont également fait de sérieux ravages et son mélange efficace de Metal / Hardcore, il est aisé de comprendre pourquoi une partie de la jeunesse s’est sentie concernée par ce mélange des genres mais aussi par de telles thématiques (libération animale, pleine conscience de soi, refus des drogues et de l’alcool, écologie...). Certes, Earth Crisis n’a jamais été le premier à aborder ces sujets mais il est assurément l’un de ceux ayant permis d’éveiller massivement les consciences au sein d’une scène Hardcore en quête de convictions à défendre.
Composés et enregistrés peu de temps après
All Out War, les quelques titres de ce second EP ne sont évidemment pas bien différents de ceux présents sur son prédécesseur. On note cependant quelques évolutions intéressantes à commencer par le chant de Karl Buechner qui entre temps a finalement compris qu’il ne serait jamais un MC digne de ce nom et qu’il était préférable de laisser tomber ce phrasé rigide qui, bien qu’utilisé de façon sporadique, semblait déjà à l’époque pour le moins bancal et forcé... Outre cette production évoquée un petit peu plus haut, on constate également que ces quatre nouvelles compositions possèdent une fibre métallique plus prononcée qu’auparavant. Les quelques relents Punk / Hardcore façon "ancienne école" que l’on trouvait sur
All Out War ont ainsi laissé leur place à des mid-tempo plus lourds qui préfigurent de ce que sera Earth Crisis par la suite et plus globalement de l’évolution d’une scène Hardcore qui de plus en plus semble vouloir s’acoquiner avec le Thrash. Un constat que l’on peut également faire à l’adresse des riffs plus épais, techniques et mémorables même si dans le lot persistent encore quelques moments plus anecdotiques.
Malgré ses évolutions qui vont évidement aider à définir l’identité des Américains, on ne peut pas dire que
Firestorm soit pourtant exempt de défauts. Cette approche 100% mid-tempo conduit à une certaine absence de rythme et de dynamique qui empêche encore les moments forts de véritablement se dessiner et se distinguer. Certes, on sent bien que le groupe est effectivement plus à l’aise dans ses souliers que ce soit à travers le chant véhément et critique de Karl, la profondeur et la pertinence nouvelle des riffs de Benjamin Read et Scott Crouse et globalement dans l’écriture plus assurée de leurs compositions mais il semble évident (en tout cas a posteriori) qu’il manque encore un petit truc pour faire véritablement la différence et donner à Earth Crisis l’envergure qu’on lui connait et qu’il atteindra quelques années plus tard, tout d’abord avec la sortie de
Destroy The Machines et puis avec celle du beaucoup plus alambiqué
Gomorrah’s Season Ends.
Si
Firestorm manque encore de rythme et d’épaisseur ainsi qu’un peu de nuances et qu’on lui préfèrera évidement les deux albums qui suivront, il atteste néanmoins d’un groupe dont les signes de progression vont en effet dans le bon sens. Bien entendu, il est aisé rétrospectivement de pointer du doigt les petites choses qui manquent mais cela n’empêche pas pour autant de saisir également pourquoi en 1993
Firestorm (au même titre que
Ritual de Unbroken) a constitué en quelque sorte une petite révolution pour une partie de la scène Hardcore de plus en plus ouverte à l’arrivée de sonorités moins Punk et définitivement plus sombres, pesantes et torturées. Un tournant qui marquera l’histoire du Hardcore et qu’il convient de respecter et d’honorer comme n’importe quel autre groupe majeur ayant contribué à son essor.
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